La fauche des herbes agricoles ou comme en ce moment celle des engrais verts pose en permanence l'éternel débat, comment épargner la faune sauvage de la faucheuse ? Un épisode récent, particulièrement cruel, dans un champ d'engrais vert aux portes du Kochersberg qui a vu l'agriculteur faire un tableau sanglant en broyant huit sangliers du haut de son tracteur, à la grande colère du locataire de chasse, met dans l'actualité "cachée", le sujet plus que jamais.
Si chasseurs et fédérations, grâce à la technologie des drones équipés de caméras thermiques, s'appliquent de plus en plus à protéger de la fauche chevreuils, levrauts et nichés au printemps, à l'automne les bonnes intentions passent le plus souvent à la trappe, pourtant le risque de passer dans les lames demeure pour la faune sauvage, en particulier les sangliers remisés dans les engrais verts.
Gibier noble, bête noire ou animal susceptible de créer des dégâts, peu importe, l'éthique demande avant tout le respect du gibier par tous ceux qui peuvent intenter à sa vie, chasseurs en actions, agriculteurs en exploitation des champs, automobilistes sur les routes. Hélas "l'éthique est loin de se vérifier partout et toujours" comme rappelé dans mon post récent sur le sujet https://www.veillecynegetique67.com/2024/09/l-ethique-du-chasseur-entre-discours-et-realite.html
Loin de moi, cependant, de penser que l'agriculteur ait pu volontairement finir à la fauche la compagnie de sangliers, sous prétexte de provoquer des dégâts, il n'en reste pas moins qu'il les a poussés devant lui "de visu", ce qui aurait pu être évité s'il avait tout simplement appliqué une méthode de fauche adaptée à la fuite des animaux. Elle est connue des agriculteurs, mais rares sont ceux qui l'appliquent, tourner autour du champ est plus simple. Maintenant dans le cas de notre agriculteur, il n'a rien gagné car je n'ose imaginer l'état de son matériel de fauche après concassage des os, des boyaux et de la chair des sangliers. Quant à l'engrais vert souillé, il peut le laisser pourrir sur place.
Si tant soit peu, l'objectif du monde agricole était de faire le moins mal possible à la faune gîtée dans un champ, il suffirait de rentrer à l'intérieur de l'espace au départ et de faucher en continu de l'intérieur vers l'extérieur. Cette fauche porte un nom, "la fauche sympa"... Tout autre système se transforme en piège, tout particulièrement pour le sanglier qui va rester dans le couvert jusqu'aux derniers mètres.
Enfin, comme pour l'automobiliste, la vitesse joue aussi un rôle. Beaucoup de fauches se font aujourd'hui à grande vitesse, malheureusement le matériel va de plus en plus vite et l'homme moderne est pressé que ce soit sur la route ou dans un champ.
Au final, cette lamentable histoire montre une fois de plus que la protection de la faune ou tout simplement celle de l'environnement reste "une affaire de comportement personnel" et ne peut se faire non par un fatras de directives politiques, d'aides diverses et variées ou de mouvements de rue, mais individuellement par le respect de quelques lignes directrices personnelles qui honorent l'être humain. On peut toujours rêver sur fond musical de Dutronc, "Le petit jardin" !
« On ne peut améliorer le monde par des institutions, c’est le fait de se changer qui permet de changer le monde, car on voit les autres différemment » Camille Claus
Et tant qu'on y est, un petite dernière pour la route ou enfoncer le clou, « on reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux » Gandhi
JACQUES DUTRONC - Le petit jardin
45 tours publié en 1972. Texte: Jacques Lanzmann. Musique: Jacques Dutronc. Accompagnement: Jean-Michel Defaye et son orchestre. Photo: Gilbert Moreau.