Une reprise de lapins, il me faut remonter presque à la nuit des temps pour me replonger dans un bain de jouvence datant de mon adolescence, du temps où le Taubergiessen n’était pas encore artificialisé par l’Europapark, du temps où les prés de Rhinau en pays badois n’étaient pas encore pris par les « grains d’or » qu’est devenu le maïs pour le monde agricole alsacien. C’est dans la forêt landaise, grâce à notre passage et séjour chez nos amis Gérard et Fanfan, partis déjà depuis dix ans d’Alsace pour s’installer avec bonheur du côté de Cap Breton et Peyrehorade et le Président de l’ACCA locale, Raymond, que le temps d’une journée ensoleillée j’ai pu revivre ce qui par le passé faisait partie de nos traditions de chasse.
Ca change du sanglier et de l’astreinte au tir de nuit, même si la présence des suidés est manifeste partout aussi, des bords de route aux entrées de villages, sans parler des terres sablonneuses retournées soigneusement par les groins. Comme disait Jean Lefèvre dans les Tontons flingueurs, en parlant de la pomme et de la betterave dans le « brutal », « il y en a » !
Ca change de nos repas de chasse de moins en moins conviviaux livrés par des traiteurs, ici la table regorge de terrines maison, de civets, de rosé du sable, ce vin de pays sauvé de l’oubli par la famille qui mettait à disposition de l’ACCA son territoire. Ce vin servait à ragaillardir sur place les forces déclinantes des compagnies de bûcherons, du temps où hache et scie damaient le pion aux tronçonneuses et autres machines dévoreuses de bois. Incontestablement, on est dans le pays du bon vivre où le mot ruralité garde vraiment tout son sens. Nos politiques, nos ayatollahs "Verts" et autres animalistes feraient bien de s'y plonger pour comprendre ce que cette expression aujourd'hui galvaudée cache et signifie pour ces gens de la campagne et de la nature.
Quant aux équipements adaptés à la reprise, tout est pensé, travaillé, de la qualité des furets jusqu'à la technique de récupération du furet dormeur dans le terrier. Une plaquette de soufre et un ventilo, version "MacGyver" et le tour est joué.
L'Alsacien ne peut que s'incliner et lever le chapeau devant le béret landais.