La chasse, est comme jamais dans l'actualité, à travers des histoires de braconnages qui se succèdent, du procès solognot aux trois abrutis en Corse du sud, à travers des attaques répétées comme celle de B.B et du sonotone contre la vénerie, à travers la sentence du Conseil d'Etat qui annule l'arrêté ESOD en cours pour la plus grande gloire de la LPO, de l'ASPAS et consorts, à travers des opérations de révolte ou de séduction, comme celle de la FDC et de l'opération Manifeste de ce jour, en attendant le "débat" Paris Première entre Aymeric Caron et Eric Dupont-Moretti.
La chasse n'est dorénavant vu sur médias et réseaux sociaux plus que comme une punchline, avec un seul objectif, la faire disparaître, à coups de boutoirs répétés pour faire émerger l'idéologie d'un monde sans chasseurs, alors qu'à côté le monde des guerriers explose partout sur la planète.
Alors une soirée comme celle vécue hier soir est tout simplement bénie des dieux pour nous rappeler que ce qui nous fait tenir c'est ce privilège de pouvoir vivre encore épisodiquement des émotions en communion avec tout ce que la nature sauvage peut nous livrer, tout en nous rappelant que la mort fait partie de la vie. Bien sûr, un ragot a perdu la vie en allant s'aventurer hors forêt pour goûter à quelques grains de semis de maïs, alors que s'il ne s'était montré une seule minute plus tard, il aurait continué sa vie d'ESOD, mais la chance n'a pas voulu être de son côté.
23h05, appel à l'opposé au loin de mon mirador, de mon partenaire de sortie, un agriculteur vient encore disperser ses produits sur un blé... Petit papotage sur les observations de chacun tout au long de la soirée, ponctué d'un bonne nuit et à demain.
23h08, dernier check de routine avant de descendre de l'échelle et doute sur l'apparition à ma gauche devant au loin dans les prés d'une forme, prise au premier regard pour un chevreuil. Mais en y regardant plus attentivement, silhouette massive et déplacement, nul doute, ce ne peut être qu'un sanglier, je rêve, cela fait des semaines que soirées après soirées les nuits sont calmes de tout suidé. La chance serait-elle avec moi ? Dans un premier temps non, il aurait fallu être sur le mirador d'à côté, alors patience et observation, tout l'arsenal émotionnel du tireur de nuit. Très prudent, il franchit un pré fauché pour poursuivre lentement son chemin en biais vers mon affût. Nul doute, mon choix a été le bon, il vise le semis de maïs derrière moi.
23h15, il n'est plus qu'à une cinquantaine de mètres dans les hautes herbes, le vent va lui devenir favorable, il est temps d'agir, de le prendre dans la lunette aidée du Pard. "Affaire conclue", presque, ne me demandez pourquoi, un mélange de routine, d'absence de sénilité, de montée d'adrénaline, de manque de concentration, me fait appuyer sur la queue de détente de la 5.6 et non de la 7X65. A l'impact nul doute, la balle y est, au son produit par le tir, je ne peux que m'affubler de tous les noms d'oiseaux. Mais très vite, le chemin de fuite du sanglier est repris dans le thermique, une trentaine de mètres et plus rien. Comme on dit, pour se convaincre et réparer son erreur, "il y est", avec un léger doute, un chevreuil en bord de forêt regarde droit devant lui, assez loin de l'endroit où mon sanglier a disparu...
23h18, il est temps de rappeler mon "homme de sang", le meilleur du secteur 😁, pour l'orienter vers "l'Anschuss", comme on dit chez nous et remonter la coulée de fuite avec ou sans sang vers le point de disparition du sanglier. A sa démarche, je sens bien que la piste n'est pas chaude et que les cercles concentriques autour de la zone de recherche sont improductifs, tout comme les repérages au thermique. Je descend donc de l'échelle pour poursuivre la recherche à deux au-delà du dernier point de disparition du suidé. Sur place, j'ai vite compris, l'herbe est plus haute et touffue. Mais très vite l'espoir renaît, avec le repérage d'une coulée garnie de sang sur le haut des brins d'herbe. Encore quelques errements et c'est le soulagement, au final dans l'axe de regard du chevreuil, l’hémorragie a fini par terrasser le jeune mâle de 48 kgs.
1h15, retour à la maison, loin du sentiment que veulent nous coller tous nos détracteurs, celui de la chasse honteuse, parce que tout simplement à aucun moment, de l'apparition du sanglier à son transport dans la voiture, il n' a été question de plaisir, mais d'émotion, de partage de moments, d'intimité partagé avec mon "homme de sang". Tuer un animal sauvage, n'était pas l'objectif de la soirée, mais c'est l'essence de la chasse, sa définition. C'est ce que l'écologisme ne veut intégrer, à défaut accepter. Il refuse d'assumer la part d'animalité de l'homme qui nous vient de la nuit des temps, coupé de la ruralité depuis qu'il s'est urbanisé. Il refuse tout simplement de voir l'homme comme il est, avec peut-être des valeurs qu'on peut juger archaïques, mais qu'on ne peut nous interdire pour cause d'une autre vision de la triade relationnelle homme-animal-nature.