Ci-après, l'article paru dans la rubrique "L'oeil dans le viseur" dans le 100ième numéro de la revue Infos'Chasse 67 de décembre :
"Dire que les fondements de notre société, batis à travers l'histoire, avec des piliers construits sur les grands principes de la démocratie, vacillent, tombe dans l'évidence face aux infos en boucle servies au quotidien au petit peuple que nous sommes. L'ordre établi est contesté de partout et quotidiennement, sous couvert de tout et de rien, sous prétexte d'avoir un ADN gaulois, sous l'émergence de plus en plus radicales d'idéologies visionnaires d'un monde meilleur, plus juste plus égalitaire, plus respectueux de la nature, de ses ressources et de ses êtres. Chaque jour, le concours Lépine des nouvelles idées, avec le plus souvent des arrières pensées de renversement du pouvoir, en tout cas de contestation, sont infusées dans les têtes, allant de l'anti-capitalisme à la désobéissance civile, soit autant de totems pour faire monter la radicalité. Certaines prêtent encore à sourire, comme la revendication d'un droit à la paresse, d'autres beaucoup moins, comme celles visant à des changements immédiats. Dans ces stratégies, aussi faites pour transformer les individus en « followers », pardon suiveurs de clics en clics , instiller la peur s'avère être une arme redoutable. Les faits divers autour de la mort et des catastrophes naturelles, sont dans ce sens du pain béni. Peur des pandémies, des accidents, de la nutrition, des effets secondaires des vaccins et des médicaments, peur d'une perte de pouvoir d'achat, du changement climatique, de l’apocalypse nucléaire, peur de l'autre, de sortir en ville, en boîte, en forêt ou à la campagne, pas une journée sans harcèlement médiatique.
Mais lâchez-moi, arrêtez de me faire la morale autour de l'urgence climatique et de la transformation environnementale, laissez moi vivre avant de me faire penser à mourir. Arrêtez de prendre la chasse comme prétexte pour mettre à bas le pouvoir politique élu démocratiquement et librement. Cessez de prendre la chasse pour une cible sur laquelle il est de bon ton de tirer, le plus souvent par des personnes sans expertises.
Arrêtez de me mettre dans des caricatures, d'exploiter des clichés, de me faire passer pour un ivrogne macho, un destructeur du vivant un monopolisateur des espaces naturels. L'activisme n'autorise pas tout, à commencer par les excès de langage. Faire de la chasse un sujet écopopuliste, en guettant le moindre écart pour occuper l'espace médiatique est démagogique et ne mène vers aucune solution. Si l'opposition à la chasse était une incompréhension réciproque, aucun souci, l'écoute, l'explication et la bienveillance mutuelle permettrait d'ouvrir les portes. Ce n'est plus le cas, la dernière campagne électorale des présidentielles a clairement donné le ton, exalter le changement climatique pour obtenir un changement de peuple, dans lequel, en ce qui concerne notre communauté, nous n'avons plus de place. La chasse et sa barbarie d'un autre temps doit relever du passé, l'avenir est à l'effacement de toute frontière entre espèce humaine et animale.
La lutte finale n'est donc pas de se mettre d'accord, mais de faire table rase des fondements de notre civilisation avec un objectif pour parvenir à ce nouveau monde, bouter le chasseur hors des territoires. C'est pourquoi, notre milieu peut avoir les meilleurs arguments au monde pour justifier son existence, en l'occurrence sa culture, son langage, son art, son devoir de préservation de la nature, sa science des animaux, ses vertus éducatives, tout cela ne sert plus à rien face au tribunal de la raison écologique.
Regardez le débat actuel autour des jours de non-chasse pour soi disant permettre aux ames citadines de parcourir à souhait et sans risques monts et vaux. La chasse est le loisir de plein air le plus encadré et contraint. La seule et unique attitude espérée par le chasseur, de la part des autres utilisateurs des espaces ouverts, à qui rien n'est imposé et surtout, comme ils disent, s'ils ont peur, est qu'ils restent en dehors des zones chassées, le temps d'une traque. La saison des battues est en cours et du matin au soir, nous posons, trimballons des panneaux qui ne servent à rien pour sensibiliser promeneurs et autres sur un danger à parcourir un espace chassé. Nous déclarons aux mairies et à l'ONF les jours de chasse, nos chiens et les tirs font du bruit et résonnent au loin, avec la couleur imposée des vêtements nous sommes visibles et si d'aventure nous n'en portons pas, nous sommes repérés pour faire le buzz, comme l'a fait récemment l'animaliste-pourfendeur Pierre Rigaux. Le signalement d'une action de chasse en cours devrait, ne serait-ce qu'au titre du bons sens, amener tout un chacun à se détourner d'une zone chassée, non seulement pour sa propre sécurité, mais aussi pour ne pas entraver une action reconnue d’utilité publique. Mais voilà, "l'enfer reste pavé de bonnes intentions", braver, provoquer une ligne de gilets rouges, perturber l'action de chasse pour sauver les animaux deviennent des facteurs dominants.
Quel reproche nous est-t-il adressé actuellement dans le débat en cours ? De nous accaparer l'espace, de créer le danger. Quel commentateur, chroniqueur de chaîne radio ou télévisée en continue a posé ce débat sur la désinvolture des promeneurs ? Aucun à ma connaissance. Quel parlementaire ou parti politique a osé suggérer l'apposition de panneaux d'interdiction à la place du signalement pour stopper le risque ? Aucun à ma connaissance. La seule réponse, (facile), est l'arrêt probable de la chasse le dimanche après-midi en attendant plus. Et les Ponce Pilate de se laver les mains.
Pessimiste, mais non, il nous reste encore une tradition pas encore écorchée dans notre vieille civilisation, celle des bons vœux en fin d'année, alors au diable le climat et le contexte actuel qui ne poussent guère à voir la vie en rose dans un monde meilleur rempli d'humanistes.
Que 2023 apporte à chacun son lot de fortune, d'envies et d'espoirs sous la protection et la grâce de saint Hubert, c'est le moins que l'on puisse souhaiter".