La folle battue de l'ONF à La Petite Pierre qui a vu un de ses "clients" mettre par terre pas moins de cinq biches suitées au même poste, à l'encontre de toute éthique, a forcément mis la hiérarchie dans l'inconfort et poussé la direction à sortir des pare-feux. Il faut dire que l'épisode tombe mal, pile poil au moment où un paquet de locataires a été mis au banc des accusés par l'Etablissement public, avec injonctions de résultats ou risque de battues punitives, faute de ne pas être dans les clous avec les plans de chasse pour les uns, d'avoir eu de mauvais résultats d'enclos-exclos pour les autres. Toutes ces lettres recommandées vont dans un seul et même sens : abattre d'avantage les ongulés qui empêchent la forêt de pousser, ni plus ni moins, soit ce que l'ONF a fait dans sa réserve de chasse mercredi dernier. Rien d'étonnant que l'ONF se retrouve donc dans l’œil du cyclone des chasseurs, de tous ceux qui ont encore gardé une certaine vision d'excellence de la chasse et qui ne se sentent pas l’âme d'un James Boom comme je l'avais écrit en 2015. Ce n'est plus un permis de chasser que nous validons chaque année, mais un permis de tuer, comme celui accordé par sa hiérarchie à James Bond !
Par ailleurs, si aujourd'hui, l'image d'une ONF voulant atteindre ses objectifs de chasse par tous les moyens, soit sans éthique, circule et se renforce, ce n'est pas par hasard, quoi qu'elle dise, l'armoire à archives pouvant être féroce.
Lorsqu'elle a réfléchi à sa "boîte à outils" pour concourir à l'équilibre sylvo-cynégétique sous la houlette du Préfet au printemps 2017, c'est elle dans un avant projet qui a parlé d'éradication des cervidés, terme jugé trop brutal par la suite et changé en "réduction des cervidés".
C'est l'Office également qui a écrit à la même époque qu'il convient de "libérer les critères de tir : pas de limitation par chasseur, en imposant cependant le respect des animaux (éviter de blesser) et de la sécurité".
De la même manière, elle ne peut nier non plus sa position archivée "qu'il n'y a lieu de se retrancher derrière l'éthique pour ne pas tirer et accepter les « erreurs », les réductions fortes d’effectifs s’accompagnant toujours d’une augmentation des blessures et d’apparitions de faons orphelins, d’autant plus que la pression de chasse
très forte peut déstructurer les groupes sociaux". Chacun comprendra ce qu'on peut en déduire, lorsqu'on sait que pour faire tomber une population de cervidés, c'est aux biches qu'il faut s'attaquer en premier...
Quant à "l'erreur de tir", à en croire l'Office, la traque-affût avec chaises de battues, appliquée et enseignée, est la méthode la plus adaptée pour éviter les "mauvais tirs", à tous points de vue, le gibier se présentant en principe plus doucement, facilitant ainsi l'identification et au-delà la sélection....
Alors peut-on vraiment croire l'ONF que le massacre des biches accompagnées de faons n'est pas de son fait et s'arrête seulement à un mauvais comportement ou interprétation d'un individu habité par le démon de la chasse, à chacun de voir. Il n'en reste pas moins qu'elle ne peut nier avoir aussi déjà précisé par le passé qu'une biche a fini le sevrage du faon à cette époque de l'année. Ce n'était sans doute pas pour faire une leçon de pédagogie aux chasseurs ou améliorer leur culture cynégétique, mais bien pour enlever tout frein éthique à l'action de ses tireurs, forestiers ou clients...
"L’éthique est une somme d'attitudes non formalisées d'ordre moral que le chasseur adopte de plein gré parce qu'elles le distinguent réellement, dans les faits, de l'individu mû par des pulsions de meurtre ou de sadisme, n'ayons pas peur de ces mots..." Vincent Piednoir et Humbert Rimbaud