Prendre comme sujet des faits de société peut-être dangereux pour l'image d'un blog et de son rédacteur, tant pis ce week end j'ai atteint le "trop plein hydraulique", faute au mauvais temps qui m'a mis devant la télé plus que de coutume et à l'actualité.
Enième tuerie aux Etats-Unis, derby de foot OL-Saint-Etienne, finale des mondiaux de la League of Legends à Pékin, la chaîne de télé pour les kids Gulli, Paradise Papers, le rêve d'une jeune cambodgienne dans l'émission Sept à huit, #hashtagdenoncetonporc, apparemment des actualités sans liens entre elles, mais au cœur toujours l'homme avec ses comportements, ses valeurs, ses contradictions, l'instrumentalisation des cerveaux par le marketing et les médias, le politique dépassé dans son rôle de régulateur face au business et la cupidité, des thématiques qui ont de quoi inquiéter pour qui veut bien s'interroger.
Lorsque l'homme flingue à tout va des cibles innocentes parce que l'accès aux armes lui est facilité, parce qu'il a une vengeance rancunière à exercer, par mal être, par illumination, ou par endoctrinement idéologique ou religieux et que ce type de folies se répètent à travers le monde par camions lancées sur une foule, par bombes humaines ou bras armés d'un couteau, on se dit que l'homme n'a pas réussi l'essentiel, vulgariser-mondialiser la civilisation, trop de différences intellectuelles, artistiques, morales, sociales et matérielles à travers les continents.
Maintenant depuis que Caïn a tué Abel, personnages de la Bible et du Coran, meurtre, crime, non respect de la valeur humaine font partie de l'ADN de l'homme, pourquoi cela devrait-il changer, sous prétexte que nous aimerions vivre sans terreur, sans révolutions, sans asservissements, riches-beaux-heureux, sans normes et contraintes, sans hiérarchie et ordres ? Tant que la médiatisation en temps réel n'était techniquement pas possible, tant que le média n'était pas devenu un accompagnateur en boucle du quotidien des individus le phénomène de contagion des plus exposés était réduit. Aujourd'hui tout est "instrumentalisable" instantanément. Pour qui sait faire preuve de discernement, l'influence du marketing, de l'hyper-médiatisation, du 2.0-3.0 ou 4.0, reste superficielle et coule comme l'eau sur le dos du canard. Pour beaucoup d'autres, sans garde-fous personnels, tous ces outils peuvent finir par formater les esprits et mener à l'excessif, à l'irréversible, à l'incompréhensible, aux mauvais choix, à de nouveaux modes de vie ou priorités, de nouveaux choix de valeurs.
Il fut un temps où l'excès de goût du jeu était considéré comme une addiction. Aujourd'hui pour toute une génération le e-jeu est devenu une nouvelle forme de vie, une valeur incontournable du quotidien. Loin de moi de décrier les jeunes et moins jeunes branchés plus que de raison aux manettes ou aux clics de souris, tout est une question de priorité, de modération, mais plutôt de vilipender le business qui se déploie derrière. Economiquement et financièrement l'offre créant la demande, en moins de temps qu'il ne le faut, la "drogue du e-jeu" a inondé mondialement le marché et donc la tête de plus en plus de monde. Le rendez-vous de ce week end avec 40.000 spectateurs dans le stade du Nid de Pékin et des millions de téléspectateurs pour les finales de League of Legends, le combat en octobre dernier de deux robots géants, version Transformers entre Américains et Japonais, en attendant un challenge du vainqueur US avec les Chinois et des compétitions, version catch à l'américaine annoncent la déferlante à venir du phénomène. Objectif, faire du e-jeu un sport intégré aux futurs J.O. Dans ce contexte et objectif, les grands clubs de foot sont déjà sur le business pour se servir et servir la cause des constructeurs-organisateurs-chaînes télés etc... soit tous ceux qui se feront la cerise sur le dos de la jeunesse idolâtre d'un business modèle savamment élaboré en coulisses. Questions, dans ce devenir quelle place vont encore avoir les valeurs à la "papa" qui ont construit beaucoup d'entre nous ? vers quelle société, la cupidité instrumentalisée, le virtuel, la perte ou refus du goût de l'effort physique entraînent-t-elles ce nouveau monde ?
Lorsque, comme pour la jeune cambodgienne d'un reportage de Sept à Huit perdue dans sa campagne et pressentie pour une formation dans l'hôtellerie, un premier objectif de vie professionnelle est de gagner suffisamment d'argent pour s'offrir un iPhone afin de pouvoir visionner une chanteuse à la mode américaine ou Neymar, on comprend mieux combien la jeunesse peut facilement être sous perfusion, sous dépendance de l'illusion d'une vie meilleure, concoctée par le business. Si "l’ascenseur social" passe et se mesure à la détention d'un boîtier bourré d'applications, c'est pire que la Rolex de Nicolas Sarkozy. Loin de moi de hurler au loup contre la modernité des téléphones plus-plus, même si je suis resté au vieux Nokia à usage uniquement téléphonique, par contre me faire rendre addict par les GAFA * de la Silicone Valley, les Coréens ou les Chinois, je ne vois pas où se loge un meilleur bien être. "L'épicerie du futur qui n'a pas besoin de l'homme", c'est déjà le cas ou à l'essai à Shangaï, ce n'est pas ma vision de la société de plus en plus entre les mains de façon irréversible ou non des startupers et des quatre poids lourds de Wall Street. Pendant des siècles l'humanité a combattu au nom de la liberté, aujourd'hui, les individus s'aliènent au .0, sans piper. Paradoxe ou endormissement qui amène à tout accepter inconsciemment sous couvert de " pain et de jeux" ?
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Faites un tour sur la chaîne favorite des petits, si vous êtes grand-parent les "chics-ouf" ne manqueront pas de vous y mener tout seul... et vous serez normalement choqué que dès cet âge le bourrage des cerveaux est de mise, notamment à travers les innombrables interruptions publicitaires. Gulli sert de support aux produits en vogue, style Pokemon, oriente les têtes vers les BD et films du moment, habitue à la vision des combats, noie le poisson par des magazines éducatifs, le plus souvent aux heures où les enfants ne sont pas devant l'écran, rend captif et prépare à la société mercantile, en plus avec la bénédiction parentale. On est loin de Pluto, Mickey, Woody Wood Pecker et autre Rabbit... mais déjà très proche des tablettes et smartphones, de l'apprentissage de conduites types qui font grandir plus vite, uniformiser les visions, couper le sens critique. L'avenir va rapidement révéler l'influence exercé ou non, pour rester optimiste, par les pensées uniques distillées à travers médias et établissements scolaires.
Pendant ce temps, l'argent gagné par les multinationales et quantité d'opportunistes de ce monde est "optimisé" dans des paradis fiscaux, annuellement plus de 320 milliards dans le monde, 120 en Europe, 20 en France. La cupidité n'a ni frontières, ni nationalité, c'est un vice universel devenue une valeur, comme le e-sport. Sur le papier, dans le discours, face caméra on est amour, honnête, désintéressé, partageur, que vertueux, en coulisse, on trafique pour s'en mettre un maximum dans la poche. Paradise Papers va certainement contribuer à "moraliser" un peu plus les pratiques douteuses et à faire peur, on ne peut que s'en féliciter. D'un autre côté, ce pas de plus vers la transparence des flux financiers à travers le monde va encore accentuer la chasse à la richesse engagée dans notre pays avec la confrontation de deux blocs pauvres et riches. Il fut un temps pas très lointain où tout le monde était paraît-il "charlies".
Cet affrontement "clanique" se retrouve hélas pas qu'en politique, mais aussi dans le sport, comme lors du derby de samedi entre l' OL et Saint Etienne. Le sport aime chambrer et depuis que les caméras sont omniprésentes dans les compétitions, tout le monde surjoue, soit. Mais il est temps de stopper le mouvement puisque les joueurs eux-mêmes sont incapables de discernement. Le sport n'est pas fait pour humilier, caillasser, taper, insulter, provoquer la rage et la rancœur. Grâce à un comportement digne de la maternelle qui en plus pénalise l'auteur de la provocation, l'équipe et le club par une suspension pour trois cartons jaunes, la rage, l'exacerbation va encore monter d'un cran chez les humiliés qui ne demandaient déjà qu'à "bouffer du Lyonnais". Bonjour le match retour et vive le sport, vecteur de valeurs fraternelles et j'en passe et des meilleurs. Une seule réponse à apporter, au nom de l'incitation à la haine, de la connerie, de l'obligation d'exemplarité vis-à-vis de la jeunesse : privation du prochain match avec l'équipe de France, suspension de deux matches en club, amende financière et excuses du dérapage. Pour l'instant, l'humilité n'est visiblement pas encore dans les rangs lyonnais, le club en remettant une couche dans sa boutique officielle :
Reste un dernier thème pour finir le tour de table des dérapages de l'espèce humaine, le vivre ensemble hommes/femmes avec la libération de la parole de femmes harcelées ou abusées, suite à l'affaire Weinstein. Là encore on est entré dans une guerre de clan et la surenchère de la twittosphère, alors qu'au départ la cause est juste. Pour m'éviter des points de vue polémiques, tout en résumant ma pensée, je ne ferai que rappeler les paroles d'un sage, Coluche :
« Si j’ai bien tout compris, le monde aurait deux problèmes d’importance : que l’un serait le cul, et que l’autre serait le fric. Moi, je me suis dit, comme tout le monde a un cul, je vais m’occuper du fric. Erreur ! En fait, le plus grave problème, c’est le cul. »
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