Le moment est venu d'appeler un chat un chat : le monde de la chasse au grand gibier se retrouve face à des débordements qui n'ont plus rien à voir avec la régulation des espèces, pardon à la gestion adaptative des prélèvements.
La Moselle fait depuis quelques semaines l'objet d'un acharnement meurtrier sur notamment fond de prétexte fallacieux, mais diablement opportun, la PPA, la Peste porcine africaine, ce virus hémorragique apparu en Wallonie. Certes, au démarrage, Ardennes, Meuse, Meurthe et Moselle, Moselle étaient exposés théoriquement à un risque de propagation, mais dans les faits on en est resté à l'état d'alerte : "aucun cadavre n'a été trouvé au cours de 120 patrouilles entre le 26 septembre et le 10 octobre dans les 4 départements à risque" (source communiqué de l'ONCFS).
Pourtant, des mesures de frappes ciblées sur tous les territoires à sangliers, communaux ou domaniaux ont été prises par l'Administration mosellane sur fond d'observatoire, en l'occurrence de comité de suivi des dégâts. L'heure est à la destruction par "tous les moyens" mis à disposition par le Préfet. Comme pour les Gilets jaunes, au départ les revendications portaient sur le prix du carburant et sa taxation, puis c'est parti dans tous les sens, pour ne pas dire en quenouille. Là aussi, au départ, on est parti d'une situation claire, les dégâts dans les cultures dénoncés par les agriculteurs à l'été, pour PPA arrivant, finir dans une guerre absolue au sus scrofa et par effet colatéral ou d'aubaine au cerf, avec des mesures de "ouf", comme le soutien au recours à des lunettes thermiques.
Résultat, des "choses" pas très jolies se passent sur le terrain, une "unité d'intervention" vient sur son temps de travail appliquer les ordres du Préfet sur une domaniale, tirer un sanglier, déloger en passant une trentaine de cervidés et les chasser "chez soi" le lendemain. Quant au tir de nuit avec source lumineuse en forêt, alors que la Moselle bénéficiait déjà du tir de nuit général, c'est un pas supplémentaire de franchi dans la destruction et une porte ouverte possible de plus au braconnage de cerfs.
Quant à la venaison récupérée, il fut un temps où elle était distribuée caritativement, aujourd'hui, elle est commercialisée et alimente une caisse, raison de plus de faire du tableau. Dans le privé, cela porte un nom, l'intéressement. Mais gare à ce qui est le sort de toute roue, elle tourne et la fortune avec.
Des voix commencent à s’élever un peu partout au fil de la circulation des informations, des scandales, des abus de pouvoir, comme celle relayée par "la Voix du Nord" dans les Ardennes. Des participants aux battues d'extermination commencent à pleurer d'être des mal aimés, faut-il s'en étonner ?
08, 54, 57, 67, 68 "nous sommes chasseurs" par-dessus tout, avec la noblesse qui l'accompagne, pas un bras armé pour exécuter l'omnipotence de l'Etat, ce droit de vie ou de mort qu'il se donne sur l'animal. Quant au "autres", puisse saint Hubert abattre sa rédemption sur eux. J'ai bien peur que nous restions dans la légende.