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Déculpabiliser le chasseur pour "libérer ses tirs", c'est le message que l'ONF aimerait bien ancrer dans la tête des chasseurs pour les faire changer dans leur manière de voir la chasse au grand gibier. Là où le gibier est vu en premier comme une proie à capturer ou de la viande tirer un brocard décoiffé, en velours ou juvénile, abattre la chevrette ou la biche en premier, quitte à créer des orphelins, prendre sous le feu la laie en place de la bête rousse, ne pose de problème. Chez nous les vieux Alsaciens, biberonnés à l'éthique allemande, "chérir et soigner", les deux mamelles de notre culture de chasse, reste la base de nos actions de tir. On peut nous expliquer ce qu'on veut, nous mandater de force pour exécuter des missions, un chasseur responsable, fier de son savoir et de son art n'ira pas s'abaisser aux basses besognes dictées du haut.

Des prétextes pour éliminer la grande faune de la forêt et des champs nous sont fournis depuis des années avec les lobbys qui vont avec. En plaine, la révolution agricole et le virus de la myxomatose ont eu raison du petit gibier, pas eu besoin de recourir au chasseur pour faire le sale boulot, si d'aventure il avait fallu le réguler, remembrement et chimie ont fait le taff à sa place. En forêt, ce n'est pas la même chanson, François et Jacqueline Sommer ayant passé par là avec le soutien du Président de La République Georges Pompidou. Tout d'un coup, à partir de 1963 partout en France de l'intérieur, comme on dit chez nous, le grand gibier s'est vu offrir un statut protecteur avec des plans de chasse. Ce fut le début de la lente prolifération des ongulés. Mais c'est l'explosion du sanglier, malgré son statut de nuisible qui a fait le reste, en l’occurrence la nouvelle corne d'abondance de la chasse et par delà l'émergence des chasses marchandes. Tout le monde a participé au festin à commencer par les bailleurs communaux ou domaniaux et les propriétaires de forêts privés.

Aujourd'hui ce modèle à la fois économique et de chasse a du plomb dans l'aile. Sauf de l'argent, on en veut plus du côté des exploitants, Lothar ayant passé par là avec les scolytes et la sécheresse climatique. Dorénavant, la forêt crève, mais c'est la faute au gibier, il faut bien trouver un bouc émissaire à la misère. Dans un premier temps toutefois, le changement opératoire a été boudé, malgré l'émergence de boîtes à outils, de livres blancs, car le sanglier et sa maîtrise des dégâts accaparait toutes les énergies sous la pression du monde agricole. Depuis, beaucoup d'encres a coulé, de nouveaux concepts ont vu le jour, notamment celui de gestion adaptative des espèces et un cheval de Troie malicieux a été introduit par l'Etat. Ceux qui me suivent connaissent bien la conclusion pragmatique d'un ancien du BTP allemand de l'après guerre, "ce que tu ne peux avoir par l'argent, tu l'obtiens avec beaucoup d'argent". L'Etat a ainsi mis en 2023 la main à la poche sur trois ans avec une enveloppe de 80 millions d'euros, pour aider les Fédérations à financer les dégâts de sangliers, mais à condition de... réduire les populations de sangliers et sortir une nouvelle boîte magique bourrée d'I.A, un portail déclaratif en direct des prises faites par les chasseurs. La boîte de Pandore a été ouverte.

Comme relaté sur le blog, le Bas-Rhin a été le premier a se lancer avec un outil baptisé CynePortail. Initialement destiné au reporting des tirs de sangliers, aujourd'hui, cette application est devenue, en très peu de temps, une machine de guerre, avec des fonctionnalités développées mois par mois faites pour tout connaître des tirs réalisés sur chaque lot de chasse, des ESOD au petit gibier, en passant par l'ensemble des réalisations des plans de chasse des ongulés. Rien ne pourra plus échapper à la lorgnette de tous ceux qui auront accès aux données, comme la Direction des Territoires. Bref en un clic, ceux qui veulent savoir sauront  comment vous chasser, ce que vous tirez, le % d'accomplissement de votre plan de chasse, la liste des possibilités de renseignements et d'exploitation est longue, très longue...

L'ONF ne sera pas en reste non plus, ARTEMIS va bien finir par sortir à destination des locataires domaniaux. La boucle sera bouclée, chacun pourra alors faire sa popote de son côté et le chasseur sera pris dans l'étau, sa peau et celle du gibier ayant été vendus pour quelques centaines de milliers d'euros, 1 300 000 pour les bas-rhinois.

Avec d'un côté les lettres recommandées de l'ONF avec injonction de faire les minima en ongulés, dead line semaine prochaine et de l'autre l'obligation de résultat signée avec l'Etat en matière de suivi des prélèvements et des dégâts, est-il besoin de dire que le grand gibier tombe dur actuellement sous la mitraille ? En deux semaines trois territoires domaniaux autour de notre chasse de plaine plus de 100 sangliers partis en voiture. Ajoutez y les "effets collatéraux" impactants pour l'avenir, grosses laies pleines ou non et vous dites, selon le côté où vous êtes, "j'aime quand un plan fonctionne sans accroc" ou mission accomplie ! D'autres diront "merci monsieur Schraen" ou enfin ils vont capituler ou on les a eus en chantant "cerf, cerf ouvre moi ou le chasseur me tuera" !

Tag(s) : #Forêt et gibier ?
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