Depuis jeudi dernier, la campagne 2017 de protection des champs de maïs a été lancée par le Directeur du Fonds d'Indemnisation des Dégâts de Sangliers du Bas-Rhin, à travers un courriel à l'ensemble des adjudicataires. Tous les territoires concernés par sus scrofa et son appétence pour les épis en laitance sont cordialement invités et à juste titre, à faire preuve de vigilance en zone cultivée et de dissuasion en forêt par l'agrainage linéaire et l'absence de tirs.
Déjà plus de 80 ha de dégâts en plus que l'an dernier, des territoires forestiers aux stocks reconstitués après les adjudications, des territoires historiquement pointés dans le palmarès des "mauvais élèves", de quoi effectivement être nerveux du côté de l'organisme d'indemnisation des agriculteurs. Tout porte donc à croire que le cru 2017 ne sera pas excellent, du moins pour certains secteurs, vraisemblablement même très mauvais.
De fait, sur le terrain, ca croque déjà bien en certains endroits du département, ce qui est effectivement de mauvais augure, sans pouvoir véritablement définir des critères de comportement. En certains endroits, les sangliers sortent après 23 heure, ailleurs, il faut attendre 3 heure du matin. Ici, ils refusent de se découvrir et utilisent les écrans naturels pour se rendre invisible du chasseur. Là, ils traversent sur 300 mètres une zone totalement découverte pour se rendre dans le champ convoité. Une chose est certaine et constante pour chaque "veilleur de nuit", une fois le sanglier calé entre les rangées de maïs, sa nuit devient longue et sa journée courte. Là encore, certaines bêtes noires sont bruyantes comme prises de frénésie face au "frais" après des mois de déshydraté, d'autres sont à peine audibles tout en couchant les tiges.
Celui qui a l'expérience des sorties de nuit sait qu'aucune nuit ne ressemble à une autre pour des tas de raisons. La première est sans nul doute la météo. A la chaleur succède la pluie, le vent, la brume. Une fois, le ciel est étoilé, une autre assombri par un orage menaçant. Selon le calendrier, la lune accompagne votre veille et la rend plus dynamique, selon son inclinaison, elle vous aide ou vous dessert. De tout cela, le sanglier n'en a que "hure". Lorsqu'il est en grande quantité, l'offre de maïs fourni par l'agraineur ne suffit à remplir tous les estomacs et comme dit, rien ne vaut le frais ce qui le pousse à sortir inlassablement. Seul le sang coulé à répétition va arrêter les survivants, à moins qu'une nouvelle compagnie ne prenne le relais.
Avec le tir de nuit, on sait lorsqu'il commence, mais rarement lorsqu'il s'arrête, ce qui oblige a être constamment en surveillance du territoire, surtout si le territoire est fait de cultures et de prés. Très vite, l'adrénaline de la rencontre de nuit peut céder la place à la lassitude et à la fatigue. Actuellement, l'avantage est indéniablement du côté de sus scrofa, avec une météo pluvieuse, venteuse, ce qui rebute plus d'un chasseur à "faire le travail". Sans un brin de chance, vous pouvez vous arrachez les yeux dans la pénombre, voire ne rien capter de la présence de sangliers, pour peu que vous ayez le bonheur d'avoir devant vous un "océan de maïs".
Certains vont payer cher leurs errances hivernales oubliant volontairement fin janvier que chaque petite femelle de compagnie va faire dans l'année trois-quatre "petits" comme il se dit, multiplié par... et vous vous retrouvez actuellement avec trente morts de faim dans un maïs.
On ne va pas refaire le débat, mais ce n'est pas l'été dans les cultures que se joue la facture, c'est l'hiver aux battues. Quand à la fermeture de la chasse, la classe jeune saute encore joyeusement de layons en layons, vous savez que vous allez "engendrer la misère". Mais voilà, le sanglier est devenu un gibier de tir, sans lequel les chasses de forêt seraient "invendables", pour bailleur et locataire, alors on continue à se voiler la face au moment où on peut ou on se doit d'agir, en l'occurrence en hiver et au printemps au plus tard.
Lorsqu'à l'affût on continue à être fier de soi, d'avoir sorti le petit mâle pour réserver la reproduction, on assume par la suite. Trois belles "mamas" préservées fin février aux cent hectares valent mieux que cinq petites laies de 25 sans meneuse. Mais voilà, le chasseur a souvent un "coeur d'artichaut", plus il a de feuilles, plus il aime, oubliant que la sauce au maïs est aussi amer que la vinaigrette servie obligatoirement par le FIDS 67 à l'heure des comptes.