Après le premier tour des régionales, les partis politiques établis de la gauche et de la droite traditionnelle se sont réveillés avec une grosse gueule de bois. On pourrait dire "encore", depuis le temps qu'ils alimentent en voix, le parti vierge d'exercice de pouvoir central et l’abstentionnisme.
Cependant au lieu de tenir des discours "clairs" prévus semble-t-il pour semaine prochaine, voire de faire profil bas, ils en restent encore et toujours à chercher le responsable qui est bien sûr toujours "l'autre".
Pourtant inutile d'être éminent politologue ou professeur à l'ENA pour expliquer la montée régulière d'un parti "vierge de responsabilités", c'est avant tout par rejet du système établi, incarné d'un côté par le Président François Hollande et de l'autre par l'ex-président Nicolas Sarkozy, soit par deux professionnels de la politique qui surfent sur l'échec et qui de plus veulent pour l'un, garder le pouvoir avec un deuxième mandat et pour l'autre, le reconquérir.
Hollande, "l'exemplaire" aurait-il remis le pays sur orbite et fait rêver ses électeurs selon les promesses faites à son camp ou Sarkozy aurait-il fait son mea culpa d'un mandat présidentiel raté, politiquement et personnellement ou aurait-il laissé sa place à un prétendant aux primaires des Républicains, le bipartisme qui caractérise(ait) la cinquième République n'aurait pas de soucis à se faire.
Les écologistes auraient-ils fait de l'écologie à la manière d'un Yann Arthus Bertrand ou d'un Nicolas Hulot ou d'autres défenseurs connus de l'avenir de la planète, au lieu de devenir des "politiciens", avec ce que cette fonction devenue un "métier" a de plus détestable, une autre alternative, un autre projet d'avenir aurait pu séduire les électeurs.
Ajoutez pour notre région dite "Grand Est" un mariage forcé venant de Paris qui ne satisfait personne, le souvenir d'un référendum massacré par les élus alsaciens eux-mêmes du bas et du haut-Rhin et vous comprenez aisément pourquoi une vague dite "bleue marine" déferle sur le pays en général et sur notre région en particulier.
Enfin, nos élites, enfermées dans "la Capitale", le politiquement correct, la langue de bois et les formulations toutes faites, se sont aussi pris les pieds dans le tapis pour avoir oublié simplement l'attachement patriotique au pays, ses racines, son histoire, sa culture, son mode de vie d'un très grand nombre de citoyens face à une menace perçue à tort ou à raison de ce qui est appelé pudiquement par le parisianisme, comme une perte d'identité.
Ce n'est pas par dépit, colère, rejet ou provocation que la France rurale se tourne massivement vers la droite qui leur parle, c'est le champ de la Marseillaise et les couleurs du drapeau qui l'ont portée, poussée ou réveillée.
Nos pros de la politique portent toute la responsabilité pour avoir été sourds, contrairement à ce qu'ils continuent de dire, aux signaux donnés à partir de 2002 par le "petit peuple". Aujourd'hui, la mondialisation, l'Europe de Bruxelles, les mouvements migratoires, le multi culturel sont perçus, à tort ou à raison selon les appartenances, comme des menaces et ont engendré l'émergence au "replis sur soi" et pas la fraternité (sortie de l'Europe et de l'euro, rétablissement des frontières, préférences régionales, barrières économiques), soit tout l'inverse de ce que veulent les états-majors parisiens.
Chacun d'entre nous a sa vision des choses, du monde, de son environnement, de sa vie. Ce cadre de référence nous vient des valeurs reçues au fil du temps (de la famille, de l'école, de la fac, de l'armée pour ceux qui ont encore fait le service militaire, du vécu, des attentes et désirs etc...). Même si aujourd'hui, le monde agricole ne représente plus en nombre beaucoup de concitoyens, nombreux sont ceux qui ont encore des racines rurales quelque part (cf l'attrait du salon de l'agriculture), avec ce que cela donne comme impact à l'attachement "au sol".
Depuis quelques années on nous vend du "made in France", de la marinière, du drapeau et de la Marseillaise avec des paroles qui sont, ne l'oublions pas, historiquement "un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère" (Wikipedia). Faut-il dès lors s'étonner que de nombreuses voix vont vers ceux qui n'ont cessé ouvertement de faire référence à la Grande Nation, au patriotisme. Paris, ses politiques et ses médias ont voulu le "vivre ensemble", surfer sur la vague de la coupe du monde de foot de 98. En théorie, cela aurait pu fonctionner la France n'est(était)-elle pas "tous Charlie" ? En pratique cependant, les grands sentiments, les idéologies sont vite balayés par la "real politique" du monde et tout ce qu'elle peut avoir de cruel, destructeur pour l'unité. Aujourd'hui, "nous sommes en guerre" déclarée par "le chef de notre armée", hélas contre une hydre comme dans la mythologie, à qui il faut couper toutes les têtes en même temps pour qu'elles cessent de repousser. Autant dire que ce n'est pas pour demain qu'on retrouvera la paix signée par un "Armistice", l'ennemi étant des individus, des clandestins vivant ou circulant en France et dans le monde, des organisations et non un pays.
Maintenant, s'il est facile de faire un constat qui au final montre que l'endoctrinement UMPS n'a pas réussi à casser celui de "Jeanne d'Arc", mais au contraire à le développer, nul ne sait ce qui nous attend. C'est du changement que vient la peur. Beaucoup d'électeurs pensent que nos gouvernants actuels et du passé méritent la sanction parce qu'ils n'ont tout simplement pas été "bons" dans l'exercice du pouvoir et oublié "l'ancrage dans les sillons" des campagnes et de ceux qui y sont attachés. Lundi, selon les résultats, la gueule de bois risque cependant d'être le grand gagnant avec ceux qui auront fait sauter les bouchons de champagne toute la nuit et ceux qui auront noyé leur chagrin en craignant une fracture violente du pays.