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L'ONF chasse et le monde du noble déduit tire sur Administration forestière et préfectorale. Les milieux cynégétiques sont dorénavant composés de deux mondes qui ne se comprennent plus, ne s'entendent plus et comme dans un couple moderne vont finir par se séparer. La rupture est à ce point que les questions essentielles ne se posent même plus, parce que ne prévaut aujourd'hui qu'un discours, une vérité, un point de vue, le grand gibier empêche la forêt de demain de pousser, voire la ruine. Le pouvoir de décision est dans l'unique main des bailleurs, qu'ils soient publics, privés ou communaux parce que le bois doit rassasier les fours à biomasse, est estampillé produit écolo pour la construction, doit aider à améliorer la balance commerciale avec la Chine, rentabiliser la concentration industrielle autour des grands scieurs, habiller les J.O 2024 de Paris.

En plus, faute au changement climatique mis dans tous les bons discours, le bois est malade, parasité, "scolyté", autant d'arguments répétés pour justifier du mauvais état de nos forêts ou endormir les esprits pour mieux châtier l'unique responsable, le grand gibier. Comme souvent, lorsque le présent éclate de sa fureur les errements du passé, dans le cas présent, la monoculture forestière, la course aux essences à croissance rapide, l'hyper machinisme, les 35h, les responsables sont oubliés, il est bien connu que c'est toujours la faute à Voltaire ou à Rousseau, si l'homme tombe parterre ou dans le ruisseau ! Alors l'idée, dans un élan purificateur est de faire d'un trait table rase de ce qui gêne, en injectant des millions dans la forêt de demain qui sortent des manches de l'Etat, comme le lapin du chapeau du magicien. Reboiser avec des essences adaptées aux problèmes climatiques de la planète, régénérer naturellement sont donc les socles de la forêt de demain avec au départ, un point de vue, il faut détruire le gibier en forêt.  

https://www.veillecynegetique67.com/2021/12/les-casseroles-de-la-chasse-face-aux-anticha.html

Si cette position a le mérite d'être claire, à grand renfort d'études scientifiques et de rapports bien sûr, on est pourtant en droit de s'interroger sur leur véracité ou leur pertinence, selon le principe que "ce n'est pas les explications qui font la vérité, mais les faits eux mêmes" Mihail Eminescu. Or, il existe d'autres études qui montrent que l'idée avancée par l'ONF des densités importantes d'ongulés mettant en péril la forêt, est vacillante.

A travers l’Europe il existe de nombreuses études scientifiquement menées sur de longues périodes 18 (en Suède) à 100 ans (dans le parc national suisse) ainsi qu'en France, voir p.j. qui montrent toute l'importance pour l'équilibre de la forêt et la biodiversité de la présence d'ongulés, y compris en nombre.

Tout est de savoir ce qu'on veut comme type de forêt "jardinée". Est-ce une forêt productive et à croissance rapide basée sur quelques essences monnayables au prix fort des marchés ou une forêt aux essences multiples avec une grande biodiversité. Si c'est la monoculture qui est voulue, il est clair que le grand gibier est à placer "animalia non grata". Si la forêt de demain doit être un refuge conservatoire de biodiversité et jouer son rôle de capteur de carbone, alors le grand gibier est le bienvenue, nécessaire, incontournable.

A regarder les communications des forestiers, la forêt de demain idéalisée doit remplir les trois fonctions : produire des richesses en espèces sonnantes et trébuchantes, (16,4 millions d'ha estimés à 3 milliards d'euros), séquestrer le carbone, influer sur les conditions environnementales et créer de la biodiversité, sans oublier la quatrième fonction, procurer un espace de récréation et de loisirs pour les populations et qui bouscule la faune.

Dans ce rôle insufflé par le politique, quelle est alors encore la place dans le développement forestier à la diversité des essences du tilleul, orme,  frêne, au sorbier ou au houx, à côté du sapin et du pin ? Pourtant la diversité d'essence d'arbres coche les cases des besoins en puits de carbone, des problèmes environnementaux, du développement de la biodiversité et de l'attrait paysagé. Par contre côté rendement et croissance rapide, c'est moins bon et comme l'homme productiviste croit toujours encore que "l'argent se mange", alors on croque, à défaut de danser pour la planète et un air moins nocif.

L'homme a cette stupidité de ne croire que ce qu'il veut entendre, d'adhérer qu'à ce qu'il veut voir, ce qui le rend misérable, sourd et aveugle. Dans le cas de la forêt, la priorité est à l'intérêt financier, les trois autres objectifs de développement avancés ne sont qu'une réponse pour faire "vert".

Il est beaucoup plus facile d'abattre le grand gibier que de tenir des promesses prenant du budget et demandant de l'huile de coude pour maintenir le principe grand gibier et forêt, pour rappel :

  • "créer des prés-bois, soit "des zones de gagnage obtenues en ouvrant localement et sélectivement le peuplement existant afin de favoriser l'installation d'une végétation herbacée"
  • créer des gagnages ligneux "pour les cervidés et les chevreuils, grands consommateurs de feuillus et de semi-ligneux par le recépage de quelques peuplements riches en charmes pour augmenter la disponibilité de cette ressource"
  • améliorer la valeur refuge des futaies qui "offrent peu de remise aux cervidés en hiver, en y créant des ilots de peuplement mixtes de quelques ares (résineux ou feuillus) pour augmenter la capacité d'accueil diurne des cervidés".
  • agir sur le cloisonnement, par des éclaircies et travaux sylvicoles pour "apporter de la lumière et donc développer une végétation spontanée pour la grande faune".
  • élargir les accotements/talus des routes forestières et pistes pour "permettre au gibier de trouver dans ces aménagements une végétation abondante et facilement accessible"
  • entretenir des jeunes taillis particulièrement recherchés par les cervidés "en apportant des zones d'alimentation et une zone de remise diurne"
  • gérer des trouées dans les peuplements adultes (chablis, mortalité naturelle ou liée à un parasite ou à une maladie). "Ces ouvertures de petites tailles apportent nourriture et zone refuge aux cervidés. Il est donc important de ne pas les replanter systématiquement".
  • créer, entretenir des mares, elles "constitueront des souilles pour les mâles"
  • maintenir les chablis résineux (hors épicéas) ou le houppier d'arbres abattus, "ils constituent un apport de nourriture conséquent dans les zones de gagnage hivernal"

Ceux qui crient actuellement contre la dent des ongulés effacent de leurs  logiciels ou de leurs modélisations tout ce qui plaide en faveur du grand gibier et tous les autres facteurs qui nuisent à la croissance des arbres à partir du semis. C'est tout simplement malhonnête et manipulateur, comme lorsqu'on accuse son chien de la rage pour s'en débarrasser. De nombreuses variables entrent en ligne de compte, avant l'impact des grands animaux, pour empêcher la régénération naturelle et la croissance des arbres, les plus importantes sont l'exposition, l'historique de la forêt, les modes de gestion et d'exploitation antérieurs, la qualité du sol, l'eau, le climat, le pourcentage de lumière atteignant le sol. Sur un ha poussent jusqu'à "100.000 plantules d'arbres, mais 99% meurent par manque d'eau et d'éléments nutritifs, grignotées par des larves de hanneton, des chenilles, des limaces, des insectes, des champignons, des souris et finalement par chevreuils et cervidés. Même sans interventions d'ongulés, y compris les souris, 1 à 2/3 des plantules disparaissent " (Herbivory Nopp-Mayr 2015). Par contre avec présence d'herbivores, plantes couvre-sols et herbes bloquant l'arrivée de lumière et d'eau sont moins denses et hautes, moins de graines sont mangées par les petits mammifères. En plus, les ongulés modèrent le développement massif d'une essence d'arbres, peuvent transporter des graines d'un endroit vers un autre, procurent des nutriments au sol.  Quant à leur impact négatif sur la croissance des arbres, l'abroutissement permet la croissance du jeune plant voisin et favorise la diversité des essences, avec répercussion pour les insectes, les reptiles, les oiseaux et les mammifères.

Dites tout cela aux constructeurs des mastodontes dévorant en rien de temps les arbres, aux grands groupes de scieurs, aux bénéficiaires des marchés nationaux et internationaux du bois, mettez le en lien avec le discours d'Urmatt https://www.veillecynegetique67.com/2018/03/gibier-et-perte-d-exploitation.le-bouc-emissaire-tout-trouve-qui-cache-les-vrais-enjeux-de-la-foret.html et vous savez que c'est une cause perdue, demandant trop de travail et d'investissement non rémunérateurs, sauf que la "maison brûle", paraît-il...

Effets des populations de cervidés sur la biodiversité végétale

Tag(s) : #Forêt et gibier ?
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