Pourquoi l'ouverture du lièvre au 15 octobre ?

Le quinze octobre dernier, la chasse au lièvre s'est ouverte dans le Bas-Rhin comme depuis des années. Tradition, certainement pas vous diront les anciens pour qui un capucin ne se tire pas avant les premières gelées. Non seulement le lièvre a meilleure allure à la mi-novembre , mais surtout, les levrauts de la dernière nichée de septembre-octobre sont sevrés et ne risquent pas d'atteindre en vain leur hase. Alors pourquoi sortir des dates de chasse du lièvre entre la mi-octobre et la mi-décembre ?

Si vous regardez autour de vous les pratiques de chasse, vous avez de suite les principales raisons.

En tête des explications, vous retrouvez encore et toujours le sanglier. Les premières battues commencent déjà fin octobre pour se poursuivre week-end après week-end. Dès lors, les dates pour le petit gibier à poil deviennent difficiles à programmer, l'intérêt d'un grand nombre de chasseurs s'étant déjà focalisé sur la bête noire. Peu de nemrods veulent alors encore marcher plein champ, de peur de rater une occasion de tirer le keiler de leur vie. Par contre du 15 au 25 octobre, on veut bien promener le 12 et encore pas trop longtemps dans la journée.

Le chasseur, comme monsieur tout le monde, se bouge en effet de moins en moins et même s'il lui arrive de trouver le temps long en battue, il préfère de plus en plus la "chasse de chaise" à la chasse de labours. Alors à choisir, autant battre la campagne quand il fait encore sec en octobre sur les chaumes de maïs plutôt que de devoir marcher à travers les sillons du tracteur en novembre-décembre.

Enfin, dernière raison, le chasseur de petit gibier a "le moral dans les chaussettes" au regard du déclin des populations. Alors partir de bon matin à quinze-vingt pour terminer dans la journée avec trois quatre pièces tirées et les bottes lourdes n'intéresse plus grand monde, même si la campagne est belle. S'il pouvait espérer faire à lui tout seul une dizaine de lièvres, nul doute qu'on se bousculerait au portillon pour être invité. Là quand vous demandez à un chasseur s'il veut bien passer une journée dans les labours, vous avez presque le sentiment de lui infliger une punition. Le calendrier plein des battues de sangliers tombe donc à pic pour refuser poliment la sortie champêtre.

Conclusion, en théorie les chasseurs sont d'accord pour reconnaître que l'ouverture du lièvre au quinze octobre et sa fermeture au quinze décembre est une hérésie, mais dans la pratique on se soumet au diktat du sanglier. L'ouvrir le premier novembre et reculer sa fermeture au 31 décembre répond non seulement à l’éthique de chasse tant recherchée dans les écrits et les discours, mais correspond aussi à une pratique de chasse adapté à l'éthogramme du lièvre et aux biotopes alors en sommeil après les travaux intensifs des champs. Mais ça c'était dans le temps cf lien...