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Le petit gibier exclu de la biodiversité

A la réunion de Marckolsheim, le représentant local de la FDSEA avait le sentiment d'être le bouc émissaire du déclin drastique du petit gibier, tout comme les chasseurs responsables de l'explosion annuelle des sangliers. Evidemment, chaque camp détient une batterie d'arguments pour se disculper, mais les faits sont souvent plus têtus que les affirmations.

S'il existe de nombreux facteurs pour expliquer les désert cynégétiques de nos plaines, comme la prédation, souvent elle liée à un manque de présence et d'action sur le territoire au quotidien de la part du gestionnaire, le grand mal vient avant tout de l'absence de reproduction depuis des années et du taux élevé de mortalité des jeunes s'ils ont la chance de naître.

En l'absence de biotopes d'intérêts cynégétiques, soit non exploités, couvées et jeunes mammifères ont aujourd'hui avec les modes culturaux peu de chance de s'en sortir, de se nourrir d'invertébrés et de grandir. Le monde agricole qui n'a plus grand sentiment pour la faune sauvage du chasseur ne peut éviter ce procès. Il existe pourtant des solutions.

Les fabricants de machines agricoles pourraient certainement intégrer des détecteurs thermiques au titre de leur contribution à la faune sauvage dans des tracteurs devenus de hautes machines technologiques, les exploitants appliquer quelques principes de base bien connus de leur part, lors de la fauche et de la récolte, comme celle qui va de manœuvrer de l'intérieur vers l'extérieur de la parcelle.

Mais comme dit, lorsque le mot d'ordre des instances agricoles est d' "arrêter de s'intéresser aux petits oiseaux et aux papillons"... faut-il s'attendre à des miracles. C'est dommage, car cette année la météo est et a été, pour une fois, des plus favorables à la reproduction de la plume. Les conditions météorologiques ne peuvent donc être la cause des poules faisanes vides vues ces derniers temps, comme souvent avancé ces dernières années. Le chasseur doit se rendre à l'évidence, la plume ne reviendra plus.

Et si je dois enfoncer le clou pour souligner combien la disparition du petit gibier est déjà ancrée dans les esprits du monde agricole, il suffit de se reporter au protocole du réseau d'Observation de la Biodiversité (OAB) animé par la chambre d'Agriculture et son service environnement et innovation.

Chaque agriculteur est ainsi invité à observer selon des critères simples et adaptés aux calendriers agricoles la présence de faune sauvage dans ses parcelles et en bordures. On pourrait penser que le petit gibier fait partie des indicateurs de "biodiversité". Pas du tout, la présence par exemple de reproduction ne figure absolument pas dans les protocoles. Seuls sont pris en compte "quatre protocoles standardisés pour l'observation de la faune sauvage" :

les abeilles solitaires, les invertébrés terrestres, les papillons et les vers de terre.

Il est clair, le gibier n'est déjà plus dans les têtes et ne fait absolument pas partie des indicateurs d'une bonne politique environnementale. Pourtant, s'il parvient à naître dans une parcelle exploitée, c'est qu'a priori l'exploitant travaille "autrement" et certainement dans le sens d'une protection de l'environnement... Un territoire agricole riche en petite faune sauvage est forcément une preuve de bonnes conditions environnementales, d'une réalité de prises de mesures agro-environnementales.

En Alsace, la réalité du terrain est de ce côté là, implacable. C'est bien du côté des exploitants qu'il faut trouver les causes de l'effondrement des chasses de plaine et par-delà de l'émergence du tout-sanglier.

Le bavardage est l'écume de l'eau, l'action est une goutte d'or.      Salomon

Tag(s) : #Faune-Nature-Ecologie et Chasse
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