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"Démocratiser la chasse alsacienne..."

Dans son numéro d'avril, la Chasse en Alsace publie l'interview accordée par le nouveau Directeur départemental des territoires, Jean-Philippe d'Issernio, cf fichier joint. C'est l'occasion de connaître les positions de l'Administration sur les principaux sujets animant actuellement "le Landerneau de la chasse" locale : évidemment notre cher sanglier, son agrainage, ses dégâts, le cerf, le petit gibier et le futur cahier des charges des chasses communales.

Le sanglier

Fort à propos, le nouveau Directeur rappelle que la base fondamentale de la gestion du suidé et de sa chasse repose sur le Schéma départemental de gestion cynégétique et surtout son application. Il laisse aussi entendre que malheureusement "certains chasseurs" ne jouent pas le jeu. Seule arme pour l'Administration, la sanction des manquements aux règles de l'agrainage et des "mesures d'alerte" à travers des battues administratives.

Il rappelle aussi que c'est avant tout "aux locataires d'organiser les actions nécessaires à la réduction du nombre de sangliers", seule espèce chassable 11 mois et demi par an, une manière aussi de bien faire passer le message que "tous les locataires concernés par les dégâts" ne font pas le travail.

Les dégâts

Pour ce qui est du financement des dégâts, c'est "au FIDS de trouver la solution de répartition la plus juste". Sur ce point, le nouveau directeur n'a pas osé mettre l'accent comme l'a fait Bruno Cinotti en son temps et à sa place sur l'obligation issue de la loi d'appliquer un principe de responsabilisation lorsqu'une sectorisation est appliquée. Si les sangliers viennent faire des dégâts démesurés c'est à partir de zones vitales en forêts et biotopes assimilés insuffisamment chassés ou mal gérés et le cas échéant par manque de travail de dissuasion de nuit. La sectorisation n'a de sens que si elle cible ce que Bruno Cinotti appelait "les mauvais risques", plus précisément les adjudicataires "négligents,défaillants ou désinvoltes". La loi ne prévoit donc de "marge de manœuvre" pour le FIDS 67. La seule autre possibilité, si elle veut cibler ceux qui sont concernés par le sanglier exclusivement, c'est l'instauration du bracelet. Toute autre forme de répartition de la facture complémentaire des dégâts est ou serait de la mutualisation qui conduit comme on le sait depuis 2005 à la récurrence des dégâts, aux points noirs et à l'injustice.

Le cerf

Dans le conflit ONF-chasseurs, Jean-Philippe d'Issernio préfère jouer la neutralité et s'en remettre au dialogue bipartite, tout en reconnaissant des prélèvements insuffisants sur certaines zones de la part des chasseurs et des forêts insuffisamment accueillantes pour les cervidés par manque de "prébois".

Au final, ce sera toujours le plan de chasse qui sera déterminant pour le DDT, histoire de faire comprendre là aussi aux chasseurs qu'ils n'auront pas le dernier mot et qu'il va falloir se résoudre à une diminution des cheptels au profit de la régénération de la forêt devenu un enjeu politique et surtout économique.

Le prochain bail sera donc encore placé sous le signe de la destruction, car ce n'est pas demain la veille que nos forêts seront plus nourricières pour le cervidé (et le chevreuil) avec des aménagements nourriciers destinés aux deux espèces pour protéger la régénération naturelle.

Le petit gibier

Comme d'autres sur le sujet, le DDT se réfugie dans un discours technocratique,

  • un coup de PAC qui promeut pour le principe la biodiversité, ce mot galvaudé mis à toutes les sauces, mais il ne faut pas se leurrer sans effets sur les espèces chassables,
  • la mixité à venir des cultures face au tout maïs, mais qui ne résoudra pas la problématique de la disparition des couverts naturels pour la nidification et l'hivernage,
  • la mobilisation des chasseurs, mais que peuvent-ils faire de plus en l'absence de reconnaissance comme acteur de terrain incontournable et politiquement affirmé face à des CSA ou autres associations dites de protection de la nature
  • la référence aux actions de protection du grand hamster qui voit les agriculteurs s'engager; il oublie de préciser, moyennant tout simplement 500€ de prime par champ...
  • le changement de mentalité chez les jeunes agriculteurs, plus sensibles à la biodiversité.

Sur ce dernier point, notre directeur fait grandement fausse route. Il suffit de lire l'Est agricole et viticole, d'écouter les interventions des J.A. en assemblées où le maître mot est rentabilité, compétitivité, opposition aux contraintes environnementales, déprise de la terre et dégâts . Les anciens avaient encore une culture pour la chasse et pour la vie animale dans les champs. Ce temps est révolu avec une jeune génération "beaucoup plus radicale" comme vient de me le dire un agriculteur après la destruction d'un agrainoir à faisans, le jetage d'un collet posé dans un sillon d'un labour et bien sûr "ému" dans le mauvais sens du terme par la présence de chevreuils dans un champ de blé et les derniers faisans qui prélèvent les grains de maïs semés en bordures de champs...

Le cahier des charges

S'il s'agit de transposer chez nous le système des ACCA, sous prétexte que plus il y a de chasseurs sur un territoire, plus de gibier sera tiré, lisez sangliers, cerfs et chevreuils, le pire est à venir. Ce n'est pas parce que la "demande" des agriculteurs et des forestiers est forte au regard uniquement de la problématique des dégâts qu'il faut s'attaquer aux fondements de notre culture de chasse. Le prix des parts de chasse baissera naturellement, par la relève de génération, par la crise économique, par le ras-le-bol des chasseurs, par la désertification cynégétique en plaine, les pressions sur les plans de chasse et tout bonnement les difficultés grandissantes à exercer paisiblement la chasse, pas par la multiplication des partenaires qui plus est de plus en plus volages ou zappeurs.

N'oublions pas non plus pour qu'il y ait recours à des partenaires, il faut au préalable un chasseur courageux ou imbécile pour s'engager, c'est-à-dire vouloir endosser toutes les responsabilités qui reviennent à un président de chasse. Antoine Berton en novembre 2011 avait fait un remarquable edito dans la revue nationale de la chasse plein de justesse à ce propos, cf fichier.

Nous sommes là face à une " fausse bonne idée" qui risquerait en cas de concrétisation de faire des dégâts...

L'actualité cynégétique par Jean-Philippe D'Issernio, nouveau DDT

Le job de Président de chasse

Tag(s) : #Faune-Nature-Ecologie et Chasse, #Vie des instances de la chasse, #Futur bail 2015-2024
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