Le récent Game Fair qui s'est tenu le week-end dernier à Lamotte Beuvron en Sologne m'a mis sur la piste "d'une innovation" lancée en 2018 qui m'a quelque peu chauffé autour d'un sujet non moins brûlant la cohabitation promeneurs-chasseurs. Le 28 octobre 2018, je concluais un article dédié au sujet intitulé cohabitation chasse de battue et promenade. Qui contraindre ? par une interrogation prémonitoire en ces termes : "That is the question, même si on peut anticiper la réponse ! je mettrai bien une pièce dans le nourrain du chasseur, la mule la plus facile à charger !".
Eh bien c'est fait, le monde de la "start-up", du numérique par applications et plateformes interposées est en passe de le faire à travers une balise en forme de cartouche, bonjour le marketing et mis au point par deux diplômés de l'ESSEC. Ah que je "like" à la fois pour une raison totalement personnelle, voire subjective autour du numérique-réponse à tous nos problèmes de vie et une raison inversant le raisonnement des "start-upers".
Depuis que de la plus petite des écoles post bac aux facs ou autres organismes préparatoires à la vie active, les programmes ont introduit l'obligation de présenter un projet professionnel aux étudiants, le must est de sortir une "start-up" par application numérique interposée. Alors pour l'étudiant tout est bon à prendre dès lors qu'on a identifié un état problème de la société. Comme les balles et les obus à la bataille de Gravelotte, les applications tombent désormais de partout et on n'entend plus que parler de start-up dans les médias et dans la bouche des politiques et des plus jeunes. Nous voilà sauvé, "l'appli" - réponse à tout est devenue intrusive dans tous les secteurs, quasiment incontournable, à condition bien sûr d'avoir acheté au préalable le boîtier sans lequel il semble que la vie ne soit plus possible, quitte à être fliqué 24h/24, chassé pour récupérer de la donnée personnelle. Nous sommes dans l'ère des "pouces crochus", du balayage d'écran d'une appli à l'autre, avec de plus en plus de monde branché de la rue au lit.
Pourquoi voulez-vous dès lors que le monde de la chasse échappe à ce qui est donné comme de la modernité ? Pourtant, la logique voudrait que le monde de la nature soit un des derniers bastions "débranché", si ce n'est pour prendre le seul bon côté, pouvoir lancer un message d'alerte en cas de pépin, seul ou en groupe. En dehors de l'urgence pourquoi être connecté alors que l'une des finalités de la chasse est de se couper du monde le temps d'un matin, une soirée ou une journée. Alors, si demain je dois me promener avec une cartouche balise au cou pour que le "promeneur puisse se promener sur un territoire chassé, sans gêner, grâce à la transmission d'informations de la part des chasseurs", je dis..... non à la solution digitale.
Pourquoi serait-ce au chasseur en battue d'acheter le "zinzin" qui a son coût, pour "l'avertir qu'un promeneur se rapproche de lui" et non le promeneur ? Si l'objectif de la "cartouche branchée" est de permettre "au promeneur de se ballader plus sereinement", comme le dit la pub, ne serait-il pas plus logique de tout simplement ne pas traverser un territoire annoncé comme chassé ? Les panneaux sont aujourd'hui obligatoires en battue pour informer le public qu'un territoire est au programme d'une battue ou en cours de chasse. L'hypocrisie est là tout comme l'ouverture à tous les excès provocateurs ou autres bravades. Quand l'Etat veut diminuer le nombre de morts sur les routes il passe la limite de la vitesse de 90 à 80. Il n'informe pas que rouler est à risque, il impose. Le chasseur est tenu lui d'informer sur le danger potentiel de la battue, point barre. Interdire le passage, serait tellement plus simple pour tout le monde, si la sécurité est vraiment l'enjeu. Mais voilà quel politique a envie de couper l'herbe sous les pieds à un électorat agité constamment et à la moindre occasion par les thèmes de la non chasse le week-end ou l'appropriation de la nature par les chasseurs ?
Maintenant, faut-il s'attendre à ce que ce "business" crée par un chasseur et un non chasseur connaisse un développement durable et parvienne à s'imposer ? Les promoteurs font en tout cas le job de la promotion et du lobbying, présence par un stand au Game-fair, plan de kom et publications/présence dans les médias, soutiens signés avec l'ONF, la Fédération Françaises de Randonnées et la Fédération Nationale de la Chasse.
Encore un train en marche, lentement, mais sûrement; en attendant, je vais réfléchir à une appli pour le grand gibier pour lui permettre de distinguer entre l'arrivée d'un chasseur et d'un promeneur. Comme cela la pression humaine sur la faune pourra encore s'amplifier.
"Promenons-nous dans les bois, tant que le loup n'y est pas", merde il y est déjà aussi.
Za m'énerve !