Alors que le débat bat son plein sur l’omnipotence que s'octroie l'ONF sur la vie animale en forêt, cf ma publication du 19 novembre, l'établissement public vient une nouvelle fois de frapper magistralement par l'exemple, en s'asseyant au passage une fois de plus sur ce qui fait le chasseur, sur ce qui le grandit et rend la chasse noble, digne et défendable. L'éthique ne fait définitivement pas partie de ses codes.
Hier au cours de sa battue dans la réserve de La Petite Pierre, un de ses "clients" a mis par terre non pas une, non pas deux, non pas trois, non pas quatre mais cinq biches tout en laissant courir les faons. Simplement lamentable, honteux pour rester dans une formulation courtoise.
Non, non et non. Venir, flinguer, repartir avec cinq Weidman's heil de biches au chapeau, ce n'est pas l'image qu'on peut avoir d'un chasseur, ce n'est pas celle qu'on veut tout simplement voir chez nous. L'argent payé n'ouvre en rien un droit, mais la chasse tarifée ouvre toujours et encore grande la porte aux excès de comportements ici ou ailleurs. Il est temps d'arrêter l'hypocrisie qui dure depuis des lustres et qui consiste à interdire sur papier de faire de la chasse un business. Week-end après week-end, le chasseur individuel est contrôlé sur le terrain pour vérifier s'il "est en règle", pour le verbaliser, comme dans le 68 si le contrôlé ne décharge pas son arme au poste ou s'il porte une bretelle à sa carabine, mais qu'est-il fait en matière de respect de l'interdiction de faire du pognon sur le bail de chasse ?
Maintenant, le "client" n'a fait que ce qui lui a été demandé de faire dans le cadre de son petit tour et puis s'en va, rapprocher l'ONF de son plan de chasse. Par contre, il n'a sans doute pas prévu la suite de son massacre, du moins vu le triste spectacle de l'errance sur une route de ses faons, partis à la vaine recherche de la protection maternelle. En clair, l'histoire n'est pas finie, c'est qu'il faut maintenant pour les "hommes en vert" chercher les faons, finir le sale boulot, quitte à ce que cela soit par affût chez les "hommes en rouge" du lot voisin... Mais où sommes-nous, à quel point bas sommes-nous tombés ? Sans doute vaut-il mieux pour les faons de tomber également, car un faon, certes sevré, mais sans lien social étant orphelin et perdu, s'amaigrit pour devenir rapidement un triste spectacle à voir, mais de là à les poursuivre en dehors de la réserve... faut-il être en quête de rédemption auprès de saint Hubert !
L'été dernier, avec mon article dans "l’œil du viseur" du trimestriel Infos'Chasse de notre Fédération départementale, j'espérais faire bouger une ligne sur l'importance pour la chasse et son image de sortir un code d'honneur du chasseur. Plus que jamais (cf article 2, 4 et 8 pour notre tonton flingueur) ce pas se doit d'être réfléchi et mis sur les fonds baptismaux. Aux battues nous signons l'engagement de respecter des règles de sécurité édités en recto-verso sur une feuille A4. Un dépliant en accordéon illustré de dessins pour rappeler une dizaine d'engagements devrait accompagner la démarche protocolaire. Il en va de notre crédibilité et durabilité. Pour mémoire :
Le code d’honneur du chasseur :
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Membre d’une communauté, je suis exemplaire dans mes comportements
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La fierté d’être chasseur m’engage à faire preuve d’éthique en toutes circonstances
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A chaque action, je m’honore à laisser le gibier « jouer sa partie »
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Pour garder une idée flatteuse de moi, je soigne mes tirs et ne cède à la performance
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Le respect de la vie du gibier à plume et à poil m’oblige, « le tir n’est que la conclusion d’une histoire »
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En battue, je m’interdis pour être aux honneurs de mettre en danger les autres et j’applique le principe de sécurité du DIF 30 (tirer à courte Distance, Identifier le gibier au préalable, tirer Fichant, dans un angle de 30 degrés )°
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Maître de mon tir, je refuse de mettre une espèce en danger par excès de chasse
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La chasse mercantile n’ouvre un droit de tuer, je m’y autorise dans le respect des valeurs fondamentales de la chasse
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Pour conserver à la chasse ses lettres de noblesse, je ne gère la faune « comme un stock », mais de manière raisonnée, durable, protectrice
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La chasse est un loisir en communion avec la nature, je laisse mon portable dans la poche".
https://www.veillecynegetique67.com/2024/11/revision-triennale-des-baux-de-chasse-domaniaux-et-retour-du-panpan-culcul-de-l-onf.html
https://www.veillecynegetique67.com/2024/09/l-ethique-du-chasseur-entre-discours-et-realite.html