Peine de mort contre 250 bouquetins des Alpes. Où est la vérité ?

"L'homme et sa société dite développée marchent sur la tête", un scoop pour personne pour peu qu'on regarde ses actes et ses contradictions; un exemple parmi d'autres :

Fin des années 90, l'Etat français prône le lancement d'un plan sur 15 ans de réintroduction des bouquetins (cf le rapport : www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/PNA_Bouquetin_2010-2015.pdf ).

En octobre 2013, il lance sur deux jours une opération d'envergure, dite "préventive" dans le massif des Bauges avec, 148 gendarmes, une trentaine de "tireurs professionnels", lisez d'agents de l'ONCFS, 70 pompiers et deux hélicoptères pour dégager les carcasses vers une station d’équarrissage... (cf le lien joint).

Résultat : 197 bouquetins de plus de "cinq ans" au tapis, en attendant la suite, dans le cadre, non pas d'un plan d'éradication, mais de gestion d'un risque " sanitaire", dans un contexte économique, bien sûr... celui de la "filière reblochon"...

Même si comme dit un proverbe "faire et défaire, c'est aussi travailler"... il reste un désagréable sentiment de gabegie, avec hélas en première ligne des bouquetins soumis à la volonté de l'homme d'abord pour vivre, puis pour mourir.

Maintenant, si on porte la réflexion un peu plus loin, au-delà du "fait divers", une "zone d'ombre" ne peut manquer d'émerger également...

Manipulation, simple omnipotence ou mal pour un bien ?

Il n'y aurait le rapport de l' Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, repris par la LPO on pourrait se dire que "la peine de mort" prononcée se défend. Mais voilà, l'ANSES ne voit apparemment pas dans l'apparition du cas de brucellose, le bouquetin comme vecteur, ni d'urgence à agir drastiquement...

Il n' y aurait, cf lien et selon leurs dires les positions des acteurs cynégétiques locaux contre le bouquetin tant qu'il n'est pas chassable, on pourrait croire à la nécessité d'intervenir... :

"FDC 73 - la Fédération des Chasseurs de Savoie (Claude Duc-Goninaz, président): plutôt défavorable
« Nous sommes plutôt défavorables, et si le bouquetin devait être réintroduit dans le massif, il faudrait la possibilité de gérer et de réguler l’espèce. En tant qu’espèce protégée et non chassable, nous n’avons pas d’intérêt pour le bouquetin. Nous pensons par ailleurs que le massif est trop bas pour le bouquetin, nous craignons que la cohabitation avec le chamois se passe mal, nous nous interrogeons si le bouquetin va descendre en forêt pour trouver à manger comme les autres ongulés. Enfin, le contexte sanitaire doit être bien étudié et pris en compte dans l’étude ».
FDC 74- la Fédération des Chasseurs Haute- Savoie (André Mugnier, président): favorable sous condition
« Nous sommes plutôt favorables à condition de pouvoir gérer et réguler l’espèce. Nous envisageons, par exemple, une évaluation du statut de protection du bouquetin intégral vers un statut de protection partiel en tant qu’espèce soumise au plan de chasse pour pouvoir réguler l’espèce par des tirs sanitaires.
Autrement, nous craignons les problèmes sanitaires par les effets de consanguinités ».
Association des chasseurs du PNRMB (Daniel Girod, président): si réintroduction sous condition
« Les chasseurs ne seraient pas contre la réintroduction du bouquetin à la condition de maitriser la population comme toutes les autres populations d’ongulés. La crainte de la plupart des chasseurs est la concurrence alimentaire et physique avec le chamois pouvant provoquer une baisse de sa population et ainsi une baisse des plans de chasse ».
GIC - Groupement d'Intérêt Cynégétique Bauges (Michael Giraud, président, et Jean-Louis Bacchetta): défavorable
M. Giraud: « L'espace disponible ne permet pas la place à une espèce supplémentaire ».
J.-L. Bacchetta: « Nous, au sein du GIC, n’avons pas d’intérêt pour le bouquetin s’il reste une espèce protégée et non chassable"

Alors voilà, dans ce contexte, on peut sincèrement émettre un gros doute, voire se poser la question "qui manipule qui" ?...

J'espère en tout cas que le monde de la chasse ne nous joue pas le coup du "chien qui a la rage"... Maintenant, il paraît aussi que dans une énigme policière, il faut toujours regarder "à qui peut profiter un crime"...

Pour le moins, chacun peut se faire un avis sur bien des thèmes comme par exemple, sur l'homme en quête de biodiversité sur fond d'attrait touristique, sur son obsession de vouloir gérer l'ensemble de la nature, son sens moral ou l'absence de gestion de la faune sauvage par la chasse, etc....