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Le mythe de la transposition sociale du loup sur le chien familier  ©

Vivre avec un ou des chiens devient une aventure heureuse, tant pour l'homme que pour l'animal, à partir du moment où la relation s’appuie prioritairement sur ses modes de fonctionnement, autrement dit ses codes sociaux. Toute personne vivant avec un chien a ainsi tout à gagner à savoir faire la lecture de son animal. Mais connaître les principes relationnels entre chiens ne suffit toujours pas encore à créer un climat d’entente entre l'homme et son animal.

Ce serait oublier l'impact d’autres notions fortes comme la communication et le dressage. Trop d'erreur sont souvent commises au cours de ces phases dans la relation homme/chien, avec pour conséquence des dysfonctionnements, pouvant aller jusqu’à une nécessaire étude comportementale par le cynomane du système familial auquel appartient le chien. Le chien est un mammifère social, comme déjà souligné ce qui le pousse à se « marier » à l’homme. Mais le considérer comme un membre de la famille, exclut pour autant de lui accorder plus d’importance qu’il ne mérite. Son monde reste celui des chiens, certes chez les humains, mais à sa place, surtout dans son jeune âge.

Hors de question que nos chiots en particulier, parce qu'ils sont si mignons et si fragiles, ne deviennent « les chiots roi » et finissent par nous échapper par manque de codes de bonne conduite. Le chien ne connaît pas d’ «âge de la raison» ! Il est donc capital de lui apprendre, dès le départ, à partager son espace de vie avec nous et à adapter ses capacités à l’environnement humain. Pour autant, inutile, contrairement à ce qui est encore trop entendu ou écrit, de chercher à le soumettre à notre autorité ou de vouloir exercer une dominance sur lui pour être reconnu comme chef de meute.

Envisager une telle pratique, c’est faire un choix inutile, nos chiens familiers ne sont pas « programmés » pour négocier une hiérarchie interspécifique. Ils n'ont pas la représentation du pouvoir comme l'homme et ne vont donc pas revendiquer une place de "chef de famille". C'est l'absence de cadrage qui oblige les chiens à prendre le pouvoir à l'homme. Dans sa relation avec nous, le chien n’a aucune envie de dominer. Il sait que l’homme se tient au-dessus de lui. Ainsi, trop souvent, on croit que le chien obéit, parce qu’il a compris que l’homme est son « chef de meute ou Alpha, comme chez le loup ». En réalité, il se soumet seulement à ce qui lui a été demandé.

Lorsqu’on parle du chien, deux références dominent souvent les débats :

  • l’organisation sociale des loups
  • et la notion d’Alpha qui en découle

Ce mythe de l’homme « équivalent Alpha est devenu l’image la plus fréquemment véhiculée dans les milieux canins, notamment celui du dressage. Pourtant, aussi séduisante que soit cette représentation de l’homme chef de meute, la transposition du comportement social du loup sur le chien vivant en meute humaine n’est pas forcément applicable. Ce serait oublier que beaucoup de propriétaires ne sont déjà pas capables personnellement d’endosser ce rôle de leader, ou n’en ont tout simplement pas envie, ce qui ne les empêche pas, le cas échéant, d’avoir des compagnons parfaitement adaptés. Ce serait continuer à croire qu’il existe une hiérarchie interspécifique, c’est-à-dire entre l’animal et l’homme. Ce serait oublier ce qu’Hubert Montagner nomme les "contraintes modelantes", mises en place par l’homme à savoir :

  1. La contrainte génétique, celle par laquelle l’homme modifie les comportements du chien, hérités du loup.

L’accouplement « dirigé » est le tribut payé par le chien à la sélection qui avec le temps, fait que les races de chien finissent par s’exprimer dans un idiome dérivé de la langue commune à l’espèce.

Deborah Goodwin, John Bradshaw et Stephen Wickens, de l’Institut d’anthropozoologie de l’université de Southampton ont très bien démontré cet écart comportemental des chiens avec les loups, à partir d’une observation sur quinze signaux de dominance et de soumission. A partir de 10 races canines étudiées, ils ont ainsi pu établir une liste de « ressemblance » avec les loups. Les chiens pris en compte et donné encore comme les plus proches du loup en terme de communication canine restent par ordre décroissant :

Le husky sibérien avec 15/15

Le golden retriever

Le berger allemand

Le labrador

L’épagneul de Munster

Le cocker

Le berger des Shetland

Le bouledogue français

Le terrier du Norfolk

Le cavalier king-charles 2/15

A en croire l’étude, plus une race est donc génétiquement éloignée de la souche des loups, plus il est difficile pour elle de comprendre la signification des postures, de communiquer intra-spécifiquement. Son potentiel de « socialité » change.

Pourtant les références à la relation homme/chien fondée sur celle du loup restent nombreuses, en matière de dressage notamment. Certes, le chien familier descend du loup, mais l’homme aussi de celui de Cro-Magnon. Il ne viendrait aujourd’hui, à l’idée de personne de fonder sa communication sur celle de l’homme préhistorique ! C’est pourtant ce qu’on fait encore en partie avec bon nombre de chiens familiers alors qu’ils n’ont plus la capacité de décoder le type de communication du loup.

2. la deuxième contrainte vient de la domestication qui voit le chien vivre en famille avec l’incorporation d’autres comportements. Le chien familier reçoit de l’homme des signaux qui s’ajoutent, voire modifient les codes sociaux du chien.

Les postures, mimiques, vocalises produites par l’homme sont en effet, largement plus nombreuses que les signaux émis par les congénères.

Ainsi, le verbal de l’humain modifie-t-il pour le chien la compréhension de l’homme. Faut-il dès lors que le chien fasse preuve d'intelligence ou de soumission, en tout cas de sens de l’adaptation pour pouvoir rester un ami fidèle de l’homme !

3. La dernière contrainte est environnementale.

Elle a pour conséquence de sortir le chien familier de son terrain d’origine, la nature, pour le conduire vers la maison, l’appartement, les croquettes. Ainsi, des comportements « naturels » finissent-ils par s’éteindre, comme la prédation, la non-fuite, le non-évitement, la non-peur de l’homme. Le chien devient complètement dépendant de l’être humain.

Toutes ces nouvelles donnes placent, plus que jamais, le chien familier en situation difficile. Il se trouve dans son évolution, dans une nouvelle phase de vie « contrainte » par l’homme. Ainsi, après avoir perdu sa vie de chien, pour épouser celle de chien familier, il est conduit dorénavant de plus en plus, vers un nouveau statut celui de chien humanisé, avec les excès qui en résultent.

"Vos amis vous quitteront dans le malheur, votre maîtresse vous délaissera pour cette cause et pour bien d'autres encore, votre femme peut être ne se souviendra plus de la foi jurée; votre chien restera là près de vous, toujours; il viendra mourir à vos pieds, ou si vous partez avant lui pour le grand voyage, il vous accompagnera jusqu'à la dernière demeure." Elzéar Blaze.

Tag(s) : #Bien vivre avec un chien
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