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Dans douze mois, si la vie le veut bien en ces temps où l'homme se rend compte qu'il n'est pas le maître absolu des événements, les élections statutaires porteront un nouveau président à la tête de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin. Depuis quelques temps déjà, "radio chasse" laisse filtrer des échos de velléités de candidatures de l'un ou de l'autre ou de recherches de candidats pour former une équipe susceptible de l'emporter autour d'un nom. Au risque de jouer  les Cassandre ou de passer comme tel, le futur mandat à prendre se présente davantage sous les hospices d'un enterrement de la chasse au regard de sa place actuelle dans la société et sa mise sous laisse par l'Etat sous influence de ses lobbies agricoles, forestiers et autres défenseurs d'une nature sans prédation humaine, que d'une rédemption ou inversion de la tendance, si rien ne se passe.

Je souhaite beaucoup d'imagination aux futurs postulants pour mettre sur pied un programme réaliste d'actions non démagogiques ou issu de la calculette, pour uniquement espérer s'octroyer les voix territoires, tellement la chasse a été mise sous tutelle par tous ceux qui voient le gibier comme un concurrent au résultat des entreprises agricoles et forestières. 

Aujourd'hui et demain, la chasse n'a hélas plus pour elle l'opinion ou l'indifférence qui la cachait des "gens de la ville", écologistes, animalistes, business des loisirs gratuits de plein air la mettent au cœur d'une cible à détruire. La ruralité, si chère à juste titre, au Président de la Fédération Nationale des chasseurs est peut-être encore un "état d'esprit", mais l'invasion urbaine avec ses modes de vie et de loisirs est inexorablement en marche et dame Covid  lui a encore servi d’accélérateur. Croire à un retour en arrière qui mettrait le chasseur au cœur de la défense de la biodiversité et de la nature est une utopie. La réalité,  c'est la place dans laquelle les réglementations, Schémas cynégétiques, Cahiers des charges et contrats ou engagements liés aux baux de chasse ont mis les chasseurs, c'est-à-dire comme destructeurs des espèces susceptibles de créer des dégâts et agents d'exécution d'un plan de chasse imposé par ceux qui ne veulent plus du principe gibier et forêt.

Ce nouveau monde ne correspond plus à nos valeurs d'Anciens, devoir abattre de la viande et encore moins devoir se mettre à tout moment sous la subordination d'un donneur d'ordre n'entrent pas dans nos valeurs cynégétiques. La chasse est devenue une exception unique sur un plan contractuel, nul par ailleurs il n'existe une telle situation où un salarié paye son patron pour exécuter la  tâche ou mission qu'il lui impose, c'est pourtant le cas du contrat d'embauche du chasseur...

La chasse n'est plus une activité offrant plaisir et requérant maîtrise d'un savoir. Aujourd'hui ce qui est demandé c'est de tirer, même pas de savoir tirer, encore moins de maîtriser l'appeau du brame ou du rut, de tenir le piégeage, de construire des affûts ou de valoriser la venaison, de l'éviscération à la découpe. Se laisser séduire par la chasse, vivre des moments exceptionnels, passer par l'immersion dans la nature pour juste être en communion avec elle par ses sens est inexorablement entrain de s'ancrer dans le passé.

Il faut être réaliste, pouvoir se laisser prendre par la nature au cours des sorties individuelles ou collectives, va relever de plus en plus de l'improbable pour le chasseur du futur mandat présidentiel. Son quotidien sera plus que jamais la gestion continue des "emmerdes". Alors dans ce contexte, tendance et climat actuel que peut encore amener une campagne présidentielle comme vent optimiste, réaliste, nouveau ?

Pas grand chose, si je m'écoute. Si je me laisse aller, version Luther King, "I have a dream" ! il y a encore de quoi dire ou de se "ré-inventer".

Demain être Président, compte tenu de ce qui l'attend et de ce qu'il a en face de lui, demande non plus d'être un administrateur de fédération, mais un manager pur et dur, plutôt style Cac 40, capable de croiser le fer avec politiques, Administrations et opposants. Fini le temps des pleurs, des recherches de compromis, des discours convenus, l'heure sera à l'engagement total, premier obstacle pour une fonction dite bénévole, même si la législation associative prévoit des possibilités de rémunération. Un tel profil ne pourra sans doute venir du rang des Anciens, il y a un temps pour tout, l'avenir de la chasse, s'il y a, passera par les mains des nouvelles générations avec le soutien fort, franc et massif des aînés.

Demain être Président demandera peut-être d'être, à chaque fois que nécessaire, non pas le représentant élu d'une communauté, mais le rapporteur délégué d'une décision prise par la force des 8.000 permis. Se trouver seul face aux délégations syndicales des agriculteurs, des forestiers, la DDT, l'ONF, ou les opposants à la chasse est un rapport de force voué à l'échec. Avec une majorité de chasseurs "activistes" derrière soi la position est plus forte. 

En politique, l'assemblée citoyenne gagne du terrain face à la perte de crédibilité et de confiance en les politiques, pourquoi pas l'envisager pour la Fédération, du moins lorsque des dossiers à hautes importances sont sur la table  ? Aujourd'hui, le chasseur et sa voix sont sollicités une fois par an et encore en décalé à l'assemblée générale statutaire. Le reste de l'année il est tenu au courant, toujours en décalé par le journal de liaison "Infos'Chasse 67" et depuis la crise de la Covid par des flash infos relayés par mails. Nous sommes loin d'un chasseur qui participe, gouverne, vote en séance plénière via une plateforme numérique pour donner du pouvoir à une Fédération. Les outils existent pour s'en emparer comme democracyos.eu, decidim.org ou d'autres utilisés par les adeptes de la démocratie directe.

Présenter un programme électoral à l'ancienne serait démagogique tant le monde de la chasse a perdu ses prérogatives, en dehors d'être collecteur de taxes pour l'Etat et organisateur de formations. Présenter un programme qui ferait de la Fédération une plateforme participative directe des chasseurs serait peut-être un moyen pour enrayer la perte de crédibilité, de poids et de sérieux des chasseurs. Si demain, les chasseurs ne s'impliquent pas en temps voulu et s'en remettent à une présidence traditionnelle qui fait au mieux avec un conseil d'administration, seules les affaires courantes seront gérées, pas les confrontations auxquelles il faudra faire face, à commencer par le futur Cahier des Charges des chasses communales entre les mains de l'Administration. Il est confortable de critiquer a posteriori de chez soi ou au cours d'une fin de partie de chasse au chalet ou au bistrot une perte d'un acquis, plus compliqué est de battre le fer quand il est chaud et d'aller "chasser en meute" contre  une volonté venue d'ailleurs.

Nous n'avons pas les tracteurs pour bloquer Strasbourg, quand il faut peser, nous n'avons ni les médias, ni les politiques, ni les nouvelles visions de la nature avec nous, mais continuons à penser qu'envoyer un seul homme au casse-pipe sous prétexte qu'il est élu comme représentant peut-être gagnant. Donner au cas par cas, par l'instauration d'une participation directe  une force représentative à un délégué est peut-être à réfléchir comme seul et unique programme électoral à venir.

 

 

Tag(s) : #Vie des instances de la chasse
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