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Du temps de la loi du 7 février 1881, selon le principe du "Hegen" un territoire de chasse était considéré "comme un champs à cultiver et l'exploitation du gibier devait se faire comme celle du produit d'un sol". Cette vision montre combien nos anciens sentaient bien les choses, faisaient de l'écologie naturellement, sans idéologie ou politique politicienne.

Avec le remembrement agricole cette notion a complètement été écartée au profit de la mise en place de parcellaires agricoles moins atomisés pour augmenter les rendements, faire émerger l'aire de la mécanisation, de l'industrie agro-alimentaire. Aujourd'hui, avec l'avènement des déserts cynégétiques et le déclin du petit gibier, le fond du trou est atteint et aucun indicateur ne permet d'espérer une inversion prochaine de la courbe. Le "produit" chasse au petit gibier est désormais en fin de vie de son cycle écologique.

Les raisons sont nombreuses, connues, mais il y en une qui est rarement mise en avant, l'absence d'un remembrement cynégétique. Quand la commune met sa chasse sur le marché, la location porte selon le cahier des Charges sur "l'ensemble du territoire communal, à l'exception des chasses réservées et des terrains militaires, des emprises de la SNCF, des forêts domaniales, des forêts indivises, des terrains clôturés". Il suffit de prendre une carte du département pour se rendre compte que cette répartition des territoires de chasse ne tient plus la route, en tout cas en plaine.

Une chasse de petit gibier c'est d'abord une capacité à tenir une petite faune sur un territoire, à partir d'un biotope nourricier, protecteur et favorable à la reproduction. Dans ce sens, la consistance des lots et leur configuration est prépondérante. Hélas, le parcellaire suit le ban communal ou intercommunal, ignorant celui du village voisin, avec au final des limites aberrantes et absolument pas ou plus cynégétiques. Or avec la disparition en cours du petit gibier, lorsque chaque pièce compte, ce type d'offre de territoires va à l'encontre de sa survie. Deux types de chasseurs différents, un gestionnaire et un tireur ne peuvent s'y côtoyer avec des parcelles qui s'interfèrent.

Certes, les approches ou visions différentes entre chasseurs ne sont pas du ressort d'une commune, n'ayant aucune obligation de résultats, il n'en reste pas moins qu'elles peuvent, selon la sensibilité, avoir une obligation (morale) de moyens, au profit du maintien d'une biodiversité, voire d'un patrimoine. En tout cas, si on veut respecter le principe ancien que l'exploitation du gibier doit se faire comme celle du produit d'un sol, un remembrement cynégétique devrait se discuter et se faire.

Nous avions neuf années pour y réfléchir et pour le faire, au regard de l'obligation des communes de louer l'ensemble de leurs territoires, des enclaves privés, des biotopes, des parcellaires, des tracés des routes et autres infrastructures. L'esquisse d'une réflexion n'a jamais même été envisagée par les acteurs d'un tel dossier.

Pourtant, si on veut encore y croire, si on veut sortir du "tout sanglier" en plaine, c'est bien une refondation totale du système qu'il faut faire.

Pour les espaces péri-urbains où les élus se rendent compte que leurs territoires deviennent de moins en moins favorables à l'exercice de la libre-chasse dès lors qu'on veut privilégier le libre accès à ses électeurs et le développement des loisirs de pleine nature, ce qui peut se comprendre, seul un classement en "réserve naturelle" peut leur permettre d'échapper à la contrainte de la chasse. Le débat n'est cependant pas le même dans la mesure où ces territoires sont forestiers, peuplés avant tout d'ongulés, en pleine santé et que très vite des "rangers" vont se substituer au chasseur, faute de candidats prêts à accepter les contraintes liées à ce type d'offre à l'avenir et surtout la facture des dégâts de sanglier.

Pour la plaine, en particulier péri-rurbaine et sans grands espaces boisés, la problématique reste entière. Non seulement il va falloir aux bailleurs intégrer le dossier dégâts, en particulier sanglier au regard de la variable FIDS 67, inacceptable pour les chasses à biotope petit gibier, le dossier quiétude de l'exercice de la chasse, mais aussi l'aberration des limites des bans en l'absence de remembrement cynégétique.

Autant dire, que ce soit librement choisi, décidé ou contraint par la perte de candidats chasseurs face au désert cynégétique et la montée des dégâts, il paraît inéluctable que tôt ou tard nous viendrons à un mixte entre rangers-chasseurs et bailleurs, soit un copier-coller du système allemand, celui de la pleine responsabilité des dégâts pour le "régulateur", moyennant un prix à l'hectare de 50 cents la plaine et 4-5 euros la forêt à sangliers en zone de dégâts. Mais au bout du compte, tout cela resterait dans le domaine du compromis et éloigné de la chasse que nous aimons, celle qui dit, comme tous les auteurs cynégétiques du passé, qu'"il n'est pas de chagrins, de soucis, de contrariété qu'une immersion dans la nature avec son chien et son fusil ne puisse faire oublier, momentanément". Olivier Dassault.

Tag(s) : #Aménagement du territoire et petit gibier
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