Du temps de la guerre froide, les champions du monde du double langage étaient les Soviétiques. Aujourd'hui, cette pratique est non seulement devenue reine chez nos politiques, mais aussi chez beaucoup de ceux qui à un titre ou un autre se mettent médiatiquement en avant.
Cette forme de désinformation réservée dans le temps aux tactiques militaires et qui consiste à "dire deux choses différentes, voire contradictoires à deux groupes différents", est devenue aujourd'hui monnaie courante. Beaucoup d'acteurs publics ou privés du monde de l'écologie et de la biodiversité sont ainsi apparemment devenus de grands adeptes de Sun Tzu et de son Art de la guerre, en tout cas sont capables "d'affirmer ou nier sournoisement une chose". Dire ouvertement et en pleine responsabilité les choses quel que soit son public ne fait plus partie d'un bon "plan com". Il est préférable de louvoyer, de pactiser momentanément avec le diable ou sa cible pour mieux arriver à ses fins ou pour réussir personnellement. J'ai déjà par le passé tenté d'attirer l'attention du monde de la chasse sur son "lent endormissement" appuyé sur un conte philosophique d'André Clerc, "la grenouille chauffée".
http://www.veillecynegetique67.com/sommes-nous-cuits
Là j'en ai vraiment "ras la calebasse". Il y en a assez de se laisser embobiner par les beaux parleurs, les ambitieux, les sournois, les bonimenteurs, les lobbies, les vendus à l'argent roi, bref par toux ceux qui jouent la parole sur les actes ou la ligne d'une communauté sans frémir devant leurs propres incohérences.
Prenons quelques exemples tirés de la récente actualité. Notre Président de la République s'en est allé à Manille pour lancer son appel sur le climat entouré de deux égéries du cinéma français, soit avec un plan com dans la poche. Sa démarche n'a pas été militante parce qu'il est minuit moins deux compte tenu du niveau de pollution et de CO2 de la planète, mais parce qu'il s'agissait plutôt de préparer la réussite de sa conférence mondiale sur le climat dans trois cent jours à Paris pour comme il dit "écrire l'histoire".
Mais on s'en fout qu'il entre dans l'histoire, c'est le présent qui est en jeu à l'exemple de la dévastation du Vanuatu. Se sont des actes qu'il nous faut et non des discours. Et là que fait notre orateur-chantre de la protection de l'environnement en France ? A travers son ministre de l'agriculture il parle d'agro-écologie, mais promeut l'agriculture industrielle, il renforce le rôle économique de la forêt, pourtant donné comme mangeur de CO2, pour "relever le défi de la compétitivité".
Facile à des milliers de kilomètres de s'adresser aux "people", autrement plus compliqué de dire au monde agricole ou forestier français qu'il faut revoir les modèles pour sauver la planète de nos petits enfants et pas demain, mais aujourd'hui.
Sur un plan plus local, autre exemple, le rotary club de Strasbourg a organisé une conférence le 10 mars dernier, intitulée "chasse, forêt, agriculture : comment réunir les acteurs pour sauver la biodiversité", avec comme intervenants, le Président national des Jeunes Agriculteurs, un ancien Président de chasse, le délégué territorial de l'Office National des Forêts, le Président de l'association Alsace Nature, le tout parrainé par le fabricant de machines agricoles Kuhn... J'adore quand, comme à la télé, pour faire de l’Audimat on invite à une émission chiens et chats autour d'une même table. Cela étant, logiquement la thématique aurait dû me plaire d'autant plus que l'objectif annoncé de la conférence était de "rapprocher les points de vue et de donner des indications pour une bonne gestion des territoires et le maintien de la biodiversité". Autrement dit "bla-bla-bla".
Mais voilà, je ne suis plus dans la recherche du consensus et je ne crois plus en la sincérité ou la vertu de la "démocratie participative", car le dernier mot restera toujours chez le politique et chez ceux qui roulent avec ou pour lui, alors autant rester chez soi pour ne pas se faire du mal.
D'ailleurs il suffisait de lire l'article dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, cf fichier joint, du groupe forêt d'Alsace Nature pour comprendre que pour les "naturalistes" comme on dit aujourd'hui, le message est clair, la chasse est contre productive et n'a plus sa place. C'est la régulation naturelle des ongulés grâce à la réintroduction du lynx et le retour du loup qui sont à promouvoir. Dans ce cas, à quoi bon encore discuter ?
Maintenant quand vous faites converser sur le terrain, comme à Belval deux pratiquants de la nature de bonne volonté et connaisseurs du terrain et du monde de la chasse, c'est-à-dire que vous sortez du monde des calculateurs, des ambitieux et des experts du pouvoir, on voit que le dialogue et le rapprochement est possible.
http://www.reporterre.net/La-chasse-peut-elle-rimer-avec
On ne peut qu'être d'accord avec les deux interlocuteurs quand ils conviennent que "ce n'est pas l'activité en elle-même qui pose problème, c'est le comportement de certains". Si aujourd'hui je prends de plus en plus de recul avec le monde de la chasse, c'est bien par rapport à ce que me propose une bonne partie de la communauté. Il est inacceptable que le gibier soit encore otage de l'homme, comme jouet, pompe à fric ou loisir. Détruire, comme cela a été le cas dans la forêt voisine de notre territoire, les chevreuils en battue avec la complicité des autorités pour faire une bonne affaire et s'en aller ailleurs une fois le désert cynégétique réalisé dépasse l'acceptable. Hélas, cet épisode n'est pas un cas isolé et la fin des baux de chasse a été pour beaucoup prétexte à taper fort par rancœur d'avoir été évincé. Et dire que ces "tontons flingeurs" ont tous rédigé un projet cynégétique pour formaliser leur qualité de gestionnaire... ou qu'on va les retrouver sur d'autres territoires, c'est certainement là le fond du problème.
Position d'Alsace Nature sur la chasse
"Tu peux lire dans le visage d'un homme, mais il peut penser tout différemment". Proverbe chinois