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Eviter l'inadaptation sociale de son chien familier.  ©

Lorsqu’un chien entre dans notre vie, qu’on le veuille ou non, il va devoir subir notre mode de vie. Notre cadre de référence va dicter nos conduites avec et envers lui. Nous comprendre lui sera alors la chose la plus difficile, puisque la plupart du temps nous agissons et réagissons autrement que ses congénères. Si dans cette phase de mise en relation trop d’incompréhensions troublent le quotidien du chien, les erreurs commises peuvent devenir pathogènes. S’il n’y avait de gens problématiques, il n’y aurait de chiens à problèmes.
Il est certes facile de décrire le chien familier « troublé » à travers des syndromes, comme par exemple « le sociopathe », mais il est plus difficile de traiter la cause de l’inadaptation du chien à la vie sociale, familiale, puisqu’il faut aller la chercher chez l’homme. Tout cela contribue à montrer, combien il peut nous être difficile de prendre le chien tel qu’il est, un loup modelé, et non tel qu’on voudrait qu’il soit, combien il est difficile d’indiquer au chien où est sa place parmi nous.


Garder à l’esprit que le chien se structure par l’investigation de son environnement humain est dans ce sens une des clés de la réussite. En effet, son milieu d’évolution va contribuer fortement à fixer sa manière d’être qui à la base est dictée par son éthogramme, c’est-à-dire ses comportements types en matière d’alimentation, de reproduction, de veille-sommeil et bien sûr sociaux. Malheureusement dans la pratique nous oublions de nous appuyer sur son répertoire pour plutôt lui imposer le nôtre ou d’envahir son quotidien au point de lui faire perdre toute autonomie.
A cause de cette omniprésence de notre part, la période de chiots reste paradoxalement, pour bon nombre de chiens familiers, la seule où ils vivent vraiment une vie de chien.
Lorsqu’à 7-8 semaines, ils quittent leur fratrie, beaucoup quittent définitivement en même
temps leur vie de chien. Les liens affectifs mère/chiot et chiot/chiots vont brutalement être
remplacés exclusivement par ceux entre l’homme et son animal.


Ainsi, s’il est louable et nécessaire de porter de grands efforts sur la sociabilisation d’un chiot en phase d’élevage, le modelage du chien se fait grandement en famille d’accueil avec le risque de voir complètement détruit le travail fait au préalable par l’éleveur de qualité. Ce point garde de son importance, car il est souvent à l'origine de conflits ultérieurs entre le vendeur et l’acheteur, lorsque des troubles de comportements apparaissent. Chacun rejette alors la « tare » sur l’autre. C’est le combat de l’inné contre l’ acquis.
Si un chien parfaitement sociabilisé est en confiance avec l’homme, il le doit au départ à la double empreinte dont il hérite comme chiot, en général dès sa naissance. Devenu une valeur marchande ou représentant une valeur affective forte, le chien familier arrive au monde de plus en plus entouré par l’homme, ce qui lui vaut d’être imprégné dès sa sortie du ventre à la fois de la marque de sa mère et déjà de celle de l’homme.
De nombreuses expériences et observations des sociétés animales ont été menées pour
comprendre les effets des premiers vécus sur le comportement et le rôle de la sociabilité sur l’individu social.
L’image la plus médiatisée est bien celle de Konrad Lorenz suivi comme une « mère » par de jeunes oies.
Mais c’est en 1910, O. Heinroth, le maître de Konrad Lorenz qui avait remarqué en premier que les jeunes oies nées en couveuse refusaient de suivre l’oie qu’il voulait leur faire adopter et restaient collées à lui. Il venait de découvrir que les jeunes oies prenaient comme parent le premier objet mouvant qu’elles avaient rencontré à la naissance . Chez le chiot, cette Prägung en allemand ou Imprinting en anglais, s’opère bien évidemment de façon olfactive et non visuelle, (il naît aveugle).


Son importance est cependant tout aussi capitale, à la fois, pour l’apprentissage social
précoce du chiot et pour la détermination de son attachement social à l’homme.
Ainsi, entre 3 et 12 semaines son lien social à la mère est fort, pour diminuer et laisser
progressivement la place à la dépendance à sa famille d’accueil.
Il est dès lors facile de comprendre l’importance que prennent les premiers âges de la vie
pour nos chiens « loups civilisés » et pourquoi il est important pour un éleveur de se
consacrer pleinement à la phase de socialisation primaire, s'il veut produire du chien
familier.
A contrario, les troubles dus à l’isolement chez les jeunes animaux sociaux entraînent
inévitablement des troubles physiologiques et comportementaux. Un « Kaspar Hauser »,
chiot élevé dans un milieu pauvre en stimuli, et à l’abri de contacts humains sera ainsi
incapable de se structurer par l’investigation de son environnement humain ultérieur.
Ce syndrome de privation, souvent appelé aussi « syndrome du chenil » entraînant une
instabilité émotionnelle, est fréquemment à la base du chien dit « sociopathe », incapable de communiquer avec les siens et son milieu.
Un chiot équilibré, en revanche, connaît au départ une vie en fratrie, auprès de sa mère et au contact de l’homme.
Grâce à cette socialisation à la fois intra-spécique et inter-spécifique, il peut ainsi développer sa double appartenance au monde des chiens et au monde des humains.
Pour autant, il serait erroné de penser que la relation qui va en résulter sera forcément
harmonieuse, ou conforme aux descriptions faites dans les ouvrages de présentation des
chiens par caractéristiques de races. Le Golden Retriever par exemple ou le Labrador ne
figureraient pas ainsi, parmi les premiers chiens les plus mordeurs, eux qui sont décrits
comme le chien familier, gentil par excellence, surtout avec les enfants. D’autres facteurs
entrent donc en ligne de compte, comme la manière d’entrer en relation avec le chien.

A suivre

©

"Ce n'est pas parce qu'un comportement est programmé, qu'il exclut l'influence de l’environnement".
Jacques Cosnier .

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Tag(s) : #Bien vivre avec un chien
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