Se former pour mieux comprendre son chien, suite...
Dans tout échange, des règles sont à respecter et un certain ordre est à imposer au déroulement des événements pour que la communication soit claire. Ainsi dans l’interaction homme/chien familier, lorsque le chien se trouve aux prises avec une situation inédite, c’est-à-dire qu’aucune expérience passée ne lui fournit une réponse, il va agir en premier selon « son point de vue ». En communication on dirait qu’il va ponctuer la séquence. Si la ponctuation est acceptée par l’homme, le chien en fera une règle. Autrement dit, le simple fait qu’un événement se soit produit et qu’il ait été tacitement accepté, crée un précédent et par conséquent une règle. La rupture d’une telle règle par l’homme mettrait le chien dans une situation incompréhensible, avec à la clef des difficultés comportementales possibles. Ce type de situation est fréquent, notamment dans la fonction de l’occupation de l’espace par le chien, auquel on a laissé le fauteuil jusqu’au jour où après lecture d’une revue spécialisée, on veut devenir « alpha », comme chez le loup.
Hélas, dans ce type de situation, où l’homme est apparemment « dépassé » par son chien, la tentation est forte de recourir à l’autorité, notamment par le dressage. Cependant, les jours perdus dans la phase de sociabilisation du chiot, ou les erreurs commises par ignorance, fatigue ou par faiblesse se rattrapent difficilement, une fois que le chien a installé son mode de vie. (Malheur encore une fois, à celui qui pense parvenir « au bon chien » par l’affect et non par l’apprentissage de codes de conduite).
Le chien n’est pas l’égal de l’homme.
Dans une relation équilibrée, le conducteur à intérêt à être au minimum « un peu plus égal » pour reprendre un célèbre mot d’Orwell. Dans la relation non autoritaire avec son chien, toute la difficulté consiste donc à trouver le juste milieu entre ce qu’on appelle en communication la position haute, « one up » et la position basse, « one down ». Dans l’interaction avec l’homme, le chien sur la base des règles établies au départ, doit savoir où sont les « les interdits ». A défaut, le risque est trop grand de se retrouver dans un état de confrontation susceptible de mener à une rupture, voire à un rejet. Et, il n’y a peut-être pas plus difficile pour un conducteur que de devoir reprendre un « pouvoir » laissé à son chien.
De même manière, avoir des contacts plus forts et plus proches avec un membre de la famille, ne signifie pas pour autant que les autres membres ne puissent intervenir sur lui. Votre chien vivra en chien et en bonne harmonie avec son groupe familial, si tous les membres obtiennent de lui sans acte d'autorité la réponse attendue à un ordre.
Mais, au-delà du simple positionnement « clair » de l’animal dans la famille, le partage de sa vie avec un chien, demande de prendre en compte encore bien d’autres considérations. En particulier, le devoir d’aider le chien à acquérir une forme d'autonomie, en tout cas à développer des "processus cognitifs", qui lui permettent de prendre des initiatives. Nous sommes, là, loin de la recherche de la soumission par l’autorité, le dressage ferme ou l’humanisation.
Enfin, partager sa vie avec un chien, c’est aussi percevoir la nécessité d'avoir une pensée cohérente, construite, logique, simple.
C’est prendre pleinement conscience de la place des émotions dans notre comportement et quelques autres petits défauts qu'on refuse si souvent de s'avouer. C’est tout simplement essayer d'apprendre à mieux parler chien.
Cependant, l'amener "à apprendre à apprendre", présente un revers de taille à chercher dans notre propre mode de fonctionnement.
Notre civilisation souffre d'un manque de temps, bien qu'elle soit décrite comme une civilisation des loisirs. Or, avoir un chien, c'est devoir dégager quotidiennement du temps pour lui. Etre le « compagnon » de l’homme, peut être, dans ce sens, lourd de conséquences pour le chien familier. S’il a besoin d'une forte présence humaine, en tant qu’animal social, il a aussi et surtout besoin d’activités pour son équilibre.
La promenade, la sortie sanitaire permettent avant tout à l’animal, conformément à son éthogramme, de repérer des bonnes odeurs, de contrôler et laisser des empreintes, de faire des rencontres. A contrario, elle permet beaucoup moins de développer une relation, une complicité avec l'homme.
C'est rarement l'occasion de créer un lien étroit entre lui et nous, mais plus souvent une source encore une fois de conflits, d’incompréhensions, non sans conséquences. Son intérêt passe avant le vôtre dans la promenade. Etonnons nous dès lors qu’il ne nous écoute pas toujours !
Le chien se concentre sur son conducteur sans acte de soumission, s'il sait, devine à sa communication que quelque chose d'intéressant va partir de lui. Autrement, il vit sa vie de chien.
Généralement un chien fugueur est un chien qui s’ennuie chez lui et qui un jour a découvert qu'ailleurs c'est plus intéressant pour ses sens. Alors, il s'en va.
Très tôt donc par le jeu, quelle que soit la race, il est intéressant dans la relation homme/chien de réveiller ce qu'il a en lui. Même si après coup, comme par exemple dans le cas du retriever, grand spécialiste du rapport, il va prendre en gueule tout ce qui traîne, de préférence, petites culottes, chaussettes et pantoufles parce qu’on a joué avec lui à rapporter…Qu'à cela ne tienne, au moins ce travail a-t-il l’avantage d’amener les plus désordonnés de la famille à ranger leurs affaires !!!
Des expériences qui plus est, ont montré par ailleurs qu'un chiot élevé dans un milieu riche en stimuli développait davantage de connexions neuronales qu'un autre, peu sollicité. Alors pourquoi s’en priver, si c’est pour son bien et le développement de son « Q.I »...
Le jeu, en dehors du simple développement de la complicité, apporte un autre avantage, en particulier au jeune, la possibilité de se mesurer à l'humain, comme il le ferait dans la fratrie, en tirant et en secouant par exemple ardemment un chiffon ou une branche.
Dans ce genre de confrontation, où il n’importe pas forcément de sortir vainqueur, mais de savoir finir le jeu par un commandement, on renforce ainsi naturellement, le lien, la complicité, car le jeu, sous toutes ses formes, nous rend tout simplement intéressant pour lui.
Enfin, il se peut également que notre chien soit un chien d’eau comme nos amis les retrievers. Sa passion reste alors le milieu aquatique, soit pour nager et y aller chercher tout objet flottant, soit pour y patauger à la recherche d'une bonne odeur. Il se peut que tout le monde ne partage pas le même enthousiasme, sous prétexte qu’il va sentir le chien mouillé, inonder la banquette de la voiture, s’ébrouer de préférence à côté de notre jambe, ou prendre froid…
Gardons cependant à l’esprit qu’en permettant à un chien d'eau d’exprimer ses qualités, non seulement nous le passionnerons, mais nous l'aiderons aussi à développer sa « personnalité », à vivre chien et dans la spécificité de sa race.
Au résultat, il ne saura qu’être encore plus attachant !
Vivre harmonieusement avec un ou plusieurs chiens, c'est en final connaître, suivre et vouloir appliquer finement un "mode d'emploi " non stéréotypé, c'est éviter les erreurs à la base les plus fréquentes. C'est tout simplement l'élever ou l'aider à grandir dans la complicité.