Lors de la création de ce blog, j'avais écrit en conclusion que "des propos émanant d'une instance élue n'étaient pas forcément la vérité".
L'article de ce jour illustre parfaitement cette idée à l'origine de mon blog "lanceur d'alertes".
Aujourd'hui, à travers son "message", le FIDS fait ce qu'il fait depuis sa création : de la rhétorique" sur un sujet récurrent depuis plus de dix ans "l'explosion des dégâts de sangliers".
Il suffit de reprendre les propos tenus en mai 2002 par le Président du Syndicat des Chasseurs en Forêt, organe prédécesseur du FIDS lorsque régnait déjà le "tohu-bohu" : "gérons mieux nos sangliers, régulons-les mieux et nous retrouverons la paix civile qui n'aurait jamais dû disparaître si nous n'avions pas joué aux apprentis sorciers"...
Trois mille six cent cinquante jours après, rien n'a changé. La raison est simple, une bonne partie d'apprentis sorciers membres du Fonds, fait ce que François Jehlé, dans un reportage de M6 avait en son temps parfaitement résumé "la Fédération nous dit ce qu'on doit faire, nous on fait ce qu'on veut", en parlant des consignes sur l'explosion des densités de sangliers à Arc-en-Barrois et en France en général.
Si le boulot avait été fait en tenant compte des densités encore présentes en forêt en début d'année et en fonction des dégâts en cours sur les prés et les blés d'hiver semés sur d'anciennes récoltes de maïs, la future facture serait plutôt en baisse. Mais tout le monde sait que les "invitations" se font avant tout sur novembre et décembre et qu'après les fêtes de fin d'année, le sanglier se "valorise" difficilement, notamment depuis la "disparition " de la manne procurée en son temps par la benne en zone peste porcine...Traditionnellement, le nombre de jours de chasses diminue donc forcément plus on se rapproche de la fin de saison.
Inutile aussi d'être grand devin non plus, pour prédire que la catastrophe allait se produire. Il suffisait de faire un calcul à la louche en fonction des résultats des tirs en battues, environ 12.000 sangliers, pour savoir les densités restantes, si on part du principe que pour un sanglier tiré en battue, il en passe cinq... de quoi avoir le frisson sachant que la reproduction suit.
Hélas, faute de volonté, car "on savait", ou faute de combattants prêts à jouer les rallonges, au lieu d'intensifier la chasse qui devient dès lors par nécessité "destruction" de février à avril, la majorité des chasseurs en forêt a levé le pied, comme à chaque année.
A ce premier fait s'ajoute un deuxième, le mode de chasse et la préférence pour le tir en battue du "gros" au lieu du tir des classes jeunes. Tous ceux qui subissent l'intrusion du sanglier en zones cultivées le constate : sortent en hiver et au printemps les bêtes rousses et de compagnies qui ont perdu au combat la "mama". Les laies encore en vie restent au contraire à proximité de "l'automate" nourricier avec leur progéniture ou sont occupées en forêt avec les marcassins venus au monde. Leur tour viendra avec la montée du blé en lait.
Le troisième constat, est statistique. La majorité des chasses à dégâts récurrents sont des chasses "mixtes" avec des surfaces boisées importantes et des zones exploitées par l'agriculture. Celui qui n'a pas de bois ou de surfaces boisées suffisantes pour agrainer par poste fixe contrôle en permanence son territoire pour intervenir.
Le groupe de chasse à territoire mixte se repose quant à lui, avant tout sur l'agrainage, fait peu de dissuasion et quand il pratique le tir de nuit, il le fait comme par le passé, le matin au retour, laissant ainsi le sanglier se "servir" toute la nuit. Oh certes, dans son reporting au lieutenant de louveterie, il va pouvoir rendre compte de ses sorties et de ses résultats de tir, mais en terme d'efficacité on reste dans quelque chose proche de l'absurde.
La quatrième vérité des faits relève de la pénibilité de l'action dissuasive, sans parler de la peur que certains peuvent avoir de la nuit. Pour être efficace, il convient de bien cartographier les champs exposés aux dégâts dès l'automne. Ce sont toujours les mêmes zones de prés qui sont attaquées. Par contre les champs diffèrent selon les cultures récoltées antérieurement, les dates de préparation des sols et des mises en semis. Ce n'est que par un contrôle permanent de jour et par des sorties de nuit par anticipation que l'on peut espérer stopper l'intrusion. A défaut en quelques nuits, un sanglier peut ruiner tout un champ.
Evidemment, de telles actions demandent du temps, de la disponibilité, une forte résistance à l'épuisement, une organisation, l'acceptation de passer des heures sur une échelle exposée à l'humidité, au vent, au froid, de devoir se "battre" seul avec un sanglier tiré dans la nuit, de l'éviscération à l'accrochage au frigo, en passant par la mise dans le coffre. Quand le lendemain matin, la vie normale doit reprendre, la galère n'est pas loin.
Dès lors, combien de chasseurs font vraiment de la dissuasion avec abnégation dans le souci de l'intérêt général ?
Evidemment pour être efficace, il faut aussi que les chasseurs soient à proximité de leur territoire. Regardons encore une fois les statistiques sur les dégâts récurrents issus de la désinvolture ou de la négligence et regardons ce critère d'éloignement ou non du groupe de chasse. Elles sont le plus souvent édifiantes.
A décharge, l'éloignement restera toujours acceptable si des mesures préventives sont prises en amont, comme le recours par exemple à des répulsifs pratiquement pas utilisés chez nous, alors que l'efficacité est effective comme semblent le montrer des actions expérimentales ou testes en cours.
A défaut, ce type de groupe de chasse a à assumer la responsabilité financière pour défaut de gestion cynégétique en vertu de l'article L.425-5.1 du code de l'environnement.
En aucun cas, il ne peut vouloir se faire plaisir à sortir avant l'aube un week end de mai sur un pont en ayant au préalable laisser courir les sangliers pendant des jours et des nuits.
Enfin, il reste un dernier point de vérité, concernant plus spécifiquement les dégâts de prés. Sous prétexte que la communauté des membres du FIDS 67 paie les dégâts ou autres raisons, rien n'est entrepris par le chasseur lui-même pour "réparer" les vermillis ou boutis des sangliers. Pourtant, un rebouchage systématique lors des contrôles de sorties notamment, permet un suivi efficace des venues. Pas besoin d'outillages, l'huile de coude fera l'affaire à condition de ne pas avoir peur de se salir les mains. En tout cas, le résultat est efficace et peut rapporter gros à la communauté tout en contentant l'agriculteur comme le montre les clichés joints, avant et après.
Un autre point du courrier du Fonds d'Indemnisation m'interpelle également, celui du prix du resemis de maïs donné à 400€ l'hectare. Il s'avère que dans un journal télévisé récent a été présenté un sujet sur le printemps pourri qui a inondé des champs de maïs quelque part en France. L'agriculteur interviewé expliquait ainsi qu'il allait devoir replanter son champ, les grains ne pouvant germer, avec à la clé des frais de resemis de l'ordre de 200 à 300€.
Etonnant cet écart de prix, non ? Les 100 à 200€ de surcoût dans le Bas-Rhin représentent sans doute une prime d'incitation à replanter, ou d'achat du "bon vouloir". Belle plus value en tout cas, de quoi pousser à inciter des sangliers à venir faire des dégâts sur son champ !
Reste, un dernier point et non des moindres dans le "message d'alerte", celui qui au final après le constat accablant des chiffres consiste à se défausser de la responsabilité des dégâts vers "ceux qui ont décidé l'interdiction d'agrainer en linéaire en janvier-février", autrement dit l'Administration, soit le Préfet et ses services.
Il faut oser . Je reprendrai cette affirmation pour le moins surprenante dans un article dédié à ce thème unique, management du suspens oblige...
A bientôt
Courrier du FIDS 67 aux chasseurs pour tirer la sonnette d'alarme face aux dégâts de la présente saison de chasse.