Voyage dans le passé et de l'art de l'influence :
En 1960, l'université de l'amitié des peuples a été mise sur orbite par l'Ex-URSS pour devenir en 1961 l'Université Patrice Lumumba, du nom de l'indépendantiste congolais assassiné durant la décolonisation. C'était alors un pion essentiel dans la diplomatie soviétique pour récupérer ce qu'on appelait alors "les pays non alignés", c'était un vecteur reconnu d'influence directe et indirecte pour mieux progressivement prendre pied sur le continent africain en pleine décolonisation, avec le bonheur qu'on lui connaît aujourd'hui. Evidemment avec la chute de l'Union soviétique et le manque d'argent, ce haut lieu de l'éducation et de la pénétration a perdu de son attractivité et de sa superbe auprès des jeunes africains, "on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre". Mais depuis 2019, le système moribond est tel le phénix ressorti de ses cendres. Quand on sait d'où vient Poutine, cette remise en route ne s'est pas produite par un hasard du calendrier, "avant de récolter, il faut semer", en l'occurrence à hauteur de 1.200 étudiants par an pour créer du lien, de l'amitié, du lobbying et mieux si affinités !
Entrer dans la tête de l'autre, dans le cerveau des masses pour qu'elles finissent par penser et agir comme vous maintenant, plus tard, un jour fait partie de l'arsenal de tous ceux qui veulent mener la guerre idéologique, réussir à placer des cadres de confiance dans les élites d'un pays. Parvenir à l'influence, d'autres diront la sympathie pour une cause demandait par le passé des investissements longs, coûteux et sans garanties de réussite. Aujourd'hui, c'est devenu un jeu d'enfant, un métier, influenceur. Les réseaux sociaux, combinés avec l'"éducation" du plus jeune âge à l'université, la plus belle aubaine pour parvenir à produire partout dans le monde, à court-moyen-long terme ce qu'appelle le patron de la Russie les fameux "idiots utiles", d'autres diront des cinquièmes colonnes. C'est un des nerfs de la guerre pour gagner du pouvoir, des élections, dicter, imposer une idéologie, aux niveaux des Etats, on parle alors de guerre hybride, la communication, la propagande devenant alors des armes, les populations et les communautés des champs de bataille.
Maintenant, qu'est-ce que toute cette démonstration a-t-elle à voir avec le sujet qui nous intéresse, quel sera le vainqueur du match en cours pro-anti-chasse ? Comme disait Nicolas Sarkozy, "eh bien je vais vous le dire" !
Si j'ai pris l'exemple de l'université de l'amitié des peuples Patrice Lumumba, vaste opération russe de pêche à l'influence en zone africaine et qui a fait ses preuves, avec une digression autour de l'"éducation" de la jeunesse et du numérique, c'est parce que dans le soft-power écologiste une école post-bac ouverte en 2016 à Lyon, SUP'ECOLIDAIRE a attiré quelque peu mon attention. J'avoue par hasard, plutôt par lien avec son directeur-fondateur, ancien du RAC dissout en avril 2024 (Rassemblement pour une France sans chasse), passé à l'Alliance des Opposants à la Chasse (AOC).
Le moins qu'on puisse dire, en parcourant le site, c'est que Sup'écolidaire est une école engagée, pour tout jeune bachelier désirant "transformer la défense de son idéal en un véritable projet professionnel" comme le dit son directeur. L"ambition est de préparer les terrains fertiles de la jeunesse à "construire un monde plus juste et durable", avec comme partenaires plus de 130 associations/ONG et entreprises engagées comme Greenpeace, France Nature Environnement, OXFAM, L214 pour citer les plus connues au regard de leurs engagements et activités. Si ce n'est pas une école à vocation idéologique ciblé, ça y ressemble fort.
Quant au fondateur-directeur associé, il est loin d'être neutre non plus, bien au contraire au regard de son militantisme essentiellement anti-chasse, prônant un modèle de société sans chasse, ni piégeage létal et pour une régulation alternative. https://alliance.opposantschasse.org/wp-content/uploads/2023/06/edito_chasse_et_ethique.pdf
Comme disait Lénine, “Donnez-moi une seule génération de jeunes et je transformerai le monde entier.”
En face de toutes ces nébuleuses, de cette toile qui se tisse lentement et intelligemment, la chasse n'a rien à mettre de comparable. Certes, la Fondation François Sommer a une école de chasse et fait des formations, mais n'est du tout dans un cursus d'enseignement supérieur vers des emplois "en faveur d'une société plus juste et durable". C'est un centre de perfectionnement à la chasse, éducatif à la nature dans l'idée de Jean Rostand "Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler”. Ca fait naïf, lorsqu'on regarde ce qu'il y a en face, en terme de stratégie, d'organisation en meute, d'ambition sociétale. Autant dire que dans le match pro-anti chasse, il n'y aura pas de prolongations, ni de tirs au but. Ajouter la recherche de bordéliser plus que jamais le pays, pour faire avancer les idéologies des uns et des autres et vous pouvez même miser sur un arrêt prématuré du match ! Le nom de la ou du futur Ministre de l'Ecologie, arbitre du match est dans ce sens à surveiller de près. Joyeux Noël !
Réseaux sociaux. La France a la preuve que la Russie tente de manipuler des influenceurs
" La Russie tente de manipuler des influenceurs dans des pays européens, dont la France ", a déclaré Jean-Noël Barrot.