L'arrêté préfectoral fixant les périodes de chasse pour la saison 2020/2021 du Bas-Rhin a été signé le 22 mai après la consultation du public, passage démocratique obligatoire du texte devant l'opinion publique. Peu de chasseurs s'intéressent en général ni à la consultation, ni à la synthèse des positions apportés par les citoyens. Mais, consulter les commentaires laissés, dans notre cas 257, est toujours intéressant, en particulier pour prendre la température ambiante générale autour du climat de la chasse.
Seuls trois avis sont exprimés par des chasseurs locaux et 254 viennent du monde des anti-chasses dont "la plupart des auteurs résident en dehors du département". Pouvait-il en être autrement ? Que nenni. Toute occasion est bonne pour répéter en boucle, en caisse de résonance, les thèmes polémiques, voire haineux du chasseur tueur, privatisant les espaces naturels, polluants l'environnement, mettant en danger toute forme de vie, etc, etc... Il faut vivre et faire avec, dans ce genre d'exercice l'important n'étant pas d'exprimer ou d'apporter une expertise, mais seulement d'occuper l'espace et sans perdre de vue le but absolu voulu et recherché : parvenir à mettre une fin à la chasse, demain, un jour proche ou lointain.
Pour autant faut-il s'inquiéter ? Les excès verbaux du militantisme, la stigmatisation systématique du chasseur sont avant tout lassantes, au même titre que l'est la politisation de la vie publique au quotidien où chaque occasion est exploitée par acteurs et partisans d'une quête permanente de pouvoir. Se faire attaquer sans grands fondements, se faire insulter, menacer fait et va de plus en plus faire partie de la vie du chasseur, considéré comme l'intrus dans la nature par les plus radicaux. A nous, d'avoir les bons arguments, d'être exemplaires dans nos pratiques, experts, pertinents. Ca devient par contre plus compliqué, lorsque l'activisme pousse à mener des actions sur le terrain qui vont de la perturbation du territoire de chasse sous couvert de promenades avec ou sans chien jusqu'au sabotage d'équipements ou de pièges. C'est la confrontation qui est alors recherchée dans l'espoir de pousser le chasseur à la faute, de l’écœurer pour abandonner le terrain un jour.
Seul, le monde de la chasse ne pourra parvenir à inverser une tendance qui gagne jour après jour du terrain. Il faudra bien que communes et propriétaires du foncier agricole et forestier prennent aussi position en faveur ou non de la chasse. Ils devront choisir entre continuer à louer ou pas les territoires, à accepter ou pas leur perte de ruralité. Sans mises en place de moyens pour surveiller les dérives inconscientes ou volontaires, sans rappels à la loi dans un premier temps et sanctions en cas de récidive, la quiétude des territoires à chasser sera et restera un vain mot. Systématiquement quand un fait divers peut avoir un lien avec la chasse, cette dernière est aussitôt mise en accusation. Le récent "délire" dans le secteur d'Obernai, faisant les choux gras des DNA, en est une illustration parfaite, alors qu'au final il s'est avéré qu'il s'agissait bien de pétards et non de coups de carabines en tir de nuit cf pj. Mais au départ rien n'y faisait, les responsables des insomnies nocturnes des riverains étaient bien les vilains chasseurs, avec tous les délires d'experts qui vont avec...
Si le monde ne va pas bien, c'est sans doute aussi parce que l'être humain a de plus en plus du mal avec lui-même et les autres. L'agitation permanente des masses, à travers la diffusion permanente de l'info ou de l'intox, avec les commentaires en boucle qui s'y rattachent au nom de la liberté d'expression ou pour semer le trouble et la révolte, ne peut aider l'homme à être heureux, à créer l'unité et la paix civile. L'évolution technologique planétaire est peut-être allée trop vite aussi, trop loin, créant des besoins nouveaux insatisfaits et au-delà la frustration.
Le bonheur est paraît-il dans le pré ou le marais. Pour un film, le scenario est facile à construire, dans la vraie vie, c'est plus compliqué. Souvent les "accidents de parcours" ou la maladie et les décès de proche aident à faire émerger les prises de conscience. La planète qui brûle, les fulgurances d'un virus, les catastrophes et les attentats mettent souvent pendant un laps de temps à nouveau le clocher au milieu du village dans la tête des hommes. Mais dès que "la vie" reprend son cour normal, les pavés de bonnes intentions reviennent à la surface pour recréer l'enfer.
En attendant, militantisme radical ou non, les chasses du sanglier et du brocard vont lancer la nouvelle saison le 1er juin dans le Bas-Rhin. Mais progressivement, la chasse entre dans le dur, loin des lendemains qui chantent, de l'après meilleur que l'avant.
Article DNA