La vraie histoire du sanglier de Strasbourg

Ah que j'aime les belles histoires racontées par les médias et qui restent dans le fait divers sans poser les bonnes questions ! Un keiler en version rut, pour être précis d'une soixantaine de kgs, tout de même, a donc "visité", dimanche en début d'après-midi, la ville, comme les touristes le marché de Noël à Strasbourg. Monsieur, pour le plus grand bonheur des riverains et des enfants est même allé jusqu'à "prendre un bain", tellement il était à l'aise au milieu des humains. Etonnant, non, quand on connaît les réactions habituelles d'un suidé entré malencontreusement en ville, avec plein d'humains autour ? Ca sent en principe plus la panique que la goguette ! Mais bon, admettons qu'il devait être de bonne humeur et en recherche d'une âme sœur, encore fallait-il tout de même s'en occuper selon les règles en vigueur, en l'occurrence celle des ESOD (Espèces Susceptibes d'Occasionner des Dégâts) dans laquelle entre le sanglier et  qui veut que tout sanglier qui se présente soit tué quelque soit son âge, son pois ou son sexe. C'est donc aux Lieutenants de louveterie du secteur qu'a été confié la tâche, sauf que... comme aujourd'hui derrière chaque ami de la nature il peut se cacher un reporter et un photographe, ces derniers ont vite compris que le terrain était miné... Hors de question de tuer pépère, en plus si paisible au point que les enfants pouvaient passer à quelques mètres devant lui, comme dans un zoo. Ont donc été sur place tout ce qui peut aider à sauver "Eugène", autant lui donner un prénom, soit pompiers, SPA et de décider en concertation avec la représentante de la ville, en charge des animaux dans la ville, de le "sédater". Pendant tout ce temps des palabres, évidemment l'heure tournait et Eugène commençait à être fatigué de tout ce tournis, alors autant s'installer dans une haie, loin des turbulences. Evidemment, ce repli n'a pas vraiment arrangé le pompier en charge de le "sédater", ce verbe me plaît bien et sa première dose de sédatif a atterri dans les brindilles. Deuxième essai, touché, mais de loin pas où il aurait fallu, ce qui n'a pas été pour déplaire à Eugène. Alors troisième tentative ? Ah non, pas possible, il faut d'abord le feu vert du vétérinaire. Plus vite dit que fait et l'heure de continuer à tourner. Au final "troisième dose", aïe dans la patte, donc toujours loin de pouvoir produire un effet sédatif suffisant. Qu'à cela ne tienne, Eugène avait de toute façon décider de se bauger. La nuit tombant et le réveillon étant encore loin pour le passer sur place, les deux Lieutenants de louveterie ont donc repris les choses en main et décidé que tous ensemble ils parviendraient bien à l'immobiliser, sauf que... subitement il n'y avait plus personne. Les uns avaient piscine et les autres couture.

Il n'empêche que malgré les cris de protestation du cochon qu'on égorge, c'est ficelé qu'Eugène a terminé sa promenade et sans standing ovation pour les courageux. C'est même avec sans doute méfiance, un Louvetier est avant tout un chasseur, qu'ils ont dû être accompagnés par les protecteurs des animaux en forêt du Neuhof, pour être bien certain qu'Eugène allait être relâché vivant ! 

Par contre, si happy end il y a eu, le mystère reste entier, d'où venait Eugène ? Sans doute pas de la forêt du Neuhof à en croire son côté friendly qui donne plutôt à penser qu'il a commencé marcassin dans les bras d'un humain du secteur ? Peut-être se nommait-il vraiment Eugène !

Enfin, une petite dernière, si Eugène ne se fait pas piéger avant dans une cage, confiant qu'il est, que vont faire ses nouveaux amis, quand sera annoncée, comme chaque année, réserve naturelle oblige, une battue administrative de destruction en forêt du Neuhof ?