Certains diront que je suis ou deviens monomaniaque, dans la mesure où je martèle ces derniers temps le même message, la chasse fait une erreur de se replier dans la défensive, pensant qu'en expliquant mieux au grand public ce que nous faisons, nous gagnerons la bataille de la légitimé de la chasse, soit sa pérennisation ou qu'il faut ne pas froisser les Autorités, car ce n'est jamais le bon moment.
Croyez-vous que si les agriculteurs, contre lesquels je n'ai rien, contrairement à ce qu'ils pensent, je dis juste un certain nombre de vérités sur la base de faits réels, que si leurs tracteurs et les charrettes de lisier restaient à la ferme, le politique les mettrait-il autant en tête de gondole de leurs préoccupations ? Nous on passe des spots publicitaires, pour expliquer notre activité ou montrer combien nous agissons au profit de la nature et de la biodiversité, enfin quand les médias, comme France Television, ne refusent pas de les diffuser. Certes, c'est mieux que rien, tentez d'aller vers le cœur des Français a du sens, mais au final l'opinion reste opposée, car elle est toute faite par la puissance de feu des détracteurs qui vont de Brigitte Bardot, Bougrain Dubourg à PETA, la LPO, L214 etc...et sans parler de Hugo Clément avec ses reportages ou de Nagui. Les lignes éditoriales des grands médias du PAF sont pro animalistes, les politiques lâchent les uns après les autres les chasseurs qui ne forment plus un socle électoral suffisant pour sortir vainqueur des urnes, notre Président de la FNC est devenu le punching-ball préféré des opposants, c'est la réalité.
Des vagues déferlantes et successives nous tombent dessus et nous n'avons de stratégie dans les cartons. Nous sommes dans la peau du pompier qui tente d'arrêter le feu de sa maison, alors que c'est trop tard et qu'il vaudrait mieux mettre l'énergie dans la construction d'une nouvelle.
Nous sommes en permanence dans la défensive, replié derrière une ligne Maginot, mais absolument incapable de proposer une vraie perspective d'avenir. Les experts en prospective vous diront qu'être défensif c'est avoir une vision court-termiste, alors qu'il faut voir devant, plus loin. De plus, se défendre en permanence est fatiguant, frustrant, car on subit les systèmes des autres, sans réussir à transformer ses propres idées en actions. Pire encore, à force vous finissez par ne plus être pris au sérieux.
Tout comme la société et les jeunes générations sont entrain d'oublier les valeurs fondatrices de la démocratie et que la démocratie avec les libertés qu'elle autorise est le fruit de conquêtes de nos grands parents, la chasse a cru qu'elle serait éternelle. De tout temps, rien ne reste acquis, tout évolue, nous l'avons oublié.
Construire la chasse de demain, j'en ai parlé en 2021, nous avons la Fondation François Sommer qui a déjà fait un travail de prospective, (cf pj) et qui pourrait être le "chef de chantier", entouré de chercheurs du CNRS qui se sont penchés sur l'animal et la chasse, comme l'ethnologue Sergio Dalla Bernardina, l'anthropologue Charles Stepanoff ou le cinéaste-aventurier Nicolas Vanier par exemple. Nous avons des choses à revoir, à réfléchir, à faire, à s'interroger.
La chasse d'aujourd'hui bute sur un paradoxe, une équation difficile à résoudre, nous aimons la nature et les animaux, mais aussi les chasser, en clair les tuer. C'est notre contradiction, conforme à la règle des cinq C, C'est Con mais C'est Comme Cà. Nous pouvons expliquer nos contradictions, il existe des YouTube québecois notamment sur le sujet, mais nous avons bien plus de publications sur les réseaux sociaux qui nous assassinent auprès du grand public et des opposants, qu'elles viennent de chasseurs ou d'activistes. La vénerie en sait quelque chose. Si pour ce qui concerne les contenus publiés par tous ceux qui nous ont à l’œil, nous devons composer avec, à part ne pas leur donner des munitions ou le fouet pour se faire battre en cultivant par exemple le code éthique, par contre nous pouvons agir sur nos images et vidéos mises en réseau.
Evidemment, chacun et libre d'écrire et de publier, moi le premier, mais de là à prêter le flanc pour nous faire taper, il y a de la marge. Aujourd'hui, un mouvement de désabonnement est parti sur X depuis qu'Elon Musk fait objectivement craindre qu'il veut devenir le maître du monde. Honnêtement, un ménage de videos ne pourrait que faire du bien à la chasse. Cela faisait longtemps que je n'ai plus fait de tour sur YouTube de videos de chasse, j'ai "coincé grave" et compris qu'avec mes propos autour de la nécessité de retrouver une éthique de chasse, je suis vraiment un grand naïf pour ne pas dire couillon. Quand je regarde la déferlante d'images de tirs en battues, j'hallucine carrément. C'est un concentré de non respecs de règles, du DIF 30 au déplacement de poste en passant par l'absence de marquage du gibier soumis à plan avant déplacement, une valse de Gopro, coupée de publicités, d'appels commerciaux ou à l'abonnement. J'en finis par me poser la question, si l'éthique fait vraiment partie de la chasse. A-t-elle seulement une place dans le top 12 des principales valeurs de la chasse ? A lire les commentaires, on peut douter.
Le tir performance, le tir scoreur est pratiquement partout dans les vidéos, alors qu'il ne devrait être que la "conclusion d'une histoire". Au final de mes heures de visionnage, du créateur de contenus au simple post, mon code d'honneur du chasseur est balayé en tous les points, je parle de la myopie du chasseur, mais moi je suis aveugle, à côté de la plaque. J'échange actuellement avec un forestier à la retraite qui me reproche de m'acharner sur l'ONF dans mon dernier article et les deux sur le quintuplé de biches, alors qu'à côté "sur les chasses de sociétes ou de particuliers il y aurait du grain à moudre", selon ses dires. C'est vrai.
On est d'accord, la battue est le mode de chasse le plus exposé à un manque d'éthique, surtout si elle est de destruction, quelle que soit la raison. Mais alors pourquoi diffuser dans le climat délétère auquel la chasse est actuellement confrontée ? Pour enrichir la plateforme, les sponsors, faire des abonnés qui ne likeront que si les images montrent des performances de tir, des culbutes spectaculaires de gibier, en plus au ralenti ? Le temps de Descartes est fini avec l'animal matière, la chose dont on dispose. "L'éthique se joue à l'abri des regards entre l'animal et le chasseur", ce qui veut dire que c'est à chacun de voir comment il finit l'acte de chasse, comme un barbare ou un homme d'honneur ? Peu m'importe la réponse, elle relève de chaque chasseur et de son intime pour ne dire conscience.
Par contre, à partir du moment où je diffuse sur les réseaux, je sors du cadre de l'abri du regard et là je deviens responsable de l'image de la chasse que je vais véhiculer. La caresse de l'animal mort, le remise de la dernière bouchée, ou le remerciement à saint Hubert ne changent rien à l'image d'un tir, d'un acte de chasse qui soulève du malaise.
Nous sommes dans un contexte qui nous met dans le box des accusés, avec des juges d'instruction qui veulent la peau du chasseur. Se filmer à la chasse par Gopro en battue ou par camera intégrée dans la lunette de tir à l'affût ne me pose aucune question, si le montage reste chez soi comme du temps des albums photos. Si je mets en ligne, je dois me souvenir que le cas échéant j'apporte une preuve au tribunal populaire qui veut condamner à terme la communauté des chasseurs. L'enjeu est là.
"L'avenir de la chasse dépendra de sa capacité à s'adapter aux évolutions sociétales et à engager un dialogue constructif avec ses opposants et les politiques". Ce n'est pas moi qui le dit, mais l'Intelligence Artificielle de Qwant !
https://ffs.concilium.re/wp-content/uploads/2018/07/CNS-2040-Lettre-n%C2%B01.pdf
https://ffs.concilium.re/wp-content/uploads/2019/02/Lettre_2.pdf
https://ffs.concilium.re/wp-content/uploads/2020/01/Chasse-Nature-et-Soci%C3%A9t%C3%A9_03.pdf
https://fondationfrancoissommer.org/wp-content/uploads/2017/11/Lettre_4_web.pdf
https://fondationfrancoissommer.org/wp-content/uploads/2021/06/LIVRE_BLANC.pdf