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Initialement, le présent article était destiné à alimenter la rubrique de décembre dans l'oeil du viseur" de la revue Infos'Chasse 67. Je confirme que le thème central de l'article, peut-on tout dire, n'est pas toujours possible et comme je ne sais suivre le proverbe arabe,"trempe toujours la pointe de la flèche dans du miel quand tu lances celle de la vérité", j'ai donc choisi pour l'edito du trimestriel fédéral un autre article légèrement moins clivant et déjà publié sur le blog, mais à mon regret peu suivi quand la chasse n'est plus de la chasse, elle se met en danger. Plus que jamais, saint Augustin a raison et la chasse a tort. C'est mon point de vue, je crois davantage au baiser au brocard qu'à celui au serpent. Bonne lecture :

"En mai 2013 j'ai créé le blog veillecynegetique67, à la sortie d'un long combat contre la gouvernance du FIDS 67 et les modalités de financement par mutualisation des dégâts de sangliers. J'étais alors partagé entre le "à quoi bon" et le refus de ne "plus rien dire pour ne mécontenter personne". Pour ne pas céder à la tentation du repli, le blog me paraissait alors être un bon compromis entre la liberté de penser et l'envie toujours présente de ne pas laisser la chasse se faire cuire lentement dans la marmite du silence ou par des décisions imposées du dessus comme vérités, selon le principe de saint Augustin "à force de tout voir, on finit par tout supporter, à force de tout supporter, on finit par tout tolérer, à force de tout tolérer, on finit par tout accepter, à force de tout accepter, on finit par tout approuver".

Plus de onze ans plus tard, qu'y a-t-il de changé ? 750 articles ont été publiés, beaucoup mériteraient d'être relus, mais notre société est consumériste, en attente permanente de "breaking news", rendant court le temps de l'intérêt et de l'action. Un sujet efface rapidement l'autre, comme si le traitement du problème et sa recherche de solution importait peu. Notre société, nos médias aiment "l'état problème" qui fait parler, commenter jusqu'à ce qu'une autre info vienne ranger la précédente dans l'oubli. Souvent, beaucoup d'intentions, "il faut, yaka", mais quand il faut y aller, même le Racing n'est pas toujours là !... Ainsi par exemple, le pays, compte tenu des caisses vides et du déficit financier abyssal, a besoin d'une gestion financière serrée de l'Etat avec des réformes drastiques, mais dès qu'il touche à une catégorie socio-professionnelle, à l'intérêt de Pierre, Paul ou Jacques, c'est levée de boucliers, mouvement social, grève, chantage. Le changement on en veut, mais pas maintenant et surtout sur le dos des autres !

Se pose dès lors la question essentielle, peut-on seulement encore dire, faire ou écrire quelque chose susceptible de créer le mécontentement ? "Toute vérité n'est pas bonne à dire" paraît-ii, surtout lorsqu'elle peut toucher au susceptible. Vous faites une chronique sur un sujet qui "chatouille" le monde agricole et aussitôt des cris d'orfraie sont poussés auprès de la Fédération par la corporation, alors que je n'ai fait que relater un vécu, pas une opinion, mais une réalité. Un fait divers macabre circule sur radio chasse, en l'occurrence le broyage de huit sangliers dans un engrais vert, mais chut, pas de vagues, pas d'article dans les DNA, la chasse a besoin du monde agricole. Imaginez un instant, ce qui se serait passé si un chasseur avait été pris dans un acte de souffrance ou de torture animale gratuit... Là encore je relate un fait et ne parle d'une opinion.Vous postez un article sur les provocations ou incivilités d'utilisateurs de la nature, vous osez faire un rappel à la loi et vous êtes pointé comme faisant de la "ségrégation envers les autres usagers de la nature", voire "d'inciter à la haine". Vous osez, comme invité, comme participant à une battue, faire un rappel de consignes de sécurité sur le port de l'arme en déplacement de groupe ou sur la nécessité de garder le silence en marchant vers les postes, le retour de regard vous dit tout. Dans ces deux derniers faits, je m'appuie encore une fois sur du réel et non une opinion.

Que ce soit pour le chasseur ou le citoyen, nous vivons aujourd'hui enfermés dans des systèmes qui chacun, au nom de son idéal, veut dicter à chaque individu ce qu'il doit faire ou ne pas faire. A la limite pourquoi pas, tant que la tolérance, le bon sens, l'intérêt général, l'ouverture d'esprit, le respect de l'autre et des idées guident l'action et permettent de trouver les bonnes réponses, ce qui est de moins en moins le cas. L'être humain pour vivre en société a besoin d'un cadre et de limites. A défaut c'est l'anarchie.

Par contre, si le système devient modèle d'action, là, il y a alors grand danger pour l'individu en bout de chaîne car de celui qui détient l'autorité à celui qui veut la renverser, chacun va pousser à la radicalisation, jusqu'au risque de l'ultime ou de l'extrême, la désobéissance civile. L'actualité française ou mondiale regorgent au quotidien d'exemples, de la Russie à la Chine, du Proche-Orient à l'Europe ou les Etats-Unis.

L'écologisme urbain dominé par des militants pauvres en contacts avec la nature, l'ONF enfermée dans son obligation de rendre productive la forêt, le syndicalisme agricole éloigné de l'agriculture paysanne et toujours plus orienté vers l'agriculture capitalistique et industrielle, chacun possède son système et cherche à l'imposer par le collectif et l'action aux autres. En face le chasseur pèse peu, car guère enclin à l'action collective et la chasse représentée par ses instances fait figure de "citadelle assiégée", comme l'a rappelé Willy Schraen, son Président. Nous somme submergés de menaces, toutes visant à la faire disparaître sous des formes et systèmes divers et variés, allant de l'écologie avec ses idéologies punitives, le wokisme, le spécisme aux aspirations d'une nature pour tous sans propriété privée, le bien être animal, la suppression des chasses traditionnelles.

La liste des détracteurs, du simple activiste endoctriné au militant aveugle ou de l'idéologiste de combat à l'abolitionniste convaincu, est très longue, trop longue. Nous sommes mis en joue en permanence et de partout. En riposte, le plus souvent nous faisons le dos rond, d'autres diront de mauvais choix, pensant que l'avenir nous donnera raison. Nous parlons certes, mais en oubliant le plus souvent l'action. Du côté du peuple Corse, les choses sont vues différemment, "on agit en premier et on discute après". Du côté du syndicalisme agricole, on sort les tracteurs et le lisier, on suspend des peaux de sangliers aux grilles de la FDC de la Dordogne. Pas notre tasse de thé à juste titre, voter par les pieds dans la rue ne peut remplacer le vote par les urnes, tant que nous continuons à idéaliser la démocratie. Il n'empêche que les chasseurs devront réfléchir si le temps n'est pas venu de s'opposer ponctuellement, collectivement, froidement, de manière mesurée à chaque fois que notre identité de gestionnaire de la faune, autour de la notion du "Hegen und Pflegen" (chérir et soigner) est en jeu.

C'est dans ce contexte que la FDC 67 va devoir sortir un nouveau Schéma Cynégétique, soit avec en face du lourd, du frontal. C'est dans ce contexte que les piégeurs vont devoir continuer sans cesse d'affronter les partis pris d'une nature angélique et justifier leur raison d'être pour perdurer. C'est dans ce climat que sur le terrain, chacun d'entre nous va devoir défendre exemplairement la chasse, mais pas n'importe laquelle, celle d'excellence. C'est dans ce combat que le chasseur a besoin du pêcheur, du boucher-charcutier et vice versa. C'est dans cette lutte que nos candidats politiques locaux, régionaux, nationaux en place ou à venir devront s'inscrire, avec la mission affirmée de tout faire pour éviter que la chasse ne soit mise dans des cases, une fonction qui l'amène à renier ses valeurs, à s'asseoir sur l'éthique, sous couvert de modernisme qui veut balayer tout ce qui appartient à notre patrimoine français.

A la lecture de ces lignes, nous serons dans la période des vœux, alors que 2025 aide à ce que la chasse ne soit pas délaissée, qu"elle puisse exister dans un monde soucieux de paix et de fraternité, que le rationnel reprenne sa place pour que tous les acteurs reviennent à ce qu'on appelle la bonne intelligence.

Joyeux Noël

"Par son rapport à la civilisation, à l'homme, la chasse appartient au patrimoine français" Olivier Dassault

Tag(s) : #Billet d'humeur, #Faune-Nature-Ecologie et Chasse
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