"Savoir regarder les choses sous le bon angle". Ah si seulement, notre société faite de buzz, de réactions spontanées, d'explications qui pour autant ne font pas la vérité, voulait encore faire preuve de sérénité, de calme ou de raison au lieu de partir dans tous les sens.
Le récent article publié dans l'Alsace, rapportant un acte délictueux à Jettingen commis par du sanglier sur une zone humide dite protégée, appuyé de commentaires loin d'être factuels, illustre dans ce sens que l'individu composant la société perd la raison. Nous voulons absolument tout maîtriser, tout avoir sous notre contrôle, tout ordonner, sous prétexte que nous sommes le dernier maillon de la chaîne de la vie. Nous édictons des règles qui finissent par dire à chacun "ne fais pas ci, ne fais pas ca", feignant de se rappeler que la nature a ses règles bien à elles. Nous voulons, après l'avoir détruite, reconstituer une vie animale dans notre désir d'Eden perdu, nous bassinons les esprits et les têtes avec un mot issu du pouvoir de la communication, la biodiversité, mais sommes les premiers à la mettre en cause lorsqu'une composante ne marche pas droit. https://www.lalsace.fr/environnement/2020/06/21/des-sangliers-ont-ravage-un-site-protege
Non dans une zone humide en période de sécheresse de surcroit, le sanglier ne va pas "s'en mettre plein la panse avec des vers de terre et des champignons", il va se déparasiter, réguler sa température corporelle, quant aux champignons en cette saison dans une mare... Non une berge abrupte ne va l'empêcher de descendre dans une mare, tout comme une clôture ne l'empêche pas de passer, un sanglier ca "saute énormément" ! Non, parler de "prolifération de sangliers" est un raccourci facile pour dénoncer la détérioration d'un site dit protégé par la venue naturelle d'une espèce incapable d'évacuer la chaleur corporelle par sudation. Non, le sanglier n'est pas responsable de la perte de biotopes dans une région vouée au maïs et un héron ou un blaireau sont aussi des prédateurs de batriciens. Non, personne, même pas le chasseur n'est capable de dénombrer la quantité de suidés qui passe sur un endroit, pourquoi vingt et pas dix ou un seul ? Non la Fédération des chasseurs n'est pas la vache à lait de tout le monde et encore moins de la réparation de dégâts commis par des sangliers dont l'indemnisation relève du FIDS et ce pour le monde agricole uniquement.
Pas sûr non plus, que cette fois-ci sous l'étiquette Alsace Nature et non CSA la même démarche ait été entreprise vers la chambre d'Agriculture ou la FDSEA 68 pour la fauche d'une bande enherbée encore à Jettingen, https://www.dna.fr/environnement/2020/06/16/il-n-y-a-plus-de-place-pour-les-papillons
Dans le 67, nous avons le Fonds Alsacien pour la Restauration des Biotopes sous l'égide et le financement de la fédération des chasseurs. Qui parleraient des Conservatoires des Sites Alsaciens sans l'argent des Collectivités, soit des contribuables que nous sommes ? Mais la question n'est pas là. Tant mieux si des actions sont entreprises par Pierre-Paul ou Jacques, pour tenter de "réparer" la nature que les mêmes financeurs publics contribuent à détruire. L'homme ne se poserait de questions existentielles si, pour mieux détruire, il n'était amené à mettre en place des îlots de nature par des "mesures compensatoires" qui deviennent par la force des choses des points de concentration animale, de biodiversité, comme il est dit avec une somme d'avantages et d'inconvénients. "C'est comme ca", comme on dit chez nous, pour autant, le sanglier fait partie de la biodiversité et il sera toujours attiré par une zone humide dans laquelle son passage sera toujours visible.
Enfin, selon son camp, le renard mange les mulots ou les perdrix, le chat mange les souris ou les passereaux, le loup le cerf ou l'agneau, l'homme le lapin ou la carotte...
Enrayer la montée des démesures et des surenchères médiatisées en tous genres, notre vrai problème de société.