Infos'Chasse 67 vient de paraître, le temps de poster l'article présenté dans la rubrique "Dans l'oeil du viseur" :
"Au moment de la parution de ces lignes, nous serons dans le temps des derniers arbitrages pour tous ceux qui veulent encore repartir pour un bail de neuf ans et ceux qui ambitionnent d’acquérir un territoire. Face à eux, des communes aux comportements hésitants, avec étonnamment, certaines décidées de faire encore monter les prix, d’autres moins gourmandes selon l’adage, « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » et des mal loties, au banc communal sans attractivité et avec un DPC (Diagnostic de Performance Cynégétique) très médiocre.
Pas évident, pas simple dans ce contexte de faire le bon choix entre passion, bon sens, raison d’un côté, réalité du terrain, capacité à réunir un budget et des partenaires fiables de l’autre. Mais c’est l’histoire d’un chacun qui déterminera de la suite, selon sa volonté de décider sur la base de tous les facteurs et enjeux, ou non, en mettant alors sous le tapis tout ce qui devrait pousser à dire non, à la sur-enchère, à l’irrationnel.
Comme le politique, le chasseur est souvent « court-termiste », ce qui rend difficile pour lui l’intégration dans sa décision de tous les paramètres, du présent et surtout du futur qui sont complexes, différents, selon les territoires. Pour le temps présent, tout est écrit à travers deux documents, le Cahier des charges des chasses communales avec surtout les annexes et le Schéma Cynégétique. Pour le futur ou le temps long…, il a face à lui les orientations de l’ONF, la politique de l’État qui veut du bois et des forêts rentables, soit un retour sur investissement, les interrogations-modifications à venir du Schéma Cynégétique, la PAC avec les politiques européennes d’aide au développement de la biodiversité, les projets de développement des communes, du Département, de la Région, l’évolution de la société qui tend à entraver l’avenir de la chasse. Force est de constater le déséquilibre entre points positifs et négatifs. Sous forme plus imagée, le chasseur sera en toute vraisemblance à l’avenir, dans la position de celui qui « cherche à remplir d’eau un seau percé de trous multiples ».
Rester sur une stratégie reposant sur le passé ou continuer à privilégier dans la prise de décision, l’urgent, au lieu de ce qui est important à long terme, serait une lourde erreur. L’exemple de la réduction drastique de C3 dans la dernière attribution des bracelets de cerfs est un exemple. (www.veillecynegetique67.com, article du 2 août). Moins de cervidés, moins de réalisations, des points rouges, forcément et logiquement le nombre de bagues de cerfs de récolte ne peut que diminuer, provoquant au passage amertume et soucis de partenaires pour les chasses à plus ou moins fort capital de cervidés. Ce qui passait il n’y a pas très longtemps, ne marchera plus à l’avenir, dans l’exemple, le vieux cerf étant condamné à la raréfaction.
Cette approche est tout aussi valable pour le petit gibier, on y croit, des actions sont menées, mais contrairement à d’autres régions de France, le locataire, à l’exception de quelques-uns, a peu d’influence, face aux propriétaires, sur l’agrandissement des Surfaces d’Intérêts Cynégétiques nécessaires au développement et la survie de la petite faune. A voir les tableaux de chasse, nous tirons toujours encore plus de renards que de lièvres...
Il est dorénavant judicieux de sortir du temps court et dangereux d’oublier le temps long. Nous sommes focalisés sur l’acquisition du territoire alors que nous n’avons pratiquement pas de solutions à long terme pour la chasse, sa gestion nous échappant totalement. Notre court-terme est grandement dicté par la peur de ne plus pouvoir chasser, ce qui nous pousse à y aller et à choisir dans un contexte de rationalité limitée.
Si les bailleurs et « les quelques hommes qui font la loi » pouvaient nous garantir l’émergence d’une vision longue-termiste de la chasse, l’optimisme serait de rigueur et les arbitrages faciles à faire entre présent et futur. Là, nous nageons en eau trouble et « il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut voir »"