Avec le succès de l'équipe de France en Coupe Davis dimanche, Pierre-Hugues Herbert est entré dans la légende du tennis. Non seulement il a tenu son rang et contribué à la victoire finale, mais il a forcé le destin en gagnant la confiance du capitaine de l'équipe nationale lors de la semaine préparatoire à la rencontre entre la France et la Belgique, alors que les vents contraires semblaient souffler pour lui. Ombres et lumières sont toujours étroitement liés, aujourd'hui le soleil brille, sa tête est dans les étoiles, nul doute aussi que ses pensées sont allés à sa famille, sont retournés dans son passé et son chemin parcouru.
Minot, il n'avait pas le profil physique qui pouvait en faire un champion précoce, mais il était tombé dans la marmite du tennis qui allait l'amener progressivement, méthodiquement vers le succès et en dehors des filières classiques du sport de haut niveau. Lorsque j'ai rencontré pour la première fois son père Jean-Roch, BE 2 de tennis et comme tous les profs condamné à exercer précairement en libéral, car les clubs et les instances du tennis l'avaient ainsi voulu par commodité et contrairement à la législation du monde du travail, j'ai eu à faire à un "écorché rebelle", mal perçu par le milieu, mais débordant d'idées et d'ambition. Ce cocktail ne pouvait que m'intéresser et c'est comme cela que Jean-Roch est entré dans le dispositif "Profession Sport" que je dirigeais alors. J'avoue et il ne m'en voudra pas, il m'a souvent pris la tête, mais ensemble et avec son club d'attache le TC Lampertheim, nous avons toujours trouvé les réponses qui permettaient à la famille de garder la tête hors de l'eau. Et puis, Jean-Roch avait ce petit plus, il pensait l'avenir, il écrivait, il savait présenter des projets, dont un "sphéristik" qui avait retenu mon attention autour du tennis et la communication. C'est comme cela qu'il est aussi entré dans mon équipe d'éducateurs sportifs de haut niveau, autour d'un projet pilote de la Direction du Travail et de l'insertion professionnelle. Il s'agissait alors de faire la preuve que par un programme de formation spécifique "autour du corps et de la tête", il était possible de faire revenir dans le monde des actifs des personnes éloignées de la vie professionnelle ou cassées par la vie. Une très belle aventure humaine, très en avance, peut-être trop même à l'époque et qui avait juste le tort de gêner les programmes d'insertion en place et de ponctionner des subventions partagées dans un ordre établi...
Et puis pendant tout ce temps, Pierre-Hugues a grandi et fait grandir le rêve d'un père à travers son fils, dès lors qu'il a commencé à lui faire taper ses premières balles. Aujourd'hui, la réussite est au bout du chemin familial atypique, j'en suis heureux, tout comme d'avoir fait cette rencontre de Jean-Roch à un moment déterminant de sa vie. Bravo champions