Pour la chasse, chaque tir accidentel est de trop, faute pour certains d'avoir oublié que chacun est responsable de son acte, au moment où il appuie sur la queue de détente. Il ne peut y avoir de circonstances atténuantes possibles. Chacun d'entre nous a, dans sa vie de chasseur, connu à un moment donné ou un autre, une situation de sueurs froides, soit parce qu'une balle voisine n'a pas passé loin des oreilles, soit parce qu'il a pris des éclaboussures en plein corps d'un tir à proximité, non respectueux de l'angle de sécurité des 30°, soit parce qu'il a lâché une balle à risque, après réflexion. Mais, c'est le risque à assumer de la pratique de l'activité de chasse, comme tout autre discipline sportive à risque plus ou moins fort.
Lorsqu'un accident touche un non pratiquant, juste parce qu'il était présent au mauvais moment au mauvais endroit, à tort ou à raison, nous ne sommes plus dans une acceptance, nous sommes certes dans une situation de faute délictuelle, mais surtout dans un drame qui ôte la vie d'un(e) innocent(e), qui détruit la vie de l'auteur.
Evidemment, l'émotionnel va provoquer de vives réactions un peu partout, les réseaux sociaux vont s'affoler, les pétitions fleurir, les yaka faukon faire la leçon, de nouvelles mesures tomber, mais la récente limitation de vitesse à 80km/h enraye-t-elle les morts sur la route, les panneaux peuvent-ils éviter le hors piste dans les stations ? Dans la vraie vie, c'est toujours compliqué, car l'homme est complexe, le risque zéro à la chasse restera ainsi un but à atteindre, mais pas un objectif réalisable, statistiquement des milliers de projectiles étant lâchés annuellement dans la nature.
Pour autant, faut-il rester les bras croisés ? En interne, il est question de faire des formations de tous les chasseurs pour rassurer le grand public. Faut-il rappeler que depuis des années à chaque battue, au rond, sont lus immuablement les consignes de battues rédigées par les Fédérations, au point que chacun d'entre nous les connaît par cœur. S'il suffisait de faire de la sensibilisation, il n'y aurait plus quotidiennement de retraits de points au permis de conduire via portables au volant, fumettes ou pastis. Non, si une mesure peut aider vers les utilisateurs de la nature, c'est peut-être la publication des dates de battues sur les sites des communes. Chaque village a pratiquement aujourd'hui sa page internet. Les dates de battues sont à déclarer par les chasseurs aux communes. Un simple reporting suffirait pour informer le promeneur qui veut sortir. L'erreur serait de voir fleurir des sites dédiés ou des applications tous azimuthes. L'unité de lieu d'information, renseigné en temps réel par l'organisateur de battues auprès des communes pourrait être un premier test à envisager.
Maintenant, l'information est une chose, elle existe déjà par le biais des panneaux de signalisation posés le jour même par les chasseurs à l'entrée des enceintes de battues. Le gros hic, ces panneaux signalisent seulement la présence de la battue, "Attention, chasse en cours", sans plus, éventuellement l'attention est attirée sur le danger lié aux tirs de balles. Et après ? Et alors ? Tous les chasseurs sont régulièrement confrontés au promeneur qui passe malgré tout pour des tas de bonnes-mauvaises raisons :
- pas envie de modifier l'itinéraire, de faire demi-tour, voire de changer de secteur. "J'ai décidé de me rendre à la Tour de l'Ungersberg aujourd'hui et ce n'est pas vous qui allez m'en empêcher ou de m'en dissuader..."
- par bravade, par défi, par provocation, par inconscience. Lorsqu'un individu ou un groupe passe en revue une ligne de postés, histoire de déranger ou peu importe, pourquoi pas, mais lorsque le chemin emprunté traverse le milieu de la battue à un endroit où les tireurs ne peuvent apercevoir une personne ou le promeneur apercevoir un chasseur, le problème est autre. Souvent l'utilisateur de la nature vous dit, "mais il n'y avait personne" ou "on n'entendait rien" en parlant des traqueurs ou des tirs, "je croyais que c'était fini". Ben non, s'il y a un panneau ce n'est pas par hasard.
- par envie de déranger les chasseurs pour ne pas dire les emm..., histoire de venir au secours des grands animaux. Ce phénomène prend incontestablement de l'ampleur, il suffit de regarder du côté des #, des tweets, plus généralement de tous ceux qui militent pour l'arrêt de la chasse ou les jours sans chasse. Et là le problème devient encore plus complexe, car on entre dans le frontal et aucune mesure ne sera satisfaisante pour ce type de comportements, l'objectif pour ces personnes et les "idiots utiles"*qui sont agités par eux, n'étant pas d'accroître la sécurité des utilisateurs de la nature., mais l'arrêt de la chasse.
L'arrière plan de la campagne de presse actuelle sur fond de tués à la chasse après pétition de masse n'est pas anodin et oblige le gouvernement à entrer dans la danse. Si vraiment le deal est de protéger les utilisateurs de la nature, une seule mesure s'impose, dictée par le bon sens : sortir de la signalisation et aller dans la fermeture au public des périmètres chassés. Le Préfet le fait lors de battues administratives avec renforts de gendarmes, pourquoi le monde de la chasse doit-il rester limité à un panneau que tout le monde ignore royalement ?
That is the question, même si on peut anticiper la réponse ! je mettrai bien une pièce dans le nourrain du chasseur, la mule la plus facile à charger !
* "20% de discours, promesses et rêves, 80% de réalité cachée = 100% de pigeons. (Vladimir Poutine)