A l'entame des battues automnales, l'heure de vérité va sonner pour les patrons de chasse en forêt, alsaciens, mosellans et du 67 en particulier, sévèrement attendus au coin du bois. C'est qu'ils sont assis le "cul entre deux chaises" entre les obligations de résultat exigées par Préfets et Préfète et leurs services et par l'ONF et ses directives de destruction. La forêt, doit pousser après exploitation intensive pour satisfaire un marché vorace et demandeur et montrer elle aussi des résultats futurs à ceux qui lui apportent des mannes financières pour la régénérer. Evidemment, la prolifération du grand gibier est le responsable désigné, plus spécialement sa dent, sans circonstances atténuantes, soit sa vie dans des massifs peu aménagés pour ses besoins nourriciers, de plus en plus perturbés par la pression humaine. Les exemples ne manquent pourtant pas pour démontrer que le concept "gibier et forêt" est possible, à commencer par le domaine de Chambord...
Aucun des grands gibiers ne trouvent plus grâce auprès des gestionnaires privés et publics de la forêt, du chamois au sanglier. L'heure est à l'atteinte au plus vite d'un point bas et après on verra. Dans ce contexte, les zones où demeurent encore des densités de cervidés fortes ou moyennes, les chasseurs vont devoir "faire le travail" ou connaître la foudre. Quant au sanglier et chevreuil l'attaque va être généralisée, notamment au regard des dégâts de sangliers en phase d'explosion. Les textes sont préparés par Préfets, Préfète et ONF pour "taper" où ils ont fixé les cibles dès que les résultats enregistrés ne seront pas à la hauteur de leurs espérances. Lieutenants de louveteries seront missionnés et "task forces" spéciales vont intervenir pour montrer comment on chasse.
Pourtant, je reste convaincu, en tout cas pour le sanglier en zones à risque de dégâts agricoles et que je suis depuis des années, que des densités importantes en forêt sont tenables. Seules conditions, le gestionnaire en forêt doit chaque année veiller à ce qu'il reste en fin de saison le moins de jeunes sangliers déstructurés possibles pour éviter les mises bas et la prolifération en toutes saisons, mais quelques laies matures et le gestionnaire des zones agricoles qui est souvent le même chasseur, (cf les chasses dites mixtes forêts boisées et non boisées), doit être omniprésent en tir de nuit. Notre territoire est bien placé pour constater que ce n'est pas la quantité de sangliers qui est en cause mais la qualité et l'absence de sorties nocturnes.
Si en forêt en fin de saison le travail de tir des classes jeunes de sangliers est fait et non le tir "des gros" que la plupart des chasseurs en battues recherchent, un premier jalon est posé. Si derrière l'agrainage raisonné en poste fixe permet de tirer l'excédent de jeunes laies et non les keilers et l'agrainage linéaire au moment des dangers de dégâts est bien fait, un deuxième jalon est en place. Ne reste alors plus qu'à faire l'effort et celui-là est rude, intense et permanent à sortir de nuit pour couper au plus vite les velléités de visites des prés et des champs.
Mais voilà, rares sont les territoires où ces trois jalons sont posés pour les tas de bonnes raisons que tout le monde connaît, pour les tas de bonnes raisons qui sont écrites dans ce blog. Alors, à force de biaiser le monde de la chasse est arrivé au pied du mur. Il en est de même pour la gestion des chevreuils et des cervidés, avec la recherche d'un ratio mâles-femelles équilibré, soit tir sélectif des faons femelles et jeunes chevrettes pour parvenir en fin de saison à un brocard pour trois femelles, réduction des sur-densités si nécessaires quand en forêt les poids baissent. Trop de chasses ne s'intéressent au chevreuil qu'au printemps et durant le rut pour chercher "le brocard" et "oublient" par la suite de faire le travail de gestion, car vient alors le tour du grand cerf et la sensibilité bien connue du chasseur lorsqu'il se trouve les yeux dans les yeux avec un faon à tirer... Car vient alors le temps des battues et non plus de l'affût où tirer du chevreuil au gros calibre ou à la course finit avec une venaison en torchon ! Et qui en hiver va encore sur un mirador pour faire du tir sélectif de chevreuils, quand la saturation de chasse et l'inconfort sont là ? (Le même propos vaut aussi pour le tir de nuit du sanglier sur les prés).
Faute d'avoir fait le travail et cédé à la chasse marchande dans beaucoup de cas, notre monde de la chasse, celui des gestionnaires, est en passe de s'éteindre, tout comme sa génération. Nous avons beaucoup de tireurs et de moins en moins de Chasseurs, avec un C majuscule. C'est le défaut des adjudications qui donne la prime à l'argent et non au profil du chasseur.
De toute façon ce débat est suranné, aujourd'hui, les autorités ouvrent grand la porte aux destructeurs que ce soit dans le cadre de leur travail ou dans le cadre de la contrainte. Ainsi soit-il.
Si vous ajoutez à cela le climat malsain qui prend de l'ampleur à grande vitesse avec des actes anti-chasse qui se multiplient de la part d'activistes extrêmes, la messe est vraiment dite. Amen