Au moment où des milliers de rurbains s'apprêtent à parcourir les allées de la grand' messe du monde agricole et les politiques s'y arrêter pour trinquer, goûter, serrer des mains, je ne pouvais laisser passer cet événement annuel si bien vendu au grand public, sans exprimer "mon amour" pour un milieu qui au fil du temps a vendu son âme et perdu mon respect.
"Tant que tu ne sais pas pleurer, disait le vieux paysan à un jeune urbain venu s'installer comme exploitant à la campagne, tu ne seras pas un agriculteur". Cette plaisanterie de comptoir de bistrot, en a fait rire plus d'un, mais elle ne vient pas par hasard. "C'est ben vrai". A la moindre occasion ou nouvelle préconisation contrariante, c'est la crise et la menace avec FNSEA interposée, tracteurs et lisiers en coulisse. Et c'est comme cela qu'on obtient, comme ce jour, que la Commission européenne relève le plafond des aides d'Etat aux agriculteurs de 15.000 à 25.000 euros pour passer une crise. Les Gilets jaunes sont des petits joueurs à côté ! http://www.lefigaro.fr/flash-eco/bruxelles-releve-le-plafond-des-aides-d-etat-aux-agriculteurs-en-cas-de-crise-20190222
Dans leurs actes de communication sur l'environnement, ils lavent toujours plus blanc que blanc mais toujours avec glyphosate ou nitrates et autres produits sympathiques dits indispensables et jurent leur engagement pour la biodiversité et l'écologie.
Sur le terrain, hors caméras, c'est beaucoup plus simple : tout ce qui gêne l'hyper mécanisation doit dégager. C'est un fait. De moins en moins de petits agriculteurs, de plus en plus de gros avec des parcelles à exploiter forcément toujours plus grandes et des machines de plus en plus monstrueuses, rapides pour gagner en productivité, font que toute haie, toute végétation sans intérêt saute. Dernier vécu en date sur notre territoire en début de semaine où les derniers fossés encore végétalisés ont été rasés. Pourtant on peut lire dans le fascicule de la FDSEA 67 de 2013 sur l'entretien d'un cours d'eau qu'il faut "conserver ou restaurer par replantation la végétation des berges (herbacée ou arbustive) supprimée pour les besoins des travaux." Cela fait des années que les girobroyeurs fonctionnent sans qu'il n'y ait eu la moindre compensation ou replantation, au point que nous n'avons plus un écran végétal permettant d'arriver sans être repéré aux miradors le matin ou de faire une approche. Mais ce que le chasseur peut dire ! Oui mais, c'est bien avec son argent que l'association foncière défonce la nature... Un comble !
Quant au côté écologique, notamment la protection de l'eau, juste une dernière observation concernant le rôle de ces fossés. Tous reçoivent les eaux de drainage des champs alentours avec tout ce que cela signifie en terme de dispersion d'entrants polluants. Et où croyez-vous que mènent ces fossés ? Au Rhin via la Sauer, dite protégée par les bandes enherbées subventionnées... Fermez la parenthèse, ouvrez les portes du salon et faites entrer en scène "Imminence", l'égérie 2019...
(A quand la mannequin "Marguerite" chez les grands parfumeurs !)