Le nouvel Infos'Chasse 67 vient de paraître dans sa version numérique, avec, dans la rubrique dans l'Oeil du viseur, mon dernier edito consacré à un thème abordé en janvier dernier sur le blog sur l'absence d'un code d'honneur du chasseur. Ci-après l'article publié :
"Dans le climat hostile à la chasse où il suffit « d’une étincelle pour allumer le feu », un accident mettant en cause un chasseur, un comportement mal maîtrisé avec un utilisateur de la nature, une action de chasse en manque d’éthique, une provocation filmée sur smartphone, le monde de la chasse a fini, au fil des événements mettant en cause son existence, voire sa légitimité, par comprendre l’importance de la communication. Lors de sa dernière Assemblée Générale, notre Fédération départementale n’a d’ailleurs pas manqué de souligner cette nécessité du monde d’aujourd’hui à l’ère des tribunaux des réseaux sociaux, de devoir et savoir « communiquer ». De nombreux préjugés circulent sur le dos de notre communauté, sans que nous ayons souvent le courage ou l’opportunité d’y rétorquer. Or « un coup qu'on ne renvoie pas est un coup qui vous empoisonne ».
Parmi les nombreux préjugés qui nous sont le plus souvent avancés, le manque de crédibilité revient inlassablement, notre image étant tamponnée par les faits divers que nous pouvons produire, généralement promptement exploités par nos adversaires.
Nous sommes vus comme de bons bonimenteurs, à l’image de la chanson de Dalida, « Paroles, Paroles », et nos arguments finissent par ne plus être entendus. C’est vrai, en une photo sur un réseau social, en un week-end marqué par un accident et toutes les campagnes de bonnes intentions partent en fumée. Pour les adeptes les plus sincères pour qui la chasse reste encore profondément ancrée dans les mœurs, c’est difficile à vivre, ressenti comme un échec qui a force de répétition peut mener au découragement et au repli sur soi.
En fait, nous avons aujourd’hui deux formes de chasse, celle qui se plie aux coutumes et aux règles, souvent héritées du passé, qui accepte d’évoluer et celle moins exigeante, regardante qui vient « en excursion quelques heures en pays sauvage », selon l’expression que j’aime bien de Gérald de Roquemaurel. Mais pour l’opposant, la question n’intéresse, un chasseur reste un chasseur.
De la même manière, la chasse n’est ni élitiste, ni faite pour être une activité normalisée à l’excès. Elle n’est pas non plus un divertissement ou un sport comme un autre du fait de sa finalité, l’acte de prédation. La chasse est donc aujourd’hui une proie facile pour tous ceux qui ambitionnent à un titre ou un autre de nous « faire la peau », voire un levier d’agitation occasionnel pour mobiliser des troupes. Entre chasseurs nous nous comprenons parce que c’est notre milieu, celui qui nous touche. Ce ne peut-être le cas du côté de nos opposants car nous oublions qu’ils n’y ont jamais vécu.
Alors, elle ne peut qu’exécrer les Végan et les antispécistes, incarner la cruauté pour les défenseurs de la cause animale, être le cœur de cible de tous les idéologues qui militent pour une écologie extrémiste autour du principe que tout animal est un individu ou une personne. Au sein de cet environnement, difficile pour la chasse de trouver les mots, un juste équilibre qui lui permettrait simplement de continuer à exister tranquillement.
Face à toutes ces forces militantes et organisées, le chasseur engagé se fait rare, car ce qu’il veut c’est avant tout qu’on lui « foute la paix », qu’on le laisse encore chasser le peu de temps qu’il lui reste à vivre, à regarder la pyramide des âges qui fait de nous des dinosaures proches de l’extinction ! Or, face à toutes ces forces hostiles et le manque progressif de soldats, nous ne pouvons « rester dans le jeu » que par l’exemplarité, en aucun cas par « l’advienne que pourra et le chacun pour soi ».
Dans ce sens, il est étonnant que la chasse n’ait jamais pensé à rédiger un code d’honneur qui affiche et défende nos valeurs collectives fondamentales en interne et en externe. Un tel acte d’engagement vaut ce qu’il vaut et peut paraître désuet pour certains, voire ridicule pour d’autres, mais le penser, le distribuer et le rappeler lors de chaque chasse collective avec les consignes de sécurité, aiderait en fin de journée à mettre, selon les circonstances, certains points sur les i, en cas de manquements notamment. On peut même imaginer l’apposer sous forme de code barre sur les panneaux annonçant les battues pour être scanné par les promeneurs.
Face aux menaces externes, notre devoir est de lever en premier les poutres que nous pouvons avoir dans nos yeux, sans pour autant vouloir jouer le Robin des bois. Nos convictions ont besoin d’être affichées ouvertement pour créer l’image d’une communauté avec des valeurs collectives « honorables ».
Certes, vers le grand public, nous ferons toujours face au doute, K. Garbutt disait « dites aux gens qu’il existe un milliard d’étoiles dans la galaxie et ils vous croiront. Dites leur qu’il y a de la peinture fraîche sur une chaise et ils auront besoin d’y toucher pour se convaincre ». Dans ce sens, espérer faire changer le fusil d’épaule à quelqu’un d’extérieur à notre monde relève de l’optimisme ; comme disait Einstein, « il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé »...
Mais, prendre l’initiative d’une communication fixant ouvertement des règles de conduite vers un engagement à des règles tacites écrites et illustrées vaut la réflexion.
Ce qui nous est le plus souvent reproché est de tuer par loisir, de faire du tableau, de l’élevage, du trophée par l’argent et bien sûr d’insécuriser la nature considérée comme appartenant à tous. A nous de nous engager collectivement sur ces thèmes récurrents, nous avons les moyens pour ne pas laisser vivre tous les préjugés qu’on ne cesse de nous opposer.
L’UNUCR détient un code d‘honneur, pourquoi la chasse ne le ferait-elle pas, en tout cas celle du 67 ?
Le code d’honneur du chasseur :
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Membre d’une communauté, je suis exemplaire dans mes comportements
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La fierté d’être chasseur m’engage à faire preuve d’éthique en toutes circonstances
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A chaque action, je m’honore à laisser le gibier « jouer sa partie »
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Pour garder une idée flatteuse de moi, je soigne mes tirs et ne cède à la performance
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Le respect de la vie du gibier à plume et à poil m’oblige, « le tir n’est que la conclusion d’une histoire »
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En battue, je m’interdis pour être aux honneurs de mettre en danger les autres et j’applique le principe de sécurité du DIF 30 (tirer à courte Distance, Identifier le gibier au préalable, tirer Fichant, dans un angle de 30°)
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Maître de mon tir, je refuse de mettre une espèce en danger par excès de chasse
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La chasse mercantile n’ouvre un droit de tuer, je m’y autorise dans le respect des valeurs fondamentales de la chasse
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Pour conserver à la chasse ses lettres de noblesse, je ne gère la faune « comme un stock », mais de manière raisonnée, durable, protectrice
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La chasse est un loisir en communion avec la nature, je laisse mon portable dans la poche".