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Les discours et la réalité, les valeurs et les hommes

Que ce soit en politique ou dans le monde de la chasse, ce qui est frappant c'est ce que François Bayrou nomme "la distance entre les mots et la réalité". A longueur de journées, la "communication" politique nous prend les cerveaux, à travers des communiqués, des discours, des interviews, voire maintenant des tweet, où chacun reprend ce qu'il a déjà cent fois répété, sans pour autant modifier une position. De plus en plus on a le sentiment que c'est le PAF, (Paysage Audiovisuel Français) qui dirige le pays, en tout cas les opinions, en faisant ou défaisant l'événement pour faire le "buzz" comme on dit maintenant.

A la longue, tous ces "gazouillis" permanents des uns et des autres, orchestrés par des spécialistes des médias en coulisses, finissent par devenir pesants, d'autant plus qu'avec le temps on a pu se rendre compte que finalement rien ne change. Regardez le débat sur la criminalité à Marseille. Combien de Ministres et Chefs d'Etat se sont rendus sur place avec des paroles et des promesses ? Pour autant, les tueries ou règlements de compte continuent, comme si l'Etat de droit n'existait pas ou plus. Les uns viennent avec des millions, les autres avec des effectifs de police ou du social, de la rénovation de quartiers ou des promesses sur l'emploi, mais les faits divers se multiplient toujours.

La réalité est relativement simple concernant le "bras d'honneur" au droit à Marseille, et tient en quelques interrogations. Iriez-vous travailler, si le "business" sous toutes ses formes délinquantes rapporte en un jour ce que le smicard gagne sur un mois ? Pour un gamin, qui pèse le plus comme modèle pour lui, le caïd qui lui donne "l'argent de poche" pour un schouf ou le modèle "républicain" de l'école ? "24h chrono", cela fonctionne dans les séries télé pour sauver le monde, pas dans la réalité pour rattraper des années perdues, pire l'absence de valeurs essentielles au fonctionnement en société libérale.

En permanence nos politiques nous parlent de valeurs, notamment républicaines, mais ces rhétoriques ne parlent, d'un côté, pas à tous les citoyens de notre pays, et de l'autre, il n'est pas sûr que tout le monde interprète de la même manière le sens du terme "valeurs sociétales" ou à quoi ça sert, au regard de la définition qu'on peut en donner.

"Elles sont tout simplement appelées à orienter l’action des individus dans une société, en fixant des buts, des idéaux. Elles constituent une morale qui donne aux individus les moyens de juger leurs actes et de se construire une éthique personnelle".

Schulz faisait dire à Snoopy, couché sur le toit de sa niche les bras croisés sous la nuque face au soleil, "décidément, nous n'avons pas les mêmes valeurs". Pas besoin d'en dire plus, pour comprendre que ce qui peut être incompréhensible comme attitude pour l'un ne l'est pas pour l'autre. Ainsi un adorateur du soleil et du farniente applaudira, le partisan du travail traitera notre Snoopy de gros fainéant. Les valeurs sont donc souvent à la base de nos comportements ou de nos jugements.

Truander, ôter la vie à quelqu'un, frapper, violer ne pose donc aucun problème à quelqu'un qui n'a pas dans son répertoire une valeur qui s'appelle le respect de l'autre ou de son prochain. Le code pénal,dans le même ordre d'idées, n'a pas de sens pour quelqu'un qui ne connaît le respect du bien d'autrui, de la vie ou de l'intégrité physique d'une personne.

S'entendre en société, c'est ce que le monde n'a su faire depuis qu'il s'est organisé. Pourquoi voulez-vous que cela change après une visite éclair d'un élu, tant que nos valeurs s'écartent et que les modèles de société sont contradictoires selon les courants de pensée des uns et des autres ? Même au sein d'un même groupe, soit en principe avec des valeurs communes, les oppositions sont permanentes, du moins fréquentes, cf les visions conflictuelles de Mme Taubira et de Mr Valls sur la répression, voire entre Le Président Hollande et son Ministre de l'Intérieur sur la question de l'immigration et le regroupement familial.

Dans notre monde de la chasse nous souffrons également de cette absence de modèle. Des textes et des discours, nous en avons. Nous avons même un rapport magnifique sur la "Chasse du XXIième siècle" par le Conseil Economique et Social (cf pj). Mais avons-nous pour autant un modèle pour la chasse durable du futur à mettre en œuvre dès aujourd'hui ? Du rififi à la Fédération Nationale des Chasseurs, un Schéma cynégétique local, un modèle axé sur le sanglier chez nous, ça on a. Mais au bout, quelles sont les valeurs que non seulement nous défendons ou prônons pour la chasse, mais que nous appliquons ?

La chasse de tir, de loisir, d'argent ou de business ne répond pas aux mêmes valeurs que la chasse qui s'appuie sur le bien être animal ou le droit de vieillir. Jusqu'à présent, chacun fait plutôt ce qu'il veut et beaucoup pensent que c'est plutôt le voisin qui est mauvais chasseur. Pour l'agriculteur et le forestier, un bon chasseur sera en 2015, celui qui tue pour empêcher les dégâts. Pour les Maires, un bon chasseur restera celui qui paye lourd et sans problème, pour le FIDS 67 celui qui acceptera ses "formules", pour la FDC67, celui qui fera du Cyné'tir et posera des fanons rouges pour délimiter les angles de tir aux battues, entre autres.

D'un autre côté notre milieu local de la chasse attend-il vraiment un modèle ou des lignes directrices communes, quand on sait que le type de modèle se limite plutôt à une formulation "les autres nous disent ce qu'on doit faire, nous on fait ce qu'on veut". Allez sur les forums de chasse et vous verrez combien il est difficile de s'entendre sur par exemple un modèle de gestion du sanglier. Nous ne sommes pas d'accord entre nous sur les raisons de l'explosion des dégâts, ni sur les moyens de résoudre les problèmes liés à la sur-population des suidés, et encore moins sur les mesures à prendre. Comment voulez-vous dès lors faire bouger ou avancer les choses en interne, dans l'action ? Comment voulez-vous faire appliquer des mesures, dès lors qu'elles vont contre ce que chacun pense être son intérêt ? Passer d'une gestion quantitative à une gestion qualitative du sanglier peut convaincre sur le papier et le discours, mais de là à la voir transposée dans la réalité est autre chose. Nous savons gérer la pénurie, par contre nous ne savons gérer l'abondance, peut être parce que nous ne le souhaitons pas, la générosité biologique du sanglier ayant amené à l'accoutumance à la chasse de tir en battue. Sortir de ce modèle restera difficile, tant que la responsabilité financière sera diluée sur tous. Le jour où les dégâts seront assumés par ceux qui en sont à l'origine, la directive fédérale "tirez-tirez" aura plus de chance d'être appliquée, libre à ceux qui veulent rester dans le sanglier ressource d'assumer le risque des dégâts. Cette alternative, on doit peut être aussi pouvoir la proposer ou l'accorder, sur le principe de la libre décision de chacun ou de la liberté individuelle.

Tag(s) : #Gestion du sanglier et des dégâts, #Billet d'humeur
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