Notre société ne tourne vraiment pas rond avec la recherche permanente du sensationnel, de la punch line pour alimenter le besoin en flot continu d'images et de paroles des médias fonctionnant 24h/24.
Est-ce vraiment faire du journalisme que de poursuivre une cible dans la rue ou un couloir en la harcelant de questions où l'on sait bien qu'elles resteront sans réponses ? Quel est le but, sinon produire des images à l'américaine ou comme dans un film ?
C'est qu'il faut tenir en haleine, vendre de l'excitation, mettre en scène, capter suffisamment d'images pour y coller du commentaire journalistique, dans l'espoir de faire de l'audimat pour gagner plus de contrats publicitaires que son concurrent.
Poser tranquillement une question est banal, courir derrière une cible pour lui arracher une phrase, espérer un dérapage qui va devenir punch line, c'est autre chose.
Aujourd'hui le harcèlement sous toutes ses formes est un sujet fort dont s'est emparée la société pour le régler, du moins le contenir, le diminuer, le condamner avec force pour espérer le vaincre et ainsi rendre la vie relationnelle des hommes meilleure.
Lâcher et filmer une meute de "reporters", micros et perches en mains, derrière une cible détenant une information donne une image plutôt étouffante, malsaine, voire du tout respectueuse de l'être humain.
Montrer une meute de chiens soumettant un animal chassé à des attaques sans répits fait de suite, dans le contexte animaliste et anticha actuel, grand bruit dans l'opinion. Balancer sans répits dans une course poursuite des questions à l'encontre d'une personne momentanément médiatisée ou ciblée parce que détenant une info, n'émeut pas souvent. C'est entré dans les mœurs, c'est devenu une technique de reportage, c'est le quotidien des people et des politiques considérés comme tel.
Sans toutes ces cibles, point d'actus en continues, point d'audiences, par contre beaucoup de chômage dans le milieu des médias.
Dans le même ordre d'idées, une braise pour s'enflammer a besoin d'être entretenue et alimentée. En observant la mayonnaise qui est entrain de se monter autour de la réforme des retraites, notamment à travers les questions posées et les personnes invitées en plateau, on entraperçoit que tout est fait, comme dans un scenario écrit, pour arriver progressivement à l'explosion espérée par les uns et les autres.
Dans ce contexte, on donne le sentiment que l'intérêt est porté sur les "gens" concernés par la réforme des retraites, mais en réalité, ne sont-ils pas que des simples leviers pour aider à faire du temps d'antenne futur ? Alors on donne la parole aux "dominés" pour harceler et vaincre le "dominant" du pays, tout comme le font les "petits chiens" contre "le gros" sanglier. C'est le sentiment qu'on peut avoir.
Maintenant, ramené sur le plan de l'audiovisuel ou regardé par la face cachée, "le dominant" à son tour n'est pas le chef et devient "dominé" aussi. Celui qui reste vraiment au-dessus, c'est le pouvoir médiatique par son "poids des mots et le choc des images".
Et si la révolte attendue n'est pas au rendez-vous ou a échoué, comme cela a été le cas de la mayonnaise ratée autour des prix de l'énergie et les coupures de courant, on recommencera avec autre chose, les sujets ne manqueront pas.