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Quelle est la véritable problématique des adjudications à venir ?

En fichiers joints, vous avez deux articles parus dans les Dernières Nouvelles d'Alsace le 25 et 29 avril dernier, l'un sur les dégâts du petit gibier à poil dans les champs d'asperges de Hoerdt et l'autre sur l'assemblée générale de la Fédération des Chasseurs du Bas-Rhin. A priori deux thématiques bien distinctes ne serait la "mayonnaise" que sont entrain de faire monter chacun de son côté la FDC 67 et les agriculteurs, pour espérer peser sur le futur cahier des charges des chasses communales.

Dès le 9 décembre dernier dans un post intitulé "Dégâts: au tour du petit gibier", on voyait venir la charge habituellement orchestrée autour des dégâts de sangliers se porter également sur l'indemnisation des dégâts autres que sangliers et revenant entièrement à l'adjudicataire. Entre temps, l'histoire est loin de se calmer au point de devenir le centre des discussions autour de la rédaction du futur cahier des charges des chasses communales.

Mais les dégâts sont-ils vraiment la bonne question ? Est-ce vraiment ce thème qui doit être au centre des débats et des polémiques des uns et des autres ? Est-ce réellement l'argument choc pour les chasseurs pour ramener plus de raison dans les adjudications à venir ou pour obtenir du préfet davantage de facilités à résilier un bail de chasse ? Est-ce effectivement la bonne stratégie pour les syndicats agricoles pour mettre sous contrainte et responsabilité totale les chasseurs, tout en espérant voir les chasses partir à bons prix ?

Ma réponse est simple : on se trompe de débat.

C'est la courbe descendante des populations de gibiers qui devrait être au centre des réflexions car tout simplement sans gibier, il n'y a plus de chasse. C'est déjà le cas du petit gibier naturel en plaine où l'absence de prise en compte par tous de la situation, y compris au titre de la biodiversité ou de notre patrimoine, a mené au déclin visible de tous, avec des avertisseurs au rouge pour la perdrix et le lièvre notamment. Depuis pas mal d'années, le chasseur s'est fourvoyé ou plutôt leurré en faisant exactement ce qu'auparavant il critiquait ironiquement dans les autres régions : le lâcher de cocottes. Sans ce ersatz, les tableaux statistiques de la FDC 67 sur le nombre de pièces tirées seraient plats.

Dans ce contexte de déclin et de dégradation des milieux, ne peut que se poser aujourd'hui et maintenant la question du "à quoi bon" prendre encore une chasse de plaine ? Si c'est pour disposer d'un espace permettant légalement d'ouvrir des caisses le week-end end, aucun sens, autant utiliser l'argent du bail et des faisans pour aller chasser dans une chasse commerciale ou faire du ball-trap. Si c'est pour mettre en place un projet cynégétique, c'est de l'utopie.

Mais me direz-vous, en plaine il y a aussi le sanglier. D'abord pas partout, beaucoup de territoires ne sont pas fréquentés par sus scrofa, ensuite, son glas a également sonné, face aux dégâts et aux difficultés croissantes à financer les indemnisations. Reste le chevreuil, mais lui aussi devient "animalia non grata" dans les champs de blé, les vergers et autres vignobles. Autant dire dans pas longtemps, le sort de ces deux ongulés sera également scellé.

Mais me direz-vous, il reste encore la forêt avec "la bande des trois", le cerf, le chevreuil et le sanglier. Certes, il y existe encore des territoires à valeurs cynégétiques, mais les directives sont claires et à court terme, soit dans les trois ans, l'équilibre sylvo-cynégétique sera atteint par les plans de chasse au maximum et l'arrêt de l'agrainage. Ce sera alors le règne programmé de "la forêt industrielle pour les cuisines Schmidt ou les scieurs" (cf intervention du Préfet à l'AG de la FDC 67).

Non le débat n'est pas dans la réduction du prix des baux, ou leurs conditions de résiliation, il l'est encore moins dans la problématique des dégâts, car dans un environnement sans gibiers, il n'y aura plus de dégâts.

Si, l'objectif de la biodiversité c'est de maintenir des quotas de gibiers au plus bas au regard de leur "nuisibilité", ce ne sont plus des chasseurs avec des baux de chasse qu'il faut aller chercher.

Si les intérêts économiques priment sur la chasse de gestion et de préservation et veulent des régulateurs, ce ne sont plus des chasseurs avec des baux de chasse qu'il faut aller chercher, mais des lieutenants de louveterie qui en passant et à raison ronchonnent de plus en plus sur leur statut de bénévole.

Si la société veut tout simplement bannir le chasseur au titre du bien être animal, du développement de la nature comme parc de loisirs ce ne sont plus des chasseurs avec des baux de chasse qu'il faut aller chercher, mais des rangers ou des brigades vertes payés par les contribuables.

Si l'homme croit par angélisme pouvoir préserver les équilibres agro-sylvo cynégétiques et la biodiversité sans la chasse, mais par une chaîne de prédateurs ou des moyens contraceptifs, c'est de l'argent qu'il faut aller chercher et on en reparlera très vite.

Dans l'immédiat et en urgence c'est bien l'absence de projet cynégétique possible qui doit faire réfléchir tous les acteurs du dossier chasse. (voir entre autres, le post du 23.02.2014, "le petit gibier et le rendez-vous oublié d'un remembrement cynégétique")

Le lapin, le lièvre et les asperges

Tag(s) : #Billet d'humeur, #Faune-Nature-Ecologie et Chasse, #Futur bail 2015-2024
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