"Personnellement, êtes-vous favorable ou pas favorable à l’interdiction de la chasse le week-end et pendant les périodes de vacances ?".
Vous posez cette question sous forme de sondage après un week end d'accidents de chasse touchant des non-chasseurs, vous parait-il étonnant d'avoir 69% de réponses prônant l'interdiction ? Pas besoin de faire une enquête Ipsos pour savoir que le non sortirait avec une large majorité. Dans le même sens, faites un sondage après un accident nucléaire causant des victimes sur l'arrêt des centrales et vous aurez le même verdict. Ce genre de manipulation de l'opinion par médias interposés porte un nom la démagogie, si on se donne la peine d'en prendre la définition :
"Le discours du démagogue sort du champ du rationnel pour s'adresser aux pulsions, aux frustrations du peuple, à ses craintes. En outre, il recourt à la satisfaction immédiate (formellement) des attentes, ou des souhaits les plus flagrants du public ciblé, sans recherche de l'intérêt général mais dans le but de s'attirer personnellement la sympathie, et de gagner des soutiens.
L'argumentation démagogique doit être simple, voire simpliste, afin de pouvoir être comprise et reprise par le public auquel elle est adressée. Elle fait fréquemment appel à la facilité voire à la paresse intellectuelle en proposant des analyses et des solutions qui semblent évidentes, sans une dose (nécessaire, et suffisante) d'imagination".
Tout est dit par Wikipedia ou tout autre dictionnaire. Cette forme de faire de la politique ou campagne électorale est simplement détestable, irritable, nulle. La chance pour Jadot et la malchance pour le monde de la chasse, c'est que tout juste après le buzz recherché du monde de l'écologie, il y a eu deux "nerveux de la gâchette" pour faire sombrer le navire cynégétique et mettre au firmament l'interdiction de la chasse le dimanche et les jours fériés.
Mais au fond que reproche-t-on à la chasse en dehors de tuer des animaux ? En premier de "privatiser la nature", de ne pas laisser l'entière liberté de circulation à tous ceux qui veulent des espaces ouverts gratuits sous toutes leurs formes d'exploitation et de jouissance. Que des innocents soient victimes d'accidents et comment faire pour l'éviter n'est pas du tout le sujet . S'il l'était, alors pourquoi ne pas demander l'arrêt de la circulation des voitures et des camions qui fait 6 millions de victimes animales par an et des centaines de morts innocents, juste parce qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment ? Où est la limite entre un conducteur alcoolisé ou "stupéfait", un chauffard qui fauche des innocents sur un trottoir ou un conducteur qui provoque une grave collision par non respect de la vitesse et le chasseur qui ne respecte pas les règles de sécurité ? Pour autant aucun politique ne demande la fin de la circulation routière ou celui des camions ? La démagogie pourtant le permettrait.
Prenez un novice en matière cynégétique ou un non-chasseur ouvert au débat ou à l'interrogation et expliquez lui par des récits de chasse ce que vous faites,comment vous pratiquez, ce que vous vivez, pourquoi la chasse a du sens, voire est une nécessité, faites le réfléchir sur des alternatives possibles réalistes, si tant soit peu elles existent et vous n'aurez sans doute pas le même pourcentage d'opposition. Mais qui dans l'état de la société actuelle veut encore suivre un chasseur ?
Si je prends l'intérêt que peut susciter un de mes articles sur la chasse comparé à un autre plus provocateur ou vendeur, les statistiques de lecture ne sont pas les mêmes. Parler de la chasse et de son noble déduit fait d’éthique, de respect et de rigueur n'intéresse pas grand monde ni en interne, ni en externe.
Le grand public sait-il faire la différence entre la chasse individuelle et la chasse collective, voire sa réglementation ? Connaît-il les différences de pratique selon les départements ou régions ? Non, il fait un amalgame. Je prends un exemple vécu cet été par un chasseur ami en territoire dit péri-urbain. Il sort à l'affût du soir au mirador dans le cadre du plan de chasse chevreuil. Le problème, une promeneuse le voit installé sur son échelle. Peu de temps après il est interpellé par les gendarmes locaux sur place pour "mise en danger d'autrui". La promeneuse s'estimait en danger physique avec une personne armée dans son périmètre de promenade, sans gilet fluo... et panneau de signalisation de chasse en cours... Ni la promeneuse, ni les gendarmes ne connaissaient la légitimité de la présence du chasseur, mais le "méchant" était le chasseur. Là nous sommes dans le débat sur le fond du problème, chasse et utilisation de la nature par autrui ou liberté de circulation sans chasse. ET , AVEC ou SANS, c'est le même débat que pour le grand gibier et la volonté de l'éradiquer pour faire pousser et exploiter la forêt. Dans l'ancien monde c'était avec, aujourd'hui c'est sans.
Pour la nature se sera pareil, sans la chasse, peu importe les conséquences. Le rurbain majoritaire veut des parcs, des sanctuaires, humaniser le monde animal, comme Disney l'a fait pour s'échapper de la misère de la vie en mégapoles. Quand Madame Pompili, Ministre de la Transition écologique et écologiste, dit "le week-end sans chasse est une idée sur laquelle on doit avoir un débat", absolument d'accord, mais "manipulé" par quels interlocuteurs, par l'expertise ou l'affect, par la reprise des arguments des caisses de raisonnance véhiculés par les réseaux sociaux et les sondages ?
Ne nous faisons pas d'illusions. D'un autre côté, pour les auxiliaires de chasse que nous sommes devenus par la contrainte, ça nous fera aussi du temps libre et des nuits nettement plus longues pour dormir sans avoir à jouer les gardes champêtres à longueurs de mois pour la paix sociale du monde agricole. Mais de cet aspect qu'est devenue une partie de la chasse pas grand monde n'est intéressé.