Le monde adore à se faire peur et la moindre info qui peut donner à laisser penser à une catastrophe sanitaire, merci la Covid venue de Chine, est très vite exploitée, comme pur bonheur médiatique. Factuellement la peste porcine africaine se rapproche du 67 avec comme sentence des mesures drastiques préventives confinées à la Rhénanie-Palatinat à l'encontre des populations de sangliers. L'avancée vers l'ouest à partir de l'Allemagne est factuelle mais de là à la voir venir en Manche, fief des éleveurs porcins, relève du délire, à l'instar du sketch de Bigard, la chauve souris.
Pour qu'il y ait passage de la peste porcine africaine ou classique vers le porc d'élevage, il faut toujours et encore contact direct entre sanglier infecté et porc domestique. Pour l'instant le 67 n'enregistre aucun cas de découverte d'un sanglier mort douteux, sachant toutefois qu'en cette période les conditions de découvertes ne sont pas optimales, sauf à recourir à des drones ou des chiens spécialisés. Ensuite, le risque de contamination par "flirt" entre un sanglier et un porc en enclos ou muré dans une ferme relève de l'exploit. A ce sujet, il aurait été judicieux d'indiquer par la FDSEA dans l'article, combien d'élevages de porcs en plein air existent seulement dans le 67 et particulièrement proche de la zone des 78 kms ?
Maintenant quid de l'exportation par l'homme, éleveur ou chasseur ? Aucune clôture ne peut l'empêcher, seule des mesures préventives de précaution et d'hygiène peuvent être efficaces, les protocoles sont là pour encadrer les actions à mener, à commencer par ne pas toucher un animal mort, en l'occurrence pour le chasseur un sanglier en forêt ou pour l'agriculteur dans un champ en période de moissons, comme cela peut-être le cas actuellement avec la récolte du maïs.
Reste les incivilités du citoyen qui consistent à balancer des restes alimentaires le long des routes, en forêt, lors de pique-niques, de haltes sur des parkings, de camping sauvage, etc... ou du chasseur en forêt avec la dispersion illicite de denrées autres que le maïs autorisé pour l'agrainage. Viandes, charcuteries, denrées alimentaires porteuses du virus, rien de mieux pour démarrer ou propager la PPA via le sanglier. Conclusion, comme souvent, là où il y a de la merde, l'homme n'est jamais loin.
Donc si tout le monde joue le jeu, la PPA ne devrait devenir un sujet pour le chasseur alsacien et les autorités, d'autant plus que la FDC est prête à faire barrage à la frontière avec nos voisins allemands, si jamais la chauve souris devait réussir l'improbable, ou l'homme manquer de prudence et de responsabilité.
Bref, vigilance oui, jouer à se faire peur, non, surtout pas profiter du contexte pour faire la peau du sanglier par effet d'aubaine parce qu'en forêt les gestionnaires du bois n'en veulent plus et en zones cultivées pareil.