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Chère Madame,
"La nuit porte conseil", paraît-il, cela tombe bien, elles sont très longues et répétitives actuellement pour nous, les chasseurs de nuit ou chasseurs tout court, ou les Français qui font peur aux autres utilisateurs des espaces "nature". A ce propos, j'en ai une bonne à vous raconter, vécue à 23 h hier soir, à l'interception, par mesure de sécurité, d'un promeneur avec deux chiens en liberté en plein milieu du territoire ardemment surveillé pour freiner le besoin de manger des sangliers. Je vous rassure, l'intéressé n'avait apparemment pas peur, juste étonné de ne pas voir de panneau "chasse en cours". Il va falloir y songer au niveau de vos services ou faire remonter la demande à Paris, plus exactement au Sénat qui va après la réussite du sondage anti-chasseurs, prochainement étudier la question. Mais que venait-il faire encore à cette heure avancée de la nuit, me direz-vous ? Comme disait Nicolas Sarkozy, "eh bien, je vais vous le dire". Comme il avait acheté une montre connectée il y a deux semaines, il venait terminer ses 10.000 pas par jour, ce minimum de marche à faire pour rester en bonne santé. Me voilà, en plus de créer un sentiment de peur, encore devenu un obstacle à la santé des promeneurs. Je terminerai que notre conversation nocturne sous un beau ciel étoilé a été très agréable et pédagogique. Le promeneur a même su faire preuve d'empathie et me souhaiter bon courage pour la suite de la soirée. Il en a fallu, elle s'est terminée à 3h15 du matin. Je suis par contre navré, car le temps de revenir au mirador, une bande de sangliers a traversé au loin la bande enherbée, comme fait exprès et sans le savoir le promeneur a fait coup double, sauver la vie d'un animal sauvage et se faire du bien.
Mais le cœur de mon propos n'est pas là, vous vous en doutez bien. Je voulais juste revenir sur le courrier du 28 octobre dernier de vos services, en réponse à nos instances. Je me suis déjà exprimé sur votre refus d'accorder une dérogation prolongeant l'agrainage dissuasif en forêt au-delà du 1er novembre. "Là où il y a une volonté, il y a un chemin", autrement dit, "à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle". Aucun Schéma Cynégétique ne pouvait prévoir que les maïs, sur fond de changement climatique, allaient connaître une date de récolte aussi tardive et seraient encore loin d'être rentrés. Par contre, il était aisément prévisible que les sangliers en manque brutal de nourriture en forêt allaient se ruer vers les champs et les prés, en plus en l'absence de fruits forestiers, après le 1er novembre.
Votre prédécesseur, en charge de faire passer le Grand Contournement Ouest de Strasbourg a montré que des dispositions antérieures peuvent être contournées, à un titre ou un autre, quitte à être retoqué a posteriori, une fois le chantier terminé. Je note également que les services de l'Etat sont en capacité d'accorder des dérogations pour tirer des espèces protégées en l'occurrence le blaireau, dès lors que le monde agricole, en l'occurrence celui des vignerons lève le petit doigt. Peut-on parler de deux poids, deux mesures, tout porte à le croire ? Vinci demande des dérogations environnementales et autres pour faire marcher le BTP, pas de problème. Le Syndicat agricole demande une intervention pour protéger les raisins, pas de problème non plus. La chasse sollicite une exception exceptionnelle, c'est un refus catégorique. Quelque part, sans doute, quelque chose m'échappe. Puis-je avancer toutefois le fait que les indemnités à verser aux vignerons sont à payer par l'Etat pour le blaireau et ceux aux agriculteurs le sont par les seuls chasseurs pour les sangliers pour comprendre l'enjeu ?
Chercher le blaireau.