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Dans son livre , « A travers Bois », Claude Héttier de Boislambert parle avec émotion du départ vers les terres éternelles du « Grand Seigneur » de la forêt, le vieux cerf. J'avais placé l'année 2015, en passe de se terminer, sous l'espoir de voir venir une "rédemption" dans le monde de la chasse, le renouvellement des baux de chasse s'y prêtant, avec notamment la volonté des autorités, des forestiers et des agriculteurs de prendre définitivement la main.

A l'aube de la nouvelle année, force est de constater que les gestionnaires de territoires de chasse n'ont pas su faire front, se satisfaisant dans les meilleurs des cas d'une diminution du prix à l'hectare. A croire qu'ils sont de piètres négociateurs en affaires ou aveugles, alors que le Cahier des Charges et les clauses spéciales sont on ne peut plus explicites : on ne veut plus du chasseur "protecteur et gestionnaire", on veut des tireurs, des auxiliaires qui se soumettent aux "diktats" d'en haut.

2016, avec la conclusion des nouveaux baux de chasse pour les domaniales, va sceller le tournant amorcé en 2015, avec les communales et qui va vers le choix "autocrate" d'une nature sans gibier ou très peu, en tout cas insuffisamment pour permettre à tous de chasser, au regard de l'investissement financier que représente une location d'un ou plusieurs territoires, même à prix réduit. Très vite, trouver des "partenaires" ou associés va devenir le cauchemar de celui qui a pris sur son nom ou celui d'une personne morale un territoire. Lorsque le FIDS 67 enverra fin janvier la facture aux adjudicataires en zones rouges ou oranges, les premières insomnies vont voir le jour. Ce ne sera qu'un début, car la suite sera pour ceux qui ont (aussi) du chevreuil ou du cervidé et à qui les "autorités" ne manqueront pas de rappeler leurs devoirs après contrôle des placettes témoins, soit des indices de surabondance de gibier croqueur (alors qu'un chevreuil ou cerf suffit pour vous mettre dans le rouge)...

Si le petit gibier est sorti depuis longtemps de la corne d'abondance, la cause en revient à la disparition profonde des biotopes, liée à l'industrialisation de l'agriculture et sa cohorte de pesticides, insecticides, de développement de la monoculture et de la mécanisation. Certes, le chasseur y est aussi en certains endroits pour quelque chose, n'ayant pas su à temps changer sa "culture" ou ses approches de gestion (perte des souches naturelles au profit des lâchers de cocottes, manque d'efforts d'aménagements et de gestion, etc...), mais sans commune mesure avec la disparition future du grand gibier, car chacun gardait tout de même sa liberté de gestion d'un territoire. Aucune autorité n'est venue imposer aux chasseurs entre 1960 et 1980, la période du déclin, d'éliminer plumes et poils pour cause de surabondance. "Le désert" s'est fait par la prédation, l'absence de reproduction possible, la disparition des insectes, des haies-buissons et arbres.

Il n'en est de même pour la forêt où dorénavant le chasseur a l'ordre de tuer. Il doit être conscient qu'il n'a plus pour le grand gibier un permis de chasser, mais un permis de tuer. Appelez moi, James, James Boom". C'est ainsi qu'on va se présenter aux uns et aux autres aux rond du matin avant de recevoir les consignes de battue : "aujourd'hui, nous allons tirer, sans distinction, tout ce qui se présente". Fini le stress de l'identification, de l'évaluation de poids, une seule règle : boom ou batch pour les Alsaciens.

Dans son Dictionnaire amoureux de la chasse, feu Dominique Venner définit froidement, mais justement le type de ressenti qu'il faut avoir pour être "James Boom" , « pour tuer, il faut que l'envie vous en monte du ventre à la tête. On tue quand on le veut intensément, exactement comme avec une femme. On l'a si on la veut intensément. Enfin on essaye de l'avoir ».

N'en déplaise à certains et aux femmes pour l'audace de la comparaison, il faut effectivement lâcher le côté bestial plus ou moins fortement ou faiblement caché en soi pour être ou devenir un "James Boom". On est loin de la finalité que donne François Sommer au coup de fusil, "la récompense de l'homme qui s'intéresse à la nature".

Au final, deux visions, deux types de chasseurs diamétralement opposés et peu importe le profil qui est le sien, le gibier n'aura bientôt plus d'amis dans les bois.

Même les souhaits qu'on peut formuler pour les fêtes de fin d'année ne peuvent donner un regain d'optimisme sur le visage que va prendre la chasse dans les mois à venir. A court terme, les adjudicataires écœurés par la tournure des négociations des grés à grés domaniaux vont appuyer sur la détente ce qui ne peut que satisfaire les forestiers et va rendre comme toujours le gibier otage de l'omnipotence de l'homme, à moyen terme ceux en place vont se prendre la tête avec les nouvelles orientations dictées, en absence "d'arrangements" comme cela pouvait se faire par le passé et lâcher les chasses en domaniale en tout cas et à long terme, les larmiers du cerf passeront vers le chasseur.

La place est dorénavant libre pour les "consommateurs de chasse et les bordels cynégétiques privés", soit, comble d'ironie, pour ceux qui ont poussé à la surabondance de grands gibiers en détournant le sens des plans de chasse, c'est-à-dire de la gestion qualitative et quantitative des espèces dans le cadre d'un équilibre sylvo-agro cynégétique. De quoi se faire retourner François Sommer dans la tombe.

Joyeuses fêtes et meilleurs vœux, "the show must go on" et la vie ne s'arrête pas à la chasse.

Bonne année

Bonne année

Tag(s) : #Billet d'humeur, #Faune-Nature-Ecologie et Chasse, #Forêt et gibier ?
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