"Trop gourmands, trop nombreux, les sangliers, cerfs et chevreuils pèsent sur le subtil équilibre des forêts alsaciennes. Et les mettent en danger".
C'est en ces termes que titre aujourd'hui les D.N.A le message alarmiste adressé par l'homme en charge de la forêt au monde des ongulés. Il est clair et sans appel. Autrement dit "casses-toi, pauvre chevreuil, casses-toi, pauvre cervidé, casses-toi, sale cochon", sauf que l'opération de nettoyage ne se fera pas à coup de karcher, mais de 275 winchester et autres 9,3. Les temps à venir vont être difficiles pour la grande faune, au nom de la régénération naturelle de la forêt.
Il fut un temps, quand l'argent faisait planter des milliers d'arbres dans nos forêts après une coupe rase, protégés par un engrillagement et que la chasse couvrait 11% du budget de l'établissement public en charge de nos bois, tout allait bien dans le meilleur des mondes de bambi.
Aujourd'hui, c'est la crise, plus d'argent, plus de plantations, plus de grillages; c'est dame nature qui doit donc prendre le relais. Alors tout gland avalé par un suidé, toute pousse de hêtre ou de sapineau transformé en bonsaï ou jeune tronc de conifère écorcé provoque de suite la foudre de la perte d'exploitation dans les bureaux. Ramasseurs de châtaignes, prenez garde, votre tour ne va pas tarder à venir !
En été, ce sont les agriculteurs qui sont montés médiatiquement au créneau face au sanglier, maintenant à l'automne que les moissonneuses sont rangées, se sont donc les forestiers qui prennent le relais. Un véritable mouvement de rouleau compresseur qui marche vers le chasseur inexorablement parce que ce dernier a trop longtemps estimé que rien ne pouvait lui arriver, qu'il maîtrisait la situation, "son système".
Que nenni, le scenario était pourtant écrit depuis pas mal de temps , cf mon post du 25 mai "au cœur des adjudications à venir : les débats sur l'équilibre agro-sylvo-cynégétique, les peuplements dégradables". Maintenant, le coup est parti avec le soutien du Préfet qui veut la régulation du grand gibier et la réduction de tous les dégâts. Le futur Cahier des charges des Chasses Communales ira dans ce sens.
N'oubliez pas le discours de mai 2010 de Sarkozy à Urmatt " l'objectif est de récolter 30% de plus de bois à l'horizon 2020"... il faut bien que l'investissement, à coup d'aides dans la vallée de la Bruche tourne à fond...
Maintenant, comme déjà dit, si derrière le haro sur les ongulés, un nouvel équilibre cynégétique peut naître de ses cendres, avec une forêt plus nourricière et plus aménagée, avec une nouvelle génération de chasseurs, avec une gestion plus qualitative que quantitative et un accès aux chasses de grand gibier plus démocratique, le sacrifice demandé au gibier ne sera pas vain ou à sens unique.
Reste qu'à court terme, il serait étonnant que les groupes de chasse, que ce soit en plaine ou en forêt, mordent encore à l'appât de la chasse à tout prix.
"Trop de gibier en forêt...