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La protection des arbres, "c'est la détente"... Hélas, pas celle de la photo !

Si parmi les chasseurs de grands gibiers il reste encore des optimistes sur le droit de vivre des cervidés et des chevreuils en forêt, l'article joint de la revue technique des forestiers "Forêt-entreprise", est là pour les doucher, du moins leur faire comprendre que "la partie est jouée". A l'avenir ce sera forêt sans gibier, avec une règle à appliquer pour ceux qui continueront à chasser sans états d'âme : ABATTRE .

Dans l'article qui rend compte du "savoir faire" allemand en matière de gestion forestière, à travers une visite en Rhénanie-Palatinat d'une délégation des Centres Régionaux de la Propriété Forestière et de chambre d'agriculture, la première chose qui interpelle, c'est que le Ministère de l'agriculture et de la forêt a octroyé une subvention au réseau des correspondants cynégétiques des CRPF "pour se former sur l'équilibre forêt-gibier" ! On sait que l'argent qui vient de nos impôts va souvent financer tout et n'importe quoi, souvent par clientélisme, mais franchement attribuer une aide financière pour apprendre comment pratiquer l'équilibre sylvo-cynégétique est proprement ubuesque ou abracadabrantesque comme dirait Chirac. Pas besoin de faire de longues études ou sortir de l'ENA pour savoir que s'il n'y a plus de concurrence animale à la forêt, il n'y aura plus d'abroutissement, de dégâts de gibier.

Pas besoin non plus de voyages à l'étranger pour apprendre comment faire. Prenez un chasseur-tireur comme je les aime et en deux saisons vous pliez l'affaire et le chevreuil devient aussi rare que le lièvre en plaine.

La deuxième observation c'est le consensus de Judas qu'on peut obtenir, quand on veut "abattre son chien". Les Verts allemands ont donné le soutien politique aux forestiers et donc "toute liberté en matière cynégétique". Mais elle est où la révolte des âmes sensibles qui dimanche après dimanche montre un doigt ou klaxonne à tout va quand elles voient un gilet rouge en forêt ou en plaine ?

La troisième remarque concerne "les pratiquants" de l'abattage programmé sans plan de chasse :

  • les forestiers salariés (1 pour 2000 ha) à mi-temps sur l'activité chasse... Etre payé pour chasser, j'en connais un paquet qui en rêve. On comprend aussi mieux pourquoi l'ONF compte garder dans le 67 toute une série de lots de chasse prochainement. Chercher un agent chasseur et vous trouverez à proximité un lot "réservé" sur le dos du contribuable.
  • "des collaborateurs cynégétiques"... Rien que le mot me fait frémir. Maintenant, il en est dans l'histoire de tout pays qu'à un moment on puisse "collaborer" avec l'ennemi. Le deal est simple, "tu ne payes rien, mais tu fais le boulot pour que j'ai des miradors et des gardes champêtres"
  • à côté de cela, "des crétins" locataires, 2-3 sur des petits lots pour avoir bien sûr un maximum de pression de chasse et avec des obligations de résultat, moyennant "un prix de 14,50€ en forêt et 6,70€ pour les surfaces agricoles". Vous avez compris qu'il s'agit vraisemblablement de lots de dégâts de sangliers avec tout ce que cela comporte comme risques financiers.

Résultat financier calculé de cette gestion cynégétique optimale basée sur le "tout individu vu est prélevé" : 900 à 1260€ d'économie par chevreuil prélevé (si l'ordinateur le dit, c'est que c'est vrai...)

Enfin, l'article nous explique aussi et bien sûr que cette politique du prélèvement intensif permettra la "collaboration chasseurs-forestiers" pour "allier le renouvellement des essences sans protection, l'amélioration de la capacité d'accueil, la bonne santé des animaux, l’accroissement de la biodiversité du milieu et la réduction des locations de chasse". N'est-il pas beau notre monde des bisousnours ?

A tout cela, il convient juste d'ajouter encore quelques remarques ou questionnements complémentaires :

  1. qui a "jardiné" la forêt avec une omniprésence d'aiguilles au sol, incapables de nourrir un cerf, un chevreuil, un sanglier, un grand tétras, une bécasse ou un ramier ? Le chasseur ou le forestier ?
  2. qui est responsable des choix antérieurs sur la sylviculture, les modes de gestion, le manque de moyens financiers, voire l'endettement colossal de l'ONF ? Le gestionnaire ou le chasseur ?
  3. trouve-t-on vraiment ou pas les mêmes effets pervers d'une présence d'ongulés dans une forêt accueillante et nourricière ou non soumise à pression humaine tout au long de l'année et maintenant de plus en plus de jour et de nuit ? Je ne crois pas que la présence sur-abondante de gibiers "abroutisseurs ou écorceurs" en forêt de Chambord, propriété de la "République française" , faisant 5440 ha clos d'un mur de 32 kms, ait détruit les rendements des arbres, qui plus est avec une présence de mouflons !
  4. la forêt d'aujourd'hui n'est-elle pas condamnée à dépérir avec les déficits hydriques liées au réchauffement de la planète ? (cf lien sur la forêt alsacienne). Gibier ou pas, sapins-hêtres-chênes disparaîtront de toute façon, alors à quoi bon prôner la régénération naturelle d'essences qui n'arriveront jamais à maturité ?
  5. la vérité n'est-elle pas tout simplement dans la volonté non ouvertement affichée d'encaisser rapidement le fric en tirant un maximum de profit avec les grands scieurs derrière et les politiques ? N'oublions pas le discours de Sarkozy en mai 2010 à Urmatt, " l'objectif est de récolter 30% de plus de bois à l'horizon 2020"), quitte à redonner les coupes à blanc, faites par les énormes dévoreuses à bois, à l'agriculture en compensation des déprises liées aux constructions urbaines, industrielles et routières. Replanter avec de nouvelles essences adaptées au climat du futur coûtera de l'argent que l'on ne veut pas mettre pour les générations suivantes ou la planète du futur.
  6. Ne fera-t-on pas comme dans les Landes après déforestation plutôt des usines solaires ou des parcs éoliens qui rapporteront de suite au lieu dans 35-50-150 ans ? L'hyper exploitation des espaces va dans ce sens devenir de plus en plus un gros sujet de discorde en France et dans le monde, ne serait-ce que par les politiques de transition énergétique et l'attrait financier qui rend tout achetable.

Maintenant pour le gibier des forêts, tout cela ne changera rien, il est cuit, tout comme l'homme s'il continue sur sa lancée aveuglée par le profit, à moins que les politiques ne fassent fonctionner la planche à billet, au titre de la prime carbone pour lutter contre l'effet de serre. Dans ce cas, les propriétaires et les grands groupes industriels ne manqueront pas de vouloir replanter au nom de la planète "citoyenne" et responsable, mais bien sûr sans gibier.

Scénario de ouf ? Il faut l'espérer. Il n'empêche que si l'on met côte à côte la faillite financière de l'ONF qu'il faut renflouer, le besoin d'argent à court terme des communes liées aux dotations budgétaires de l'Etat en baisses permanentes, la recherche des propriétaires fonciers de valoriser les biens en fonction des aides et du profit, l'hyper capacité des grands groupes à exploiter les failles pour trouver ou provoquer des mannes financières sur le dos du bon sentiment (décarboner la planète, le nouveau mot à la mode qui va ouvrir de belles opportunités par exemple), il y a tout de même de quoi nourrir le scepticisme.

Les nouveaux copains "ONF et collaborateurs chasseurs"

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Tag(s) : #Forêt et gibier ?, #Faune-Nature-Ecologie et Chasse
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