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Rendre la chasse toujours plus contraignante à chaque occasion qui se présente pour parvenir tôt ou tard à la fin de la pratique de la chasse et passer à l'utopie de la gestion des espèces par la nature ou à une planification digne des temps soviétiques, tel est le projet de tous ceux qui, selon la communauté d'appartenance, pensent défendre la cause animale ou veulent le maïs, l'argent de la forêt et le chasseur-payeur qui va avec ou voient derrière chaque gilet rouge un appropriateur de la nature qui menace la libre exploitation des loisirs dits de pleine nature. La rédaction conflictuelle durant un an et demi du Schéma Cynégétique du Bas-Rhin fait partie de la lutte finale.

Lorsqu'il faut sortir un pavé de 221 pages et joindre 66 pages d'annexes pour expliquer au monde des non-chasseurs le sens de la chasse, pour arracher des compromis avec tous les représentants invités au tour de table rédactionnel ou se mettre en conformité avec une foultitude d'orientations prises au fil des ans par les uns et les autres de Bruxelles à Paris, la chasse a tout simplement un gros problème.

Nous vivons dans un monde qui aujourd'hui perd progressivement tout sens de la mesure. Percevoir la nature n'est pas la vivre, avoir des croyances demande de passer par le vécu d'expériences propres et non par le relais de caisses de raisonnance en tous genres. Trop d'affirmations, trop de convictions personnelles malmènent la vérité et finissent, selon les sensibilités, par permettre d'affirmer tout et son contraire. Faut-il toujours devoir tout justifier, mettre tout acte dans des cases pour le valider alors que la chasse remonte à la nuit des temps, a permis à l'homme de sur-vivre, vivre, se développer. Evidemment aujourd'hui nous ne sommes plus dans cette configuration et l'ordre naturel de l'évolution de la vie et des sociétés voudrait qu'on puisse affirmer sans provoquer de tollé et retenir une fois pour toute que la chasse est devenue tout simplement un loisir. Et bien non, mission impossible de dire dans un schéma cynégétique que la chasse est d'abord "une activité de temps libre" Elle est, comme le souligne la définition de toutes les activités de loisirs, "un moment  dont on peut disposer librement en dehors des ses occupations habituelles et des contraintes".

Pour rendre la chasse acceptable ou plutôt l'acte de prédation par armes ou flèches, il faut aujourd'hui l'inscrire dans des formules toutes faites, galvaudées, comme "la ruralité", la mettre dans des missions scientifiques, d'observation, de préservation de biotopes et d'environnement, la soumettre aux revendications "citoyennes", syndicales, au nom de la paix sociale, sans trop encore se préoccuper de ce qui se passera le jour où la chasse "sera soumise". Tout ce charivari reste empreint de beaucoup d'hypocrisie, le monde agricole hurle ses pertes d'exploitation, mais il ne pipe lorsqu'il déverse des tonnes de fumiers sur un champ de blé avant récolte, gagne quelques sous avec l'argent de l'agrainage, perd des ares de récoltes sous les roues des tracteurs, fauche faons, nichés et levrauts, déboise-arrache-traite tout ce qui gêne le machinisme ou lui paraît sans valeur au détriment de la nature et des paysages, mais au profit des coulées de boues, du balayage des terres par le vent et de l'essorage des sols par les intempéries. Le monde forestier perd ses grands arbres sous l'effet du changement climatique, de la mécanisation de l'exploitation, des tempêtes de plus en plus nombreuses, de ses contrats avec l'industrie et le commerce du bois, etc...http://www.veillecynegetique67.com/2018/10/amenagements-de-la-foret.html, mais c'est le gibier qui est l'accusé. Quant à la nature récréative, parc d'attraction sous l'emprise du business du tourisme, de l'événementiel et des grands fabricants de matériels, elle est de plus en plus la proie et victime de la pression humaine en besoin d'évasion, de sensation, de défoulement, de compensation, des applications, de la surpopulation, de la densification des campagnes, d'une vision angélique de la nature relayée par les documentaires, parcs et autres vecteurs provoquant l'envie d'aller à la rencontre du monde des animaux en milieu naturel. L'exemple de la perturbation du déroulement du brame du cerf en est un parmi d'autres.

Personne ne "lave plus blanc que blanc" et la chasse de par sa finalité qui passe par la mise à mort encore moins. Autant il est facile de jouer sur les amalgames, lorsqu'un "fait divers" de chasse est mis médiatiquement en scène, autant le quotidien du chasseur individuel est en principe in-transposable au grand public. Une brebis galeuse ne peut entraîner la destruction de tout un troupeau. En ce sens la Go-Pro, You Tube, les forum et les réseaux sociaux  avec les commentaires et les mises en scène individuelles ont un effet dévastateur sur le grand public en recherche de comportements accusateurs. Il est des fois où le chasseur "sage" devrait l'emporter sur sa mise en avant. Pourquoi chassons-nous ? Sans doute pas pour faire parler de soi, avoir le plus grand nombre de vues, de like et d'amis. Faire corps avec la nature, observer, préserver, quelque fois prélever sont des moments suffisamment forts par eux-mêmes pour rester un privilège à soi avant tout, partageable par le récit avec ses plus proches. Point besoin de faire le "Tartarin" pour exister ou être reconnu.

"L'important n'est pas de vivre, mais de vivre bien". Cette maxime de Platon est aisément transposable à ce que devrait être la chasse facile à défendre : "l'important n'est pas de chasser, mais de chasser bien". Chaque sortie, notamment individuelle est différente et doit permettre de se rapprocher de l'envie de faire au mieux : privilégier la jumelle à l'arme, venir sur le territoire sans perturber, observer sans être vu, approcher sans être détecté, s'émerveiller devant les instantanés offerts par faune et nature, être capable de gracier, même en limite de voisinage, s'appliquer dans son tir, être partagé entre joie et regret de ne plus revoir un animal tiré, apprendre de ses erreurs, prendre soin du gibier vivant et tiré, partager et transmettre.

Deux cent vingt et une page ne feront jamais un chasseur, simplement un auxiliaire au nom d'un équilibre agro-sylvo cynégétique rompu progressivement par des dérives de tous les acteurs du dossier, sur fond d'argent, d'intérêts divergents, de pertes de valeurs, de combats politiques. 

Tag(s) : #Faune-Nature-Ecologie et Chasse
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