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La colère des agriculteurs, traduite par la sortie habituelle des tracteurs pour bloquer les entrées des villes, voire "monter à Paris" a dès le départ obtenu la sympathie et le soutien des populations, effet salon de l'agriculture et racines rurales anciennes chez chaque Français sans doute. Peu importe le mélange des innombrables revendications locales, nationales, voire la sur-enchère électoraliste entre FNSEA et Coorination Rurale et les actions de destruction ou de détériorations de biens publics, "on est avec vous". Et puis un "bordel" de plus, ça peut toujours aider à mettre le Président et son nouveau gouvernement dans le fumier, voire plus. Le côté malsain de la politique qui cherche promptement à exploiter à son profit les situations favorables au renversement. Dans ces conditions le fond n'intéresse personne, "le poids des mots, le choc des photos", soit la forme, prédomine. 

De mon côté, je me suis bien gardé de prendre position, (petit reproche au passage à la FDC 67 et son post Facebook) privilégiant le recul, l'observation des commentaires à chaud, les réponses des uns et des autres et l'analyse des propositions, le couteau syndical sur la gorge, pour faire rentrer les tracteurs dans les fermes. Il y avait dans les revendications fortes, une qui était particulièrement intéressante à suivre, celle autour du dynamitage du "Green Deal", soit les mesures adoptées par l'Union européenne pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Parmi elles, tout un pan concerne l'avenir ou non du petit gibier, en tout cas porteur d'espoir, avec une liste de normes pour encadrer davantage les pratiques agricoles susceptibles d'être défavorables à l'environnement et la biodiversité. Tout un pan, "de la ferme à la fourchette" concerne aussi la santé des Français, avec une liste d'objectifs qui exaspèrent le monde agricole conventionnel. Et pourtant, "on est avec vous"...

Eh oui, "pour être un bon agriculteur, il faut savoir pleurer". Aucune mesure de ce volet agricole n'a pas encore été transposée au niveau national et pourtant les tracteurs sont dehors. C'est à l'horizon 2030 que le plan vert prévoit la réduction de moitié de l'usage des pesticides, la réduction de 20 % du recours aux engrais chimiques, ou encore la réduction de moitié des ventes d'antibiotiques pour les animaux d'élevage. C'est à ce même terme 2030 que la part des surfaces cultivées en bio devra atteindre 25% et 10% des surfaces productives actuelles devraient être mises en jachère. Mais tout le monde pleure et le volet restauration de la nature se fait tailler en morceaux et les agriculteurs affirment toujours ne pas être contre l'écologie. Bien que l'argent ne se mange pas, le fond des revendications reste les compensations financières. Si demain Bruxelles et Paris sortent le chéquier, le monde agricole conventionnel et celui des gros fera le "Green Deal", sur le tombeau des petits. 

Ils ne veulent des jachères, mais les bonnes terres ont été vendues à l'artificialisation ou au lithium comme chez moi actuellement et du coup tout coin de terre que les anciens ne cultivait même pas est bon à prendre pour garder de la superficie. Ils ne veulent des jachères, pourtant les sols ont besoin de repos pour se régénérer, pour être productifs, sans les gorger de chimie. Que la faune serait contente d'avoir à nouveau quelques refuges n'intéresse pas la FNSEA et la Coordination Rurale, ils ne voient le gibier que sous l'angle des dégâts et de l'indemnisation. La réalité, du moins sur notre territoire, c'est la fauche des prés quatre fois par an dès début mai pour faire de l'ensilage, ce sont de nouvelles cultures pour faire de la biomasse. Que des pièges meurtriers pour l'ensemble de la faune. Quant aux haies, ce ne sont que des obstacles au machinisme, des surfaces inutilisées. En clair, la question sur l'agriculture amie ou ennemie de la nature reste entière.

Facile d'accuser Bruxelles d'être déconnecté des enjeux économiques, de mélanger les revendications qu'on peut entendre et celles plus détestables, sans vouloir se remettre en cause. L'alimentation de qualité et saine, tout le monde la revendique du producteur au consommateur. Durant la crise sanitaire du COVID, le bio était dans toutes les bouches, aujourd'hui l'inflation a eu raison des bonnes intentions. Les producteurs souffrent, les consommateurs se détournent, mais tout le monde veut sauver la planète.

C'est la triste réalité. A côté, l'agriculteur-trader ou proche des arcanes fera toujours son chemin et le petit fermier, n'aura que ses yeux pour pleurer, mais là avec de vrais larmes. Seule solution, orienter totalement les financements vers ceux qui vont vers l'agriculture plus respectueuse de l'environnement dans un premier temps, pour embrasser par la suite la grande cause du réchauffement climatique. Peut-être a-t-on été, avec le Green Deal trop ambitieux au regard des moyens à mettre en œuvre et des mentalités à changer au préalable.

Pour ceux qui veulent voir en détail les moyens à mettre en oeuvre en terme de transition écologique pour dynamiser la biodiversité, le 24 janvier dernier tout a été dit dans le rapport de la mission d'information sur les dynamiques de la biodiversité dans les paysages agricoles https://event.assemblee-nationale.fr/video.14546953_65b115fcab10a?timecode=2365020 En résumé, on sait ce qu'on doit faire, mais il faut des sous et sur le fond, l'art de faire du neuf avec du vieux...

Tag(s) : #Faune-Nature-Ecologie et Chasse
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