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Au regard des différents arrêtés préfectoraux dérogatoires du Grand Est, (le dernier celui du 57 est joint), sur la reprise de la chasse au grand gibier, nous avons d'un côté, un seul et même virus pour tous, mais pas un protocole sanitaire identique ou unique de l'autre, pour protéger l'individu-chasseur de la contamination. Sur le papier, en l'occurrence la circulaire du Secrétariat sur la biodiversité, c'est voulu puisque les conditions sanitaires ont été discutées département par département, soit en fonction des chiffres, angoisses, perceptions et sensibilités personnelles des uns et des autres. Pour les chasseurs inter-départementaux que nous sommes, un vrai bonheur, notamment le déplacement.

Au regard de la pratique de la chasse en battue, avec obligation de résultats, c'est tout aussi complexe. La première condition pour obtenir un résultat est d'avoir du gibier dans l'enceinte traquée. Individualiser le déplacement en voiture, soit écarter le covoiturage avec masque dans certains départements alors que dans les transports en communs on joue "à serrer les sardines" par exemple, est comme chacun le sait le meilleur moyen pour mettre en alerte le gibier, tout particulièrement le rouge, avant d'avoir fermé un périmètre. Plus on avancera dans la saison et plus les caravanes de voitures vont poser problème, sans parler de la problématique du parcage.

Au regard du parc automobile des "invités" et des traqueurs, tous ne sont pas équipés du 4X4 tant décrié par certains lorsqu'ils les voient en forêt, comment fera-t-on sur terrain boueux-gelé-enneigé, sur pente abrupte ou chemins avec creux et autres ornières ? De la désobéissance verbalisable ou du treuillage permanent ?

Unanimité parfaite par contre, sur la pratique dite du "chapeau", nul réglementation précisée. Exceptionnellement donc, pas de participation financière aux frais d'organisation durant la période dérogatoire, sauf à passer par le DAB, puisqu'en principe il est préconisé d'éviter les paiements en numéraires ! Ces frais sont sans doute pris en compte par ailleurs sur le principe du "what ever it takes", en juste retour pour les risques pris par les uns et les autres...

Enfin, au regard de l'essence même du confinement, il est demandé aux "anciens", les plus fragiles à l'exposition virale, de rester enfermé et de limiter l'activité "à l'essentiel". Là, ils sont réquisitionnés pour participer à "une mission d'intérêt général sur demande de l'autorité administrative", en bannissant tout moment de convivialité. C'est un double signal : "la fin de la chasse plaisir" où l'acte de chasse peut-être secondaire, contrairement au plaisir de se retrouver entre amis, c'est la confirmation qu'Etat et collectivités régulent plus que jamais totalement la faune. 

Se posent dès lors forcément deux interrogations :

  • chasser a-t-il encore un sens pour la génération des anciens qui font actuellement la chasse et la finance ?
  • payer un droit de chasse pourquoi, pour qui, dès lors que nous avons un bailleur "suprémaciste" ?

A force de vouloir nous faire passer comme "acteurs des territoires ", que sommes-nous devenus ? Des figurants, au mieux des seconds rôles. De même manière, à force de nous croire les légitimes gestionnaires des écosystèmes et de la biodiversité de par nos savoirs et compétences qu'avons-nous obtenu ? La vindicte urbaine, l'hostilité agressive des visionnaires d'un nouveau monde, la perte grandissante de la gestion des territoires au profit de conservatoires, de réserves, de parcs, d'AP.

Sans fierté et reconnaissance, la chasse est juste encore un combat d'arrière-garde pour nostalgiques d'un temps passé, soit une cause perdue, un dernier refuge pour un art de vivre né dans le loden et la laine foulée, un esprit perdu, né dans le respect de l'animal, une éthique bafouée par des AP de destruction.

Au final, la Covid devient non seulement le révélateur pour beaucoup de l'existence de différences dans les Schémas Cynégétiques du Grand Est, mais aussi la confirmation que pour chasser en battue, mode de chasse le plus décrié par les opposants, il nous faut justifier l'exception à travers une mission d'intérêt général, comme le FIDS 67 l'a bien présenté :

" La lecture de cet Arrêté préfectoral amène de notre part les commentaires ci-dessous. Le rôle, qui nous est dévolu en tant que chasseurs, est d’être reconnu comme indispensable à l’intérêt général et nous devons donc être irréprochables sur la conduite à tenir lors des actions de régulation et destruction. Il est primordial de respecter les gestes barrières pour ne mettre en danger quiconque et qu’aucun « cluster » ne se révèle après une battue, une poussée ou un affût collectif. Privilégions les appels téléphoniques ou l’utilisation de talkies-walkies permettant de limiter au maximum les contacts physiques. N’oublions pas d’envoyer au préalable une invitation à tous les participants d’actions collectives, avec une mention particulière pour les traqueurs, qui ne sont pas porteurs du permis de chasser.

Cet arrêté est le fruit d’un travail consensuel avec toutes les parties concernées (Préfecture, DDT, ONF, FDC, agriculteurs...) et FIDS67 bien entendu. Il vous permet de réguler la population de sangliers et donc de réduire les dégâts futurs. Restons exemplaire sur le terrain ! Nous risquons de subir les critiques des autres personnes confinées, de ceux qui critiquent la chasse, etc. C’est pourquoi, nous devons simplement leur rappeler l’importance de la régulation des animaux susceptibles d’occasionner des dégâts aux cultures tels que le sanglier ! Réalisons cette régulation du mieux possible et avec le maximum de précautions".

Epilogue :  notre double langage pour sauver la pratique de la battue, ne fait que nous livrer pieds et poings à l'échafaud de la puissance publique, pour le bonheur futur des visionnaires du nouveau monde. Plus que jamais, "le sanglier nous aura tuer".

En complément : à l'instant je viens de prendre connaissance de la newsletter de la revue Jours de Chasse. Je ne peux que partager sa plume et son questionnement sur une fin de non recevoir la mission de chasseur-régulateur de la faune et sur l'erreur stratégique.

Tag(s) : #Billet d'humeur
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