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Le dernier Infos'Chasse est arrivé dans les boîtes-aux-lettres des chasseurs du 67, l'heure de mettre en ligne ma dernière publication dans "l'Œil du viseur" sur les stratégies mises en place par les tenants d'un avenir sans chasse pour décourager les chasseurs de poursuivre leur passion et donc aboutir à leur lutte finale, l'arrêt de notre pratique et notre écartement de la nature. Lorsque viendra tôt ou tard l'heure de mettre un bulletin de vote dans les urnes, des dilemmes ne manqueront sans doute pas de surgir pour le chasseur-électeur attiré par le programme d'un parti anti-chasse !

"Dans nos départements de la loi locale, l’ouverture générale de la chasse le 23 août est juste devenue une date dans le calendrier et ne ressemble plus en rien à la fièvre qu’elle peut encore susciter dans d’autres régions de l’hexagone ou pouvait soulever chez nos anciens autour du petit gibier. Ce n’est plus l’événement annuel tant attendu fait de culture et de traditions, comme Marcel Pagnol a su si bien le narrer dans la Gloire de mon père. Qui, à l’approche de l’ouverture, prend encore de longues heures à préparer ses cartouches, « prouver son fusil », discuter des meilleures méthodes de chasse pour trouver le gibier convoité ? Combien d’enfants rêvent encore d’aller au matin de l’ouverture avec leurs pères et tontons à la chasse pour débusquer le lapin ou porter le déjeuner « pour libérer de la place pour le gibier dans la gibecière »  ?

Ce retour culturel montre à quel point la chasse du XXI ième siècle, avec un socle familial fort, est partie à vau l’eau. Mi-août, les familles sont en vacances avec souvent plus qu’un seul membre encore chasseur, ceux restés sur place ou revenus commencent à fatiguer s’ils sont exposés à la problématique des dégâts de sangliers avec la montée en appétence des maïs après les blés ou s’épuisent à affûter un potentiel C3 en plaine, si ce n’est un dernier brocard en fin de rut. Jusque dans les années soixantes du siècle dernier, mi-août, c’était l’excitation de l’ouverture du perdreau, les grandes descentes de centaines de canards sur les chaumes de blés à la tombée de la nuit et pour quelques spécialistes de passées de ramiers le matin. C’était l’occasion de faire travailler à nouveau ses chiens, excités au seul regard du maître préparer son fusil, mais qui aujourd’hui en détient encore ? Que nous reste-t-il ? La belle grise est en voie d’extinction, les chaumes de blés sont soit déjà labourés ou garnis de fumier, soit peu attractifs pour les belles bleues ou la caille, le canard d’Alsace né naturellement s’effondre tout comme la palombe, depuis notamment que partout les grands chênes martelés sont tombés sous les chaînes des tronçonneuses et que pratiquement plus personne ne piège ou ne peut piéger en forêt pour protéger les nids des fouines, martres et autres geais, en période de reproduction.

La fièvre de l’ouverture générale n’a plus grande signification chez nous depuis qu’à travers le sanglier proclamé ESOD, nous chassons pratiquement toute l’année. Seuls, ruts du chevreuil et brame du cervidé sont encore capables de nous amener vers la chasse vecteur d’adrénaline, d’ocytocine et autres composantes du bonheur. Le reste du temps nous subissons directives, réglementations, contrôles, devenons des auxiliaires soumis aux demandes des uns et des autres, du ragondin aux corvidés, aux exigences irréelles des plans de chasse, devons faire face avec le sourire aux incompréhensions et conflits avec les utilisateurs partisans de la nature « appartenant à tous », de quoi couper l’envie de « sortir ».

Il en va de même pour les chasses traditionnelles qui depuis 2021 et la Cour de Justice européenne vont vers l’interdiction, bafouant héritage culturel et patrimoine immatériel du sud-ouest de la France. Identité régionale et transmission intergénérationnelle ne sont plus des arguments acceptés par les tribunaux, l’heure est à l’écoute du bien être animal et du respect de la biodiversité.

Pour la chasse les temps commencent à devenir vraiment de plus en plus durs et ce n’est pas par hasard pour qui est observateur du milieu et de son environnement hostile. Pendant longtemps, s’en prendre à la chasse sonnait comme une mélopée avec des refrains repris en chœur par la scène des mouvements écologistes essentiellement et le monde des « rurbains » passés de la ville à la campagne avec l’imaginaire d’une nature angélique. En même temps, la chasse se sentait toujours encore en position de force jusqu’à fonder en 1989 le mouvement CNPT avec ses heures de gloire aux élections européennes et présidentielles entre 1999 et 2002. Depuis un lent déclin s’est amorcé, alors qu’en parallèle les mouvements anti-chasse nés eux aussi dans les années 80-90 ont de plus en plus occupé le champ médiatique pour prendre l’importance qu’on leur connaît dorénavant.

Aujourd’hui, les rapports sont conflictuels, version « œil pour œil, dent pour dent ». Il faut dire que la chasse n’a sans doute pas négocié au mieux l’émergence anti chasse toujours plus présente et virulente. Si on reprend un peu l’histoire de l’ASPAS par exemple, passer une balle à travers la fenêtre de la maison du couple fondateur dans la Drôme n’a pas été la meilleure idée pour engager le dialogue… Il n’en reste pas moins que la radicalisation des positions est dorénavant devenue une constante, toute occasion est devenue bonne pour noircir chasse et chasseurs, influencer opinion et décideurs, aidé grandement par le digital pour animer la scène. Cependant, pendant longtemps, cette opposition n’a pas empêché grandement la chasse de vivre et d’exister, sûre de son poids et de sa force. Blâmer, faire le buzz à la moindre occasion, attaquer en justice dès qu’une ouverture se présentait, espérer en une victoire électorale d’un parti politique frère opposé à la pérennité de la chasse, le camp des opposants a bien compris que la méthode du trublion ne suffirait pas à renverser la montagne à court terme. Occuper le terrain est une chose, travailler les têtes et les opinions une autre, mais le ticket gagnant n’était-il pas à chercher ailleurs ?

Aujourd’hui, si vous êtes observateur de la scène animée par l’ensemble des organismes actifs pour mettre la chasse à terre, vous sentez qu’une nouvelle stratégie à double détente a été mise collectivement en place : couper l’herbe sous les pieds des chasseurs, en obtenant des arrêts de la chasse d’un maximum d’espèces ou leur limitation et mettre en place par la voie parlementaire des changements de lois sur la base du droit animal. Désintéresser les chasseurs de la chasse, paraissait inimaginable, tant nous étions nombreux aux plus beaux jours, jusqu’à deux millions de permis actifs. Aujourd’hui, nos détracteurs parlent d’une communauté réduite à 800.000, soit pour eux, un lobby qui n’a plus sa force, de représentativité digne d’imposer sa façon de voir la gestion de la vie sauvage. Certes la pyramide des âges du chasseur y est pour quelque chose dans la chute vertigineuse et progressive des effectifs, mais n’explique pas tout. Encore une fois au siècle dernier jusque dans les années 70, on chassait pratiquement tout, du gibier consommable aux nuisibles devenus ESOD, de l’ortolan au blaireau. Prenez la liste aujourd’hui, regardez les modes de chasses traditionnels bannis, menacés comme la vénerie ou la chasse en palombières, ça fait et fera forcément du permis renouvelé en moins. Si demain et toutes les étoiles sont en passe de s’aligner dans ce sens, le sanglier et le chevreuil deviennent à leur tour « peau de chagrin », les augures estiment que 70 % des chasseurs cesseront d’exercer leur passion. Pas sûr que le monde de la chasse est bien conscient de cette stratégie de la terre brûlée, revisitée et recherchée par le monde organisé de l’anti-chasse. Pas certain que ceux qui étaient pendant longtemps nos alliés en forêts et plaines aient à l’esprit ce scenario du pire. Bien sûr, sauf à être naïf, du gibier sera, devra encore être tiré, mais plus chassé par les chasseurs. Les hypocrites parleront dans le futur de « tirs spéciaux », comme Poutine parle d’opération spéciale en Ukraine, mais comme dans le canton de Genève, la vision d’une nature avec des fusils qui se taisent à tout jamais restera une utopie. En France, comme ailleurs, les promesses n’engagent hélas que ceux qui y croient, pour l’instant la priorité du monde anti-chasse et des partis politiques qui les soutiennent est de bouter hors des territoires le chasseur sanguinaire au « loisir mortifère » et le plus vite.

Reste le deuxième étage de la fusée qui doit faire exploser la chasse, produire les textes juridiques qui rendront la chasse impossible. ONG, fondations, associations revendiquant l’arrêt de la chasse, estent en justice depuis les années 80 pour à la fois gagner en notoriété et remplir les caisses, grâce à des armadas de juristes dans les coulisses. Aujourd’hui, tout ce monde a compris que c’est sur la loi qu’il faut agir pour parvenir à l’abolition de la chasse. Cette tendance n’a évidemment pas échappé aux universités qui, comme la faculté de Toulouse depuis mars dernier et pour 2.800 euros propose une formation dans le domaine du droit de l’animal. Les bases juridiques existent, que ce soit la Déclaration Universelle des Droits de l'Animal, ou la Déclaration Européenne des Droits de l'Animal (DEDA), il faut juste maintenant travailler à l’extension du statut juridique de l’animal et notamment sauvage. Parvenir à une reconnaissance toujours plus forte du droit des animaux par des lois nationales et internationales demandera des juristes spécialisés et passera par des avocats spécialisés, formés, une véritable aubaine pour la profession saturée et les universités en recherche de débouchés pour leurs étudiants. Les dernières "claques", (retoquage de l’arrêt ESOD, illégalité de la chasse aux pantes et matoles et de la chasse à la glu), distribuées à la chasse par le Conseil d'Etat ne sont rien à côté de ce qui va arriver. Peut-être faudra-t-il se souvenir de ces épées de Damoclès qui pendent de plus en plus sur nos têtes de chasseurs, lors des échéances électorales qui ne manqueront sans doute pas de venir..."

 

Tag(s) : #Articles pour Infos'Chasse 67
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