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Malgré une longue préparation des esprits depuis l'an dernier, le FIDS 67 a finalement échoué, lors de l'AG du 16 janvier dernier, dans sa tentative de modifier la répartition des contributions complémentaires. Le rapport de 70/30 depuis son instauration en 2009, soit avec l'intégration des surfaces non boisées dans la facturation des dégâts est donc maintenu et le taux boisé égal à trois fois la plaine est passé à la trappe.

C'est bien, car la réforme souhaitée par le comité repose sur une argumentation qui laisse de côté les fondements de base sur la provenance et causes des dégâts.

1. le sanglier naît, grandit, se développe et se gère en forêt. Selon les saisons, printemps/été pour les semis et céréales, automne/hiver pour les prés et semis de blés sur maïs, il sort commettre des dégâts selon le degré de dissuasion par l'agrainage en forêt, la quiétude accordée à l'intérieur des massifs,  la présence ou non de clôtures électriques et l'intensité mise à l'extérieur en tir de nuit.

2. seule la battue hivernale, y compris au-delà de la date de fermeture générale permet de réduire sensiblement les densités annuelles. A regarder les calendriers de chasse, quatre battues sont en général programmées  par chasse de sangliers, entre fin octobre et fin janvier. L'idéal serait de parvenir début mars à une densité de 3 sangliers matures /100 ha de bois, ce qui signifie que la pression doit être faite sur les classes jeunes en premier. La forêt ne parvient à ce "vœu pieux" pour des tas de bonnes et moins bonnes raisons. Le cycle de reproduction est totalement faussé et fait que des laies suitées sont présentes sur les territoires tout au long de l'année (l'agrainage amenant à maturité sexuelle trop rapidement les bêtes rousses et le rut de novembre étant souvent anarchique car perturbé par les battues, alors qu'en cette période le sanglier devrait être tranquille et non explosé à travers les massifs).

La raison demanderait d'intervenir prioritairement sur les populations jeunes, mais tout le monde n'est pas (encore) prêt en battue à tirer de préférence un marcassin à une bête de compagnie, à tirer à l'affût les petites femelles à la place du jeune mâle. D'une manière générale, les consignes de tir données "au rond" sont mal formulées : plutôt que de parler de laies meneuses ou suitées, il serait plus simple et clair de dire "tirez toujours du plus petit au plus gros", tout comme on précise l'ordre de préférence pour le rouge "faon, bichette, biche". Mais voilà, au moment du passage de sangliers au poste, la précipitation, la tentation, l'habitude de chercher le plus gros, la surprise, le manque de champ de tir, la recherche du doublé/triplé, la difficulté selon les places de partir des "petits" pour remonter la compagnie, le fait de chasse, le manque d'espace donné entre la sortie de l'enceinte traquée et le placement des lignes font que "l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions"

3.  la seule arme entre les mains des détenteurs de chasses non boisées est la sortie de nuit, avec ou sans lampe selon les périodes autorisées par l'Administration. Cette pratique est, selon les territoires, limitée dans le temps, fonction de la typologie des cultures présentes (prés seuls, prés et céréales), cyclique (météo, rotation des cultures), de la superficie/implantation des champs, de la densité de sangliers présentes ou laissée par le voisin de la forêt. Elle dépend de la capacité, de l'assiduité/ténacité individuelle, de la volonté de dissuader ou non, de l'organisation individuelle (vie professionnelle/privée), du niveau d'équipement (indice crépusculaire jumelle/optique, caméra thermique ou non, qualité de la lampe, garde-robe adaptée été et hiver, pluie et vent, du degré de courage individuel, seuls ceux qui pratiquent savent combien la solitude du tireur de nuit peut être désespérante jusqu'à l'accroche dans le frigo du sanglier... On est loin de l'affût à l'agrainoir pendant les heures légales avec "petite main" à l'appui ou la sortie le matin pour attendre les sangliers au retour vers la forêt, déclarée le cas échéant en tir de nuit...

4. seule la finesse de la sectorisation peut être un critère juste. Si un secteur est défini d'après le principe du 360° qui à partir de la zone de localisation des dégâts détermine la provenance des sangliers, il y a peu de marge de discussion, notamment si le territoire est peu boisé, car il est aisé de déterminer d'où viennent les sangliers. Par contre si le découpage ne répond pas à la réalité du terrain, comme cela a été le cas pour l'exemple pris à tort par le FIDS 67 pour le secteur 7 c'est incohérent en terme de responsabilisation et pénalisant financièrement pour celui dont la forêt est rattachée de façon incohérente à un secteur avec beaucoup de ha de plaine et lui-même ayant très peu de dégâts. (Je note au passage que le FIDS 67 reconnaît aujourd'hui son erreur, mais que le locataire concerné avec une facture de plus de 11.000€ a perdu son procès...)

5. l'opportunité de tir entre le bois et la plaine est un critère subjectif. Prélever à l'affût un sanglier est sans aucun doute aisé pour la forêt, nettement compliqué en sorties de nuit. Le nombre de sorties nécessaires peut dépasser les vingt en plaine, notamment si vous cherchez à intervenir le plus en amont, soit avant l'arrivée de dégâts. Sortir préventivement, soit avant la première sortie des sangliers dès le semis ou la montée du blé ou du maïs en laitance ou dès l'apparition de conditions météorologiques propices aux dégâts de prés est chronophage et  aléatoire. Quant aux battues, en plaine elles sont de type décantonnage avec peu de résultats à la clé et limités à quelques territoires. Enfin, quand pour la forêt, nous sommes dans des actes de gestion, nous sommes dans la plaine sur des actes de dissuasion au profit de la forêt. Si un détenteur d'une chasse de plaine est désinvolte ou défaillant, la sanction retombera avant tout sur la forêt en terme de battue administrative a minima.

6. mais le vrai débat pour y voir clair sur la pertinence de modifier le rapport forêt/plaine et dans lequel le FIDS 67 ne veut pas aller, car le résultat serait défavorable à la forêt et à l'intégration en 2009 de la plaine dans les contributions complémentaires, c'est celui de la typologie des territoires de chasse au regard des dégâts.

Globalement nous avons plus de 860 adjudicataires, sur lesquels a peu près la moitié ont des dégâts. Les dégâts sont toujours présentés en A.G. par lots sans précision de la répartition des surfaces entre plaine et bois et par secteurs retenus par le FIDS 67, jamais par entité, soit par territoire entier d'un seul tenant détenu par une même personne ou groupe de chasse. Lorsqu'en prévision des adjudications un chasseur s'intéresse à un territoire  à sangliers, ou à grand gibier en général,  son objectif premier est de former un territoire cohérent, soit celui qui lui permet au mieux de contrôler le va et vient du gibier. La notion de déplacement du gibier par rapport à un territoire voisin peut dès lors devenir obsessionnelle, notamment dans le cas où la consistance des lots sépare plaine et bois.

De ce fait, la majorité des chasses à dégâts sont ce que j'appelle mixtes, c'est à dire détentrice des bois et des cultures ou des prés parce que le lot ou l'intercommunale ou la domaniale, voire la privée l'intègre, soit parce que l'objectif de cohérence le nécessitait. C'est donc le type de territoire qui permet de savoir si telle ou telle entité de chasse en nom propre, association ou société civile est soit en capacité d'agir directement (par le tir de nuit) et indirectement (par l'agrainage dissuasif) ou non sur les dégâts. Dans le cas d'une sectorisation bien faite, la répartition entre surface boisée et non boisée n'est donc pas le sujet, car les deux biotopes font partie de la même chasse. Quant au niveau de responsabilité ou de défaillance, négligence, désinvolture, il est aisé à analyser cf le 360.

En tout cas, dans le débat voulu par le FIDS 67, une présentation typologique des chasses par nombre de ha boisés et non boisés aurait été plus éclairante que de s'appuyer sur le rapport total surface boisée/non boisée ou tenter de déterminer dans quel biotope on a le plus de chances de tirer du sanglier et par-delà déterminer linéairement un taux de participation. Pour le bail précédent j'avais fait sur une année à forts dégâts, une analyse des chasses à dégâts selon leur typologie, cf fichier joint. Il n'y a pas photo, le gros de la facture des dégâts incombe toujours aux territoires mixtes, soit ceux qui rentrent dans l'éligibilité à l'agrainage et qui pour diverses raisons connues laissent filer les dégâts ou ne font pas l'effort suffisant de la dissuasion, notamment par le tir de nuit, en particulier sur les prés en montagne et le piémont des Vosges.

Tableau de l'ensemble des chasses ayant eu des dégâts. En rouge les territoires ayant eu de forts dégâts.

Tag(s) : #Vie des instances de la chasse, #Gestion du sanglier et des dégâts
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